Dimanche 22 décembre 2024

Environnement

Mutimbuzi :Plus de 27 mille déplacés en détresse

24/04/2020 Commentaires fermés sur Mutimbuzi :Plus de 27 mille déplacés en détresse
Mutimbuzi :Plus de 27 mille déplacés en détresse
Vue partielle des inondations de Gatumba.

Suite au débordement de la rivière Rusizi, cinq quartiers de la zone Gatumba, commune Mutimbuzi, province Bujumbura sont inondés. 27.972 personnes se retrouvent sans-abris, dont 22 122 enfants. Le gouvernement appelle à la solidarité nationale.

Gatumba, c’est la désolation. A l’entrée de cette zone frontalière avec la RDC, sur le pont de la Rusizi, la situation est catastrophique. Les eaux de la rivière Rusizi ont envahi des maisons, des champs, etc. Beaucoup de maisons inondées, partiellement ou totalement effondrées. Des milliers d’enfants, d’hommes, des femmes dorment à la belle étoile, depuis lundi 20 avril, sur la route Bujumbura-Gatumba.

« C’était dans la nuit de dimanche. Les eaux de la rivière Rusizi ont débordé. Nos maisons ont été envahies. C’était le sauve qui peut. Tous nos biens ont été emportés par les eaux. Nous n’avons plus rien », raconte une femme, la quarantaine, encore sous le choc. Elle, ses enfants et beaucoup d’autres déplacés dorment, depuis lundi 20 avril, à la belle-étoile, le long de la route Bujumbura-Gatumba (RN4). Pas de tentes, pas de quoi mettre sous la dent.

Ce mercredi, certains déplacés tentent d’installer des abris de fortune au bord de la route. Des mères cuisinent un peu de riz, des patates douces… pour calmer leurs petits-enfants. « Voilà. Ils n’arrêtent de réclamer à manger. Les biscuits et le lait donnés par le ministre de la sécurité publique sont insuffisants. La situation est vraiment insupportable », se lamente une autre déplacée. Déboussolée, elle indique qu’elle se sent humiliée de ne pas pouvoir nourrir ses enfants. Cinq quartiers à savoir Kinyinya 1&2, Muyange 2, et Mushasha 1&2 se retrouvent sous les eaux.

Des risques sanitaires

Isidore, une autre victime de ces crues de la Rusizi, dit craindre pour la santé de ces déplacés : « Ici, il n’y a pas de toilettes, pas d’eau potable. Ce qui multiplie les risques des maladies de mains sales telles le choléra, les maladies diarrhéiques, etc.» A cela, il ajoute le paludisme. Car, explique-t-il, ces déplacés n’ont pas de moustiquaires ou où les installer pour se protéger contre les moustiques.

Ce qui préoccupe les autorités burundaises et les humanitaires. D’après une évaluation des dégâts faite conjointement, ce 20 avril, par la police de la Protection Civile, la Croix-Rouge du Burundi (CRB) et OCHA, avec ces crues de la Rusizi, les latrines ont débordé, contaminant les zones inondées et les sources d’eau potable. Et de déplorer que les enfants jouent dans ces eaux, les gens défèquent à l’air libre. Ce qui fait craindre de nouvelles pathologies, dont des démangeaisons cutanées observables sur les personnes qui traversent les zones inondées sans aucune protection. Selon ce bureau onusien, les zones inondées doivent être désinfectées en permanence pour prévenir les risques sanitaires.

Pire encore, Isidore signale que depuis lundi, il n’y a pas de repli des précipitations : « On passe des nuits debout sous les arbres pour se protéger contre la pluie. C’est vraiment difficile. » Sidéré, il souligne que ses enfants ne vont plus à l’école, car tous leurs cahiers et uniformes ont été emportés par les eaux. Et d’après OCHA, quatre écoles fondamentales ont été complètement inondées, empêchant plus de 1 500 élèves de retourner à l’école pour le 3e trimestre de l’année scolaire en cours. « Les enfants vivant dans les six quartiers touchés ont perdu tout leur matériel scolaire, ce qui rend difficile la reprise des cours».

Un appel au secours

« Nous avons besoin prioritairement des tentes pour pouvoir abriter nos enfants », lance Constance, une mère croisée près du pont Gatumba. Sous le choc, elle dit n’avoir rien pu sauver dans sa maison. Elle demande aussi une assistance en vivres et en eau potable. Là, les enfants souffrent énormément. Un garçon d’une dizaine d’années erre dans la rue, à moitié nu. Il croise ses bras au-dessus de sa tête, la mine très triste. Il confie avoir perdu tous ses vêtements. Et tout son matériel scolaire.

Il vient de passer environ 24heures sans rien mettre sous la dent. Plusieurs autres enfants rencontrés sur cette route vivent la même misère. Il faut noter que la plupart de ces familles ne vivaient que de l’agriculture. Tous les champs ont été détruits. D’après OCHA, plus de 400 hectares de cultures qui étaient presque prêtes à être récoltées ont été inondés. Ce qui donne du fil à retordre à ces familles pour trouver quoi manger.

Et Gabriel, un autre déplacé de ces inondations, de plaider pour une installation dans un autre site sécurisé : « Avec ces fortes pluies, sans doute que les eaux vont envahir d’autres parties de Gatumba. Nous demandons que le gouvernement trouve un endroit sûr pour nous.»

Le gouvernement au chevet des sinistrés

Le ministre Bunyoni remettant une aide aux sinistrés.

Lundi 20 avril, une forte délégation du gouvernement s’est rendue sur les lieux. A sa tête, Alain Guillaume Bunyoni, ministre de la Sécurité publique et de la Gestion des catastrophes, s’est voulu rassurant : « Dans de telles situations, il faut être patient, solidaire. Nous sommes conscients de la gravité de la situation. Et nous sommes venus voir ce qui s’est passé réellement et établir la liste des besoins urgents.» Le ministre Bunyoni a demandé à l’administration locale et aux forces de l’ordre de veiller à la sécurité des déplacés et de leurs biens.

En collaboration avec les partenaires, il a promis une aide en vivres. Il a, en outre, appelé à la solidarité nationale : « Comme vous avez aidé d’autres provinces, il faut qu’il y ait une collecte dans toutes les provinces pour vous assister.» Un appel à la solidarité aux sinistrés de Gatumba relayé aussi par le ministre de l’Intérieur dans sa correspondance du 21 avril, adressée à tous les gouverneurs et au maire de Bujumbura.

Le ministre Bunyoni a demandé aux habitants non affectés d’héberger les sinistrés qui n’ont pas pu trouver des places dans les églises, les écoles.

Mardi 21 avril, accompagné par le ministre de l’Intérieur Pascal Barandagiye, le ministre Bunyoni a remis à ces sinistrés une aide alimentaire pour les enfants. Constituée de biscuits et du lait, cette aide a une valeur de 7 millions BIF.

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