Les jeunes non scolarisés de la colline Gatovu en commune et province Muyinga passent leur temps dans les gisements d’or. Malgré la carence de l’or, ils disent préférer rester et endurer la peine faute d’autres occupations.
Au fond de la campagne, loin du chef-lieu de la province, une ruelle mène à la vallée de Gatovu. A chaque pas, on croise des trous très rapprochés les uns des autres. Très profonds. A les voir, ils ont été abandonnés. Non bouchés.
Plus en avant, on trouve une terre neuve. Des gens creusent avec habileté, d’autres déversent de l’eau sur la boue tirée du trou, les yeux grandement ouverts pour voir s’il y aurait de l’or. « Durant trois mois, nous avons creusé ce grand trou croyant trouver quelque chose au fond, mais voilà que la terre s’est écroulée et a bouché le trou. Cela signifie que les autres avaient déjà creusé au même endroit », explique un chef du groupe trouvé sur terrain.
A cinq cents mètres, des gens en culottes et en sous-vêtements, chaussures et lampes torche à la main. Ils disent qu’ils ont peur de la police, car n’ayant pas le permis d’exploitation. « Nous travaillons en cachette. Nous ne sommes pas en mesure de payer l’argent requis pour la permission ».
Deux, trois ou quatre se partagent un trou. Ils creusent plus de vingt mètres de profondeur, jusqu’à atteindre une couche de sable. Ils disent que l’or est souvent trouvé dans le sable, en bas. La boue est remontée, dans un sac, à l’aide d’une corde, pour être arrosée. Le travail est dur et fatiguant. Malheureusement, le fruit du labeur n’est pas proportionnel à l’effort fourni. « Il nous arrive de passer une ou deux semaines sans rien trouver. Quand la chance nous sourit, on peut avoir dix mille francs en une semaine.»
A la question de savoir pourquoi ils s’adonnent toujours à un travail dur mais moins rémunérateur, ils répondent qu’ils n’ont pas d’autres occupations : « Aucun parmi nous n’a fréquenté l’école ou a une autre activité à faire ».
Le plus âgé parmi eux confie qu’avec la surpopulation, les terres cultivables sont exiguës. « Ne pouvant plus vivre de ces dernières, la jeunesse préfère tuer le temps dans les mines ». D’après une femme trouvée sur les lieux, beaucoup ont vendu leur propriété. Ils n’ont pas où cultiver. « Ils n’ont plus d’autres choix que d’endurer la peine d’extraction de l’or ».
En conséquence, ils déplorent les risques qui les guettent : « Souvent les grands risques auxquels on est exposé sont l’éboulement de la terre, manque d’oxygène et le fait de se heurter sur des pierres », regrette l’un d’eux.
Ces orpailleurs clandestins demandent au gouvernement de leur trouver d’autres occupations afin d’user de leur force utilement au lieu de s’user vainement.