Grâce à la volonté inébranlable de Léonce Ngabo, un cinéma burundais est en train de prendre son envol. Avec une équipe des plus dynamiques, notre artiste national ((Léonce Ngabo est le premier réalisateur Burundais avec son film Gito, l’Ingrat. C’est aussi un musicien de renom qui a consacré un le rythme Mve Mve dans le grand répertoire des rythmes africains. Par sa chanson consacrée à la beauté de son pays le Burundi, il fut le lauréat de la Pirogue d’Or de la Chanson édition 1973. )) en est, cette année, à sa sixième édition du Festicab (Festival International du Cinéma et de l’Audiovisuel du Burundi) !
Avec deux réalisateurs en compétition internationale de longs métrages ((Roland Rugero avec Amaguru n’Amaboko. Ce jeune réalisateur bourré de talents a déjà publié deux romans dont le dernier, Baho !, a eu un franc succès et a été traduit en Italien. Jean-Marie Ndihokubwayo a collaboré avec le Franco-Allemand Pascal Capitolin – déjà fort connu dans le monde du cinéma – pour réaliser le film I Mashoka)) , un autre ((Joseph Bitamba qui a réalisé un documentaire dont le titre est Tambours Sacrés vit au Canada et a déjà acquis une renommée internationale incontestable dans ce genre cinématographique.)) pour les courts métrages, deux dans les films d’animation, neuf en compétition nationale de fiction, six dans les documentaires, quatre en compétition Est africaine en longs métrages de fiction, un en courts métrage et deux enfin courts métrage le cinéma burundais décolle littéralement.
Grâce aux innovations technologiques dans l’audio visuel et surtout depuis l’invention du numérique le budget nécessaire à la réalisation d’un film a chuté considérablement. Aujourd’hui, le défi pour atteindre le succès est dans la qualité que l’on investit dans le style, l’image, le son et surtout le scénario. Un travail original et minutieux est toujours reconnu du public. L’année dernière le film The Artiste (2011) de Michel Hazanavicius à fait une grande moisson d’Oscar face à des films à budget mirobolant. En Italie et au Canada, des films comme La Strada (1954) de Federico Fellini ou Una Giornata particolare (1977) d’Ettore Scola ont connu un succès mondial sans avoir coûté une fortune.
Chez nous aussi, si nos jeunes réalisateurs parviennent à créer des œuvres originales sans verser dans la banalité, notre cinéma national va rejoindre les nations africaines les plus prolixes en la matière. Il est heureux que la naissance du septième Art chez nous soit accompagnée aussi bien par les pouvoirs publics que par le secteur privé et la coopération internationale. Cela lui donne tout de suite une dimension continentale et internationale et lui ôte de facto toute tendance à se confiner à un nombrilisme national de mauvais aloi.
Mais n’oublions jamais que le cinéma est une industrie ; il s’agit donc d’une entreprise commerciale autant qu’elle se veut artistique. C’est ainsi que les problèmes de distribution et de droits d’auteur restent des défis à surmonter pour le cinéma africain. Mais il n’y a pas de quoi désespérer ; l’Inde, qui est encore un état émergeant est le pays qui a le plus grand marché cinématographique du monde. Le Nigéria connaît un essor de l’industrie cinématographique extraordinaire ces dernières années. Le tout est de parvenir à trouver un juste équilibre entre les intérêts commerciaux et les exigences artistiques et intellectuelles. En effet, le plus grand danger qui guette le cinéma, c’est la dépravation morale et la médiocrité de la créativité. Le grand cinéaste Sénégalais, Sembène Ousmane (1923 – 2007), a dit ceci : « Ce ne sont pas ceux qui sont pris par force, enchaînés et vendus comme esclaves qui sont les vrais esclaves, ce sont ceux qui acceptent moralement et physiquement de l’être. »