Lundi 23 décembre 2024

Société

Professeur Ndayirukiye, géographe : « Un habitant du Burundi sur cinq vit dans les Mirwa »

18/03/2014 3

Les causes des inondations meurtrières dans la plaine le 9 février dernier sont nombreuses. Pour le Pr Sylvestre Ndayirukiye, la démographie en est une.

Le professeur Ndayirukiye ©Iwacu
Le professeur Sylvestre Ndayirukiye enseigne notamment à l’Université du Burundi ©Iwacu

Quelle est la part de l’homme dans les inondations de février dernier ?

La croissance démographique est un facteur important. Si on considère toute la façade ouest du Burundi depuis Cibitoke jusqu’ à Nyanza-Lac, on se rend vite compte que la population représente environ 20 % de la population totale du pays. Un habitant sur cinq habite cette région.

Il en a toujours été ainsi ?

Cette région n’a pas toujours été habitée. Elle était même sous peuplée avant les années 1950. Le processus de peuplement rapide a débuté avec le déplacement du centre de gravité du pouvoir, du centre du pays vers l’ouest, notamment avec la colonisation.

Comment se sont effectuées les migrations ?

D’abord autour des centres (Nyanza-Lac, Rumonge) à l’époque arabe et, autour de Bujumbura à l’époque coloniale. Ces migrations se sont renforcées avec la création des paysannats dans la plaine, les années cinquante. Parallèlement les Mirwa et l’Imbo, en raison de leurs terres fertiles, attiraient de plus en plus des migrants agricoles en provenance des plateaux. Ces migrations se sont poursuivies au cours de la période post coloniales et se sont doublées par l’exode rural pour Bujumbura.

Quelles sont les conséquences de cette pression sur ces terres ?

Les défrichements agricoles se sont intensifiés avec des méthodes agricoles inappropriées sur ces les pentes fortes. Le déboisement aurait progressivement dénudé les Mirwa, n’eût été la protection de certaines plantes comme le bananier, le manioc, le palmier etc.

Une pression démographique encore actuelle ?

Oui, aujourd’hui encore, la recherche de nouvelles terres conduit les agriculteurs à faire reculer la forêt naturelle sur la Crête. La forte extension urbaine de la capitale et les besoins de constructions modernes (routes, bâtiments, etc.) participent à l’aggravation de la vulnérabilité de cette région. D’autres facteurs y contribuent et augmentent le nombre potentiel de victimes : l’occupation des espaces à risques tels que les bords des rivières-torrents, les espaces inondables, les sols meubles soumis aux ravinements et aux glissements de terrain…
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Dans notre édition de la semaine prochaine, le Pr Ndayirukiye proposera quelques actions urgentes à mener pour éviter d’autres catastrophes.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Yvan

    Monsieur le Professeur, vous avez analyse la situation sur un seul angle seulement: La demographie. Je pense que vous devriez toucher aussi d’autres aspects pour permettre aux lecteurs de bien comprendre les causes. En effet, preonons l’exemple, si on agissait seulement sur la demographie, on peut etre sur que le probleme est resolu?

    • Nahimana

      impossible de détailler avec 3 000 caractères exigibles par le journal

  2. RUGAMBA RUTAGANZWA

    Le fort taux de natalité à la base d’une démographie galopante au Burundi est un facteur d’instabilité socio-politique grave. La situation devient de plus en plus ingérable non seulement sur le plan environnementale comme vient de le dire clairement le Professeur NDAYIRUKIYE mais aussi sur le des relations humaines étant donne que les familles s’entretuent et que la plus part des palabres qu’on observe un peu partout dans le pays sont en rapport avec des questions foncières.
    Au lieu de proposer de fausses solutions (CNTB par exemple) populistes à des fins électoralistes, qui ne résoudront en rien ce problème grave de manque de terres, je pense qu’il est temps, grand temps qu’on commence à proposer des solutions à long terme qui permettront de fléchir le taux de natalité au Burundi. Nos politiciens ont traine les pieds depuis des années mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

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