L’on en dénombre actuellement plus de huit dans la commune de Butihinda. Ils encaissent et ne paient rien comme taxes à la commune. Pourtant, ces associations sont reconnues par le ministère de l’Energie et mines.
<doc2726|left>Partout dans les montagnes de la commune Butihinda, des espaces non cultivables ou même cultivables ont donné lieu à des trous très profonds. Ces derniers ont été pratiqués par des orpailleurs. Mais le travail n’est plus individuel comme ces dernières années. Ils sont désormais regroupés dans différentes associations : « Nous formons un groupe de personnes, nous mettons les moyens ensemble pour la location d’un terrain à exploite. Nous sollicitons ensuite l’agrément auprès du ministère de l’Energie et des mines », indique Issa Nkunzumuvunyi, représentant légal de Kazoza Keza, l’une de ces associations de creuseurs. Selon lui, il suffit de présenter au ministère de l’Energie et des Mines, une attestation de « vacance de terrain », délivrée par la commune, payer un montant de 5000 dollars américains pour obtenir l’agrément: « L’attestation est une preuve que le terrain à exploiter existe et qu’il ne présente pas de litiges. »
A propos des conditions exigées pour faire partie d’une association, M.Nkunzumuvunyi est très peu bavard : « c’est secret.» Mais d’après une source proches des creuseurs, pour devenir membre de pareilles associations il faut avoir un montant de plus de 10 millions de francs burundais pour les hauts responsables de l’association et une somme oscillant entre 200.000Fbu et 300.000Fbu pour les simples orpailleurs : « La plupart des membres influents sont des personnalités très en vue au sein du pouvoir», affirme-t-elle, sans toutefois vouloir citer leurs noms. Elle indique, néanmoins que l’association Kazoza Keza est celle qui comporte le plus de dignitaires.
D’après la même source, la moyenne des recettes annuelles pour chaque association peut dépasser un milliard de francs : « Le gain d’un membre d’une association d’orpailleurs peut atteindre les 10 millions de Fbu tous les trois jours. L’effectif de chaque association étant compris entre 50 et 100 personnes ».
<doc2728|right>Un travail à tâtons
Comme le souligne certains leaders de ces associations, même s’ils achètent des terrains d’exploitation, ils ne sont pas certains d’y trouver de l’or : « Nous tentons d’acheter des terrains où nous soupçonnons de l’or. Ce sont des terrains qui ont été soit exploités il y a longtemps soit dont on entendu qu’ils présentent des signes de la présence de l’or », explique le représentant légal de Kazoza Keza. Selon lui, il arrive que l’on creuse sur un terrain pour ne rien y trouver. « Dans le commerce, c’est normal que l’on puisse travailler à perte», explique-t-il en affirmant que ce n’est pas tous les jours dimanche. « Nous pouvons passer trois mois en creusant sans rien trouver. »
Rien comme recettes communales
Les représentants de ces associations de creuseurs affirment qu’ils ne payent rien à la commune. Même son de cloche chez les autorités administratives. « La commune ne perçoit aucune taxe. Nous pensons qu’il n y a pas de loi qui autorise la commune à percevoir pareille taxe », indique Nduwimana, Conseiller technique de l’Administrateur de Butihinda en charge du développement tout en soulignant l’importance de ces associations dans certains travaux de développement communal. « La commune peut leur demander une contribution quand elle a besoin de construire un centre de santé, par exemple. Mais il n’y a pas de mesures contraignantes, elles peuvent accepter ou refuser »
Vers la lutte contre l’exploitation illégale des minerais
Même si la commune n’en perçoit pas de recettes, les associations d’orpailleurs de Butihinda s’inscrivent dans la politique du ministère de l’Energie et des mines de lutte contre l’exploitation illégale des minerais et des ressources minérales en général : « Les associations de creuseurs paient 5000 dollars américains par an chacune, des taxes à l’Office burundais des recettes(OBR). C’est vous dire combien elles sont d’une grande importance pour le trésor public », précise Evélio Mushimantwari, directeur général de la Géologie et Mines au ministère de l’Energie et des mines. Il affirme que son ministère est conscient du problème de sites non encore évalués : « Nous avons entrepris des programmes de recherche minière. Des experts sont en train de faire des recherches dans les communes de Marangara( province de Ngozi), Gitobe(province de Kirundo, etc. Nous pensons pouvoir résoudre le problème de ceux qui travaillent à perte. »
<img2729|left>A propos des membres de l’administration soupçonnés d’être des membres influents de ces associations de Butihinda, M.Mushimantwari est catégorique: « Les autorités administratives n’ont pas le droit d’exploiter les minerais. Par contre, ils doivent veiller à la bonne marche des actions de ces associations. Les membres de ces associations sont en grande partie des natifs de la commune qui sont engagés dans la lutte contre la faim.»
– Evélio Mushimantwari, Directeur générale de Géologie et des Mines
– Des orpailleurs de Butihinda autour d’un profond trou creusé lors de la recherche de l’or