Des enseignants de la commune Buhinyuza se plaignent d’avoir été contraints à verser 2000 Fbu pour la construction de la permanence du Cndd-Fdd en province Karuzi. L’inspecteur communal de l’enseignement de base dans cette commune dément.
<doc4635|left>P.M., un enseignant du lycée communal de Muramba, en commune Buhinyuza, à une quarantaine de kilomètres du chef-lieu de la province Muyinga, n’en revient toujours pas : « Comment est-ce que des gens payés par le gouvernement peuvent exiger de tout le personnel enseignant, une chose pareille ? » Selon lui, cette décision est tout simplement injuste, car tous les enseignants ne sont pas membres du Cndd-Fdd.
Selon ce père de quatre enfants, l’affaire remonte à fin mai 2012. Une délégation composée des directeurs communaux de l’enseignement de base et du secondaire réunit le corps enseignant tant du primaire que du secondaire de la colline Muramba. Un seul mot est à l’ordre du jour : la contribution pour la construction de la permanence du Cndd-Fdd à Karuzi : « Nous avons été stupéfaits d’entendre que nous devons verser 2000 Fbu. » Les directeurs, quant à eux, ils doivent verser 5000 Fbu. Murmure dans la salle.
La tension monte d’un cran. Les membres de cette délégation leur explique que c’est un ordre venu d’en haut. Mais certains enseignants protestent, expliquant qu’ils viennent de verser 4000 Fbu en l’espace de deux semaines pour la construction du stade de Muyinga et de celui de Buhinyuza. Les menaces fusent. « Un membre de la délégation va jusqu’à proposer qu’on note les numéros de matricule de ceux qui refusent de donner les deux mille Fbu, pour un éventuel blocage du salaire », se souvient D.N., un instituteur à l’école primaire de Muramba.
« Ce ne sont que des rumeurs… »
Faux, rétorque Méthode Ndayisenga, inspecteur communal de l’enseignement de base public et privé en commune Buhinyuza. D’après lui, ceux qui disent qu’ils ont été contraints de payer les deux mille francs Bu sont que des menteurs. « Personne n’a exigé une tel versement. C’était une contribution volontaire. Certains n’ont pas donné cette somme, et ils ne sont pas inquiétés pour autant.»
Même son de cloche chez Pétronie Sindabahaga, gouverneur de Muyinga. « Si une telle chose s’était produite, elle aurait été mise au courant », assure-t-elle. Toutefois, elle demande à ces enseignants de l’informer s’ils sont contraints de donner de l’argent en dehors du cadre des travaux de développement. « Nous avons seulement demandé une aide à la population pour la construction du stade de Muyinga », affirme-t-elle. Iwacu a contacté Pascal Nyabenda, le président du Cndd-Fdd, pour qu’il s’exprime en vain.
Deux mois après la fameuse réunion, certains enseignants, ont fini par verser la somme de deux mille francs Bu de peur de subir les foudres de leurs supérieurs. Mais, d’autres comme P.M. refusent toujours. Par ailleurs, d’après lui, il est étrange que des enseignants payent pour la construction d’une permanence d’un parti dans une autre province. « A quand la construction d’une permanence de cette valeur dans notre commune », lance-t-il avec ironie.<doc4635|left>
