A Muyinga, des mines d’or sont exploitées anarchiquement, au mépris total de l’environnement.
Colline Cibari, à 3 Km non loin du chef-lieu de la province de Muyinga, sur la RN6 menant à la douane de Kobero. A moins de 5m de la route, des mineurs exploitent des terrains appartenant à des particuliers sur une colline presque nue. Des trous allant jusqu’à 5m de profondeur s’observent de part et d’autre de la RN6. Le travail se fait à la chaîne. Les uns extraient des minerais ; d’autres puisent de l’eau et lavent les cailloux en quête d’or, la pierre précieuse qui rapporte énormément à la population de Muyinga.
Chadrack Kaze, un « laveur» trouvé sur les lieux raconte ses débuts dans le métier : « J’étais en 5ème année primaire. J’ai abandonné l’école par manque de moyens. Je suis sur que je vais rentrer avec 2000frs aujourd’hui. » Néanmoins, il affirme que c’est un travail à risque :quatre personnes ont trouvé la mort ; six autres ont été blessées dès le début de cette année à Gatovu, une autre colline où se fait cette exploitation illicite.
Une menace sur l’environnement
Les exploitants sont des particuliers qui affirment avoir acheté les mines avant l’année 2005. D’après Herson Ntirandekura, inspecteur provincial des forêts à Muyinga, cette exploitation ne devrait en aucun cas porter atteinte à l’environnement ou créer des phénomènes d’érosion. Les lieux affectés, continue-t-il , devraient être réaménagés pour protéger l’environnement. « Pour ce faire, les exploitants doivent payer une caution pour garantir la bonne exécution des travaux prévus pour le réaménagement de l’endroit », explique l’inspecteur des forêts. Selon lui, ces conditions ne sont pas du tout respectées par ces mineurs qui n’ont aucun titre d’exploitation octroyé par le ministère de l’Energie et Mines ou celui de l’environnement pour légaliser leurs activités.
Les conséquences sont fâcheuses. Les habitants des environs craignent que leurs maisons ne s’écroulent. Et la route aussi n’est pas épargnée non plus.
Absence de la police de l’environnement
D’après le commissaire provincial de la police de protection civile, la police de l’environnement est quasi inexistante dans la province de Muyinga. Or, dit-il, cette police qui devrait veiller sur l’environnement.
Selon Amédé Misago, conseiller de l’administrateur chargé du développement en province de Muyinga, ces exploitants ne payent même pas les taxes communales :« Ils fuient leurs localités chaque fois qu’ils sont recherchés par la police. Toutefois, il salue les bonnes initiatives d’une association locale dénommée « Tubiri tuvurana ubupfu »(« A deux on est complémentaires ») qui s’investit dans la protection de l’environnement. « Elle a déjà préparé une pépinière de 35.000 plants d’eucalyptus pour reboiser dans les jours à venir la colline Cibari », se réjouit-il.