Regain de fraude, des administratifs pointés du doigt pour complicité, l’autorité provinciale met en garde.
Poste frontière de Kobero à Muyinga. Un grand mouvement de personnes et de véhicules se fait remarquerces six derniers mois. Pour cause, les relations avec le Rwanda qui ne sont pas au beau fixe. Beaucoup de camions de transport des marchandises empruntent le corridor de Kobero, y compris ceux en provenance de Mombasa au Kenya.
Cet intense trafic cache cependant un autre phénomène : la fraude qui était en net recul, regagne encore du terrain. Selon Manariyo, commerçant de Kobero, la fraude a repris : « Certaines marchandises passent par la douane sans pouvoir payer. Il yen a aussi qui entrent par d’autres voies illicites».
Bagona, une autre personne rencontrée au chef-lieu de la commune de Giteranyi est du même avis : « Le phénomène de fraude avec la Tanzanie et le Rwanda se fait encore remarquer surtout à Rumandari frontalier avec Kabanga de la Tanzanie. »D’après lui, il est quasi-impossible de contrôler cette frontière, la démarcation entre les familles burundaises et tanzaniennes n’étant pas nette. Les Burundais et les Tanzaniens ont noué des relations de sang.
D’autres commerçants constatent que ceux qui vendent des articles fraudés les écoulent à moins cher par rapport à ceux qui ont dédouané. Ce qui fait que leurs stocks restent pleins ou pourrissent même. Ils sollicitent l’intervention des pouvoirs publics pour décourager définitivement cette pratique.
L’administration à la base pointée du doigt
Les administrateurs communaux ont unanimement reconnu que le phénomène de fraude reprend de l’ampleur. C’était lors de la réunion avec le gouverneur de la province, Aline Manirabarusha .Selon madame Manirabarusha, la fraude prive à l’Etat les impôts et les taxes et freine le développement du pays.
Le gouverneur de la province de Muyinga, qui soupçonne la complicité des administratifs à la base et les élus locaux, parle de tolérance zéro envers les fraudeurs. Mme Aline Manirabarusha a, à cette fin, lancé une mise en garde contre les chefs de zones et les chefs de collines complices. Ce rappel à l’ordre a été lancé au cours d’une réunion qu’elle tenait sur la colline Murama en commune de Muyinga, une localité qui laisse passer beaucoup de marchandises fraudées. Elle se veut très sévère et se fixe des délais en vue de l’éradication du phénomène. « Si dans un délai de deux semaines, les fraudeurs et les fabricants des boissons prohibées n’ont pas été systématiquement découragés, nous serons obligés de frapper fort dans les rangs des administratifs à la base. »