Entre les jeunes militants du parti au pouvoir et ceux de l’opposition, la cohabitation n’est pas toujours sereine. Une organisation, le MIPAREC, tente de rapprocher ces jeunes et engrange quelques succès. Iwacu est allé à la rencontre de ces jeunes.
Commune Buhinyuza, il est presque midi. Le soleil est enveloppé par des nuages. Des gens font la navette dans différents bureaux de la commune. Apparemment, ils sont bien reçus.
Un autre groupe est réuni dans une salle. Peut-être que c’est un atelier qui se tient là. De son bureau, le conseiller social expédie les affaires. Un secrétaire est occupé à dactylographier des textes. C’est lui qui introduit les visiteurs.
Interrogé, le jeune administratif brosse volontiers l’état des lieux dans la commune, notamment la cohabitation des jeunes affiliés aux différents partis politiques. « Tout va bien », dit-il, sans hésitation.
Il nous donne les contacts des leaders des partis actifs dans la commune : CNDD-FDD, UPRONA, Coalition Amizero. Selon lui, ce sont les seuls partis visibles sur terrain.
Non loin du bureau communal, près du monument de l’indépendance, une femme, debout, un enfant sur le dos. Elle se rend au dispensaire pour le vaccin de son enfant.
Après une courte conversation à la « burundaise », elle explique le climat qui règne parmi les jeunes de différentes tendances politiques. « C’est comme si nous vivons dans le monopartisme ». D’après elle, les autres partis sont quasiment inexistants. « Uprona et les FNL ne sont timidement visibles que lors des élections ».
Sur la colline Nyarunazi, une infirmière du centre de santé, la cinquantaine bien sonnée, est en train de vacciner contre la polio. Pour elle, les relations entre les jeunes militants des partis sont bonnes. Elle ne voit pas de réunions de l’Uprona, « sauf quand les hauts cadres du parti viennent ici. Mais c’est rare. Les jeunes de l’Uprona ne sont pas visibles sur le terrain. »
Nos jeunes vivent dans la peur
Gaspard Ribakare, vice-secrétaire du parti Uprona n’est pas du même avis. Il dit que les jeunes de son parti vivent dans la peur. D’après lui, ils ne peuvent pas se réunir sans ennui à cause des jeunes du parti au pouvoir. « Ils sont souvent critiqués d’appartenir à un parti démodé et sans avenir. Ainsi, par peur, ils préfèrent se cacher. »
Ribakare rappelle un acte de violence perpétré à l’encontre d’un membre du parti Uprona, il y a quelques jours : « Il passait à côté des membres du CNDD-FDD effectuant des travaux communautaires à leur permanence et il a été brutalisé. Ils voulaient l’obliger de travailler avec eux. Il a refusé et sa houe a été confisquée. C’est grâce à l’intervention des responsables communaux que la houe lui a été restituée. » Il s’indigne qu’ils veulent obliger tout le monde à rejoindre le CNDD-FDD.
Ce responsable de l’Uprona pense que seuls les cadres de son parti pourraient rassurer les jeunes militants en organisant régulièrement des descentes sur des collines. « Quand le secrétaire général du parti est venu à Nyarunazi, nous étions rassurés. Même les partisans des autres partis nous ont respectés. »
Colline Muramba, il est à peu près 14 heures. La pluie vient de tomber. La route est glissante. On a rendez-vous avec les responsables d’Amizero y’Abarundi et de l’UPD Zigamibanga. Malheureusement, le secrétaire communal du CNDD-FDD nous intime l’ordre de quitter les lieux. Motif : nous n’avons pas « une lettre de reconnaissance de l’administrateur. » Il profère des menaces, parle même d’arrestation. On décide d’en rester là. Et pourtant, lors de notre entretien à la colline Nyarunazi, il avait donné son appréciation positive du climat régnant entre les jeunes dans leur diversité politique.
Interrogé par téléphone, le représentant de la coalition Amizero y’Abarundi, Gervais Ndikumana, nous dira qu’ils ne peuvent pas organiser une rencontre soi-disant qu’ils n’ont pas de parti reconnu légalement.
Mais il reconnaît l’accalmie qui prévaut par rapport à la période électorale. « Ils lancent des mots de provocation envers nos militants, mais nous leur recommandons de ne pas céder à la colère ». Il suggère de multiplier des sessions de formation pour enseigner les jeunes à cohabiter en harmonie.