Le vol dans les champs de patates douces, de pommes terres, de choux, de maniocs, etc. est la cause du climat malsain qui s’installe, de plus en plus, entre les cultivateurs du marais de Kibandahori et les Batwa de la colline Murama.
<doc5228|left>Ce marais est à cheval entre les collines Murama et Gatwe, en commune Nyabihanga. Ceux qui l’exploitent sont fâchés contre leur voisins batwa : « La situation devient de plus en plus compliquée. Pendant le labour, ils sont là, à ne rien faire. Enfants, femmes et hommes nous assistent. Mais, quand la moisson arrive, ils sont les premiers à venir récolter ce qu’ils n’ont pas semé », s’insurge Anastasie Nzigonimbi, une veuve octogénaire.
Elle ajoute que son champ de patates douces a été ravagé en pleine journée, par ces batwa. « Soutenues par leurs maris qui se tenaient à quelques mètres, des femmes batwa ont ravagé mon champ sous mes yeux. Incapables de me défendre, j’ai du rebrousser chemin alors que je venais récolter des choux pour la soirée », se lamente-t-elle.
Cela est confirmé par M.Z, un chef de famille de la colline Gatwe. Il est presque sure que ce sont ces batwa qui, pendant la nuit, coupent et déracinent les bananiers, les maïs, les maniocs et d’autres plantations.
Mme Constance Baruserure, chef de colline Murama, confirme les faits. Elle précise que ces cas de vols nocturnes ou diurnes sont déjà signalés à la hiérarchie. Cependant, elle fait remarquer que comment ces batwa sont extrêmement pauvres. Quand ils sont attrapés en train de voler, explique-t-elle, ils sont relâchés après quelques jours d’emprisonnement. Car, précise-t-elle, ils sont incapables de payer l’amende.
Pour elle, la solution serait de mener une sensibilisation auprès de ces batwa pour qu’ils apprennent à cultiver et à travailler comme les autres.
Isaac Ciza, administrateur de la commune Nyabihanga, demande à la population de surveiller leurs champs. Une fois le bandit attrapé, il recommande de ne pas se faire justice mais d’alerter l’administration. Mais lui aussi reconnait que ces batwa sont pauvres et devraient avoir des espaces cultivables suffisants dans les marais.
Ils ne réfutent pas ces accusations
Ces batwa ne sont pas contre ces accusations et se justifier. Emmanuel, un des chefs de cette communauté, avance la pauvreté comme cause du banditisme. Comme solution, il propose de trouver des parcelles aux batwa. Tout en indiquant que les batwa de cette communauté ne sont pas tous impliqués dans ces cas de vols dans les champs, il ne doute pas d’une éventuelle collaboration de ces voleurs avec d’autres populations hutus ou tutsis.
Cette communauté batwa se trouve sur la colline Murama et comprend plus d’une soixantaine de gens. Elle est formée de batwa venus des collines Miterama, Gatwe et Murama. Plutôt que d’exploiter les parcelles que l’administration leur avait données, ils ont préféré continuer leur poterie qui, visiblement, perd de plus en plus de sa pérennité à cause de l’existence des ustensiles modernes de cuisine. Des sources sur place indiquent que ces batwa collaboreraient avec ceux de la colline Gihinga, très redoutés pour leur banditisme. Ces derniers rejettent en bloc ces accusations et ne veulent pas s’exprimer sur ce sujet.
Pourtant, d’autres communautés batwa, installées sur les collines Kirambi et Nyamavomo entretiennent de bonnes relations avec les populations environnantes.