Une année après la création du Marché Commun de l’EAC, les commerçants de la province de Muyinga dédouanent toujours leurs marchandises à Kayanza et se demandent pourquoi le dédouanement ne se fait pas au poste de Kobero. Les responsables de l’Office Burundais des Recettes expliquent que l’informatisation de leurs installations n’est pas encore effective. <doc1824|left>«Nous devrions être les premiers à jouir des bienfaits de l’East African Community comme nous sommes non loin de la frontière entre le Burundi et la Tanzanie », regrettent avec amertume les commerçants de la province de Muyinga. Il y a une année, ils dédouanent leurs marchandises au-delà de la douane de Kobero, la première au niveau des recettes douanières. Ils doivent se déplacer jusqu’ à Kayanza, Gitega où Bujumbura où ils passent beaucoup de jours avant d’être servis, avec les frais de séjour dans ces provinces. Le prix de revient devient exorbitant surtout pour les produits de première nécessité comme le riz, le haricot, et le manioc, une fois que les marchandises sont ramenées à Muyinga. La seule raison qu’avance l’Office Burundais des Recettes(OBR) est le système d’informatisation qui reste encore précaire à ce poste de Kobero ainsi que le problème de pesage. Car le pont bascule qui s’y trouve est tombé en panne depuis un certain temps. Un léger mieux pour les vivres Le 25 octobre 2011, l’OBR a annoncé que seuls les vivres comme le riz et le manioc seront désormais dédouanés à Kobero, mais là aussi en quantité limitée. La décision est louable pour les commerçants de Muyinga, mais ils se demandent quand ils entreront effectivement dans le monde des affaires de l’EAC comme les autres de la sous-région. « Je suis importateur de ciment. Si je continue de dédouaner à Kayanza ou Bujumbura, mon produit devient cher arrivé à Muyinga avec un prix de revient ajouté et les clients n’en achètent plus. Je préfère abandonner», indique Juma Bizimungu, un commerçant rencontré au marché de Muyinga. Une femme d’affaires qui fait la navette entre Muyinga et Mwanza, en Tanzanie, s’indigne aussi. « Grâce au commerce de pagnes importées, je parvenais à subvenir aux besoins de ma famille. Et voilà que nous sommes bloqués aujourd’hui par l’OBR », s’insurge Mwavita Abdallah qui a abandonné aussi son commerce parce qu’elle ne gagne rien après avoir dédouané ses marchandises à Kayanza et pour revenir les vendre à Muyinga. La fraude prend de l’ampleur A la brigade anti-corruption à Muyinga, on indique que le problème de non-informatisation du poste de Kobero a été soumis maintes fois aux hautes autorités du pays. Certains commerçants optent pour la fraude pour pouvoir entrer avec leurs marchandises et les vendre à un prix abordable et ainsi gagner des clients. Certaines voies perméables à ces commerçants sont Murama et Ryabihira, dans la commune de Muyinga, et Rumandari, à Giteranyi. La brigade anticorruption précise qu’elle fait entrer plus de 15 millions de Fbu chaque mois pour des amendes infligées aux fraudeurs appréhendés. Et les commerçants et la brigade anti-corruption à Muyinga demandent aux décideurs de trouver une solution pour ce poste de douane si important pour le pays.