Plusieurs familles des collines Muyinga et Mukoni de la commune et province Muyinga ne dorment plus dans leurs maisons. Ils vivent la peur au ventre, suite à un ravin d’environ 10m qui ne cesse de s’élargir.
« Je ne sais plus quoi faire. Ici, je suis dans la troisième maison. Les deux autres ont été emportées par ce ravin », se lamente André Nkubirayagenda, 62 ans, colline Mukoni, sous-colline Rutarabana. Sidéré, ce père de dix enfants fait état d’une douzaine de ménages menacés. Cinq dont ses deux maisons se sont déjà écroulées.
Rencontré à moins de 5 m de ce ravin, en train d’installer une nouvelle maison en bois, il signale que ce précipice ne date pas d’aujourd’hui. « Il a commencé en 1988 après l’asphaltage de la route. » Selon lui, c’est là qu’on extrayait les carrières utilisées sous la période coloniale pour le bitumage des routes. Pour protéger la route goudronnée traversant Muyinga, un caniveau d’évacuation d’eau y a été orienté. «Petit à petit, des sédiments, des alluvions emportés par l’eau s’y sont accumulés. Des éboulements ont commencé ».
La première maison de M. Nkubirayagenda s’est effondrée en 1995. « Elle était de 6 m sur 8 m et couverte de tôles. Le coût des tôles était évalué à 160.000BIF à sa construction avant 1993 ».
A cause de ce ravin menaçant, cet homme et ses dix enfants ont cherché refuge. « Mais, par après, j’ai constaté que la situation devenait de plus en plus insupportable pour la famille d’accueil », raconte ce barbu au teint foncé. Il s’est donc résolu à regagner sa propriété. Grâce à l’aide de bienfaiteurs, il s’est construit une maisonnette qui ne tiendra pas longtemps. Aujourd’hui, il en est à sa troisième maison. Pour prévenir le pire, ses enfants ont déjà vidé les lieux et se sont réfugiés chez des amis.
Des travaux d’urgence, une nécessité
Sur la colline Muyinga, Canesius, 55 ans, indique que sa maison s’est également effondrée. Son épouse et ses enfants ont fui vers sa belle-famille. Et d’avertir que si rien n’est fait dans l’urgence, la catastrophe est imminente. Plusieurs ménages étant installés de part et d’autre de ce ravin. Les infrastructures publiques sont aussi visées. M. Nkubirayagenda cite la route goudronnée. « Pour éviter la catastrophe, nous demandons à l’Etat de tout faire pour nous délocaliser et réaménager ce ravin ». Il déplore qu’aucune action n’ait été entreprise alors que toutes les autorités provinciales et communales sont au courant de la situation.
L’administration est aussi terrifiée. « Ce ravin nous fait tellement peur », confie Philippe Nkeramihigo, administrateur de la commune Muyinga. Ce dernier fait savoir que la délocalisation des ménages menacés est en vue : « Une terre vacante est déjà disponible à Mukoni, non loin de la ville. Il reste à nous procurer les documents des services chargés du foncier.»
Cet administratif révèle qu’il est en train de plaider pour une assistance matérielle et financière des victimes. Et d’annoncer qu’un projet de plantation de bambous est prévu pour la prochaine saison pluvieuse. Cela nous permettra, explique-t-il, de faire face au courant d’eau et de protéger nos marais et notre route goudronnée.