Quatorze personnes de la zone Rukaramu en commune Mutimbuzi de la province Bujumbura ont attrapé le choléra depuis la semaine dernière. D’eux d’entre elles en ont succombé. Pour les habitants de cette localité, un fléau qui fait rage suite à la pénurie d’eau potable depuis plus d’un mois.
Les collines Kigwati I et Kigwati II sont plongées dans la misère. Plus d’eau potable depuis bientôt deux mois. Les canaux d’irrigation issus de la rivière Mpanda constituent ce qui reste de l’hydrographie de cette contrée.
Ce mardi, plus d’une dizaine d’enfants nagent, indifférents, dans le caniveau de la partie ouest du Kigwati I. Ils sourient aux passants, plongent dans l’eau souillée, refont surface puis reprennent le mouvement. Au loin, au bout du canal, trois autres puisent cette eau, couleur argile.
A l’intérieur du village, des restaurants, des cafétérias, des cabarets. Et un petit centre de négoce où s’étalent fruits, légumes, beignets, etc. Devant une maisonnette, une femme fait la propreté des ustensiles avec l’eau de la Mpanda. «Je n’y peux plus rien», se désole-t-elle écœurée.
Depuis que la pénurie d’eau potable s’est prononcée, mi-août dernier, les habitants des Kigwati ont appris à faire avec. L’eau potable, accessible uniquement entre 23h et 4h du matin, ne sert que de boisson. «Pour la cuisson, la lessive (y compris des ustensiles de cuisine), la toilette, nous devons nous rabattre sur cette eau de Mpanda», déplore Elisabeth Kangoye, une habitante.
Debout devant un robinet qui a tari, Jeannette ne trouve plus de mots pour exprimer sa désolation : «Nous sommes tout simplement déboussolés.» Cette nuit, les robinets ont été encore plus avares. «Aucune goutte d’eau n’est venue. Nous attendons depuis l’aube». Avec elle, près d’une dizaine d’autres femmes munies de bidons font la queue, mine renfrognée, depuis 3h du matin.
Pour ces habitants, une situation à l’origine du choléra qui a envahi Rukaramu. «Au vu de ce manque d’hygiène, c’était vraiment inévitable», observe un jeune homme. Et de demander aux âmes charitables de voler à leur secours.
Un manque à gagner énorme pour certains…
Mise à part l’incidence sanitaire, la pénurie d’eau plombe les activités commerciales de la localité. «L’affluence de la clientèle s’est considérablement amoindrie depuis la déclaration du choléra », assure Chantal Minani, une restauratrice.
Outre la diminution des clients, cette jeune femme évoque un autre défi : «Avec cette carence d’eau, les coûts par bidon ont exponentiellement augmenté. Mes dépenses pour me procurer de l’eau propre sont passées de mille BIF à 6 mille BIF.» Un laitier des lieux abonde dans le même sens : «Notre commerce exige de la propreté. Nous devons tout faire pour nous procurer de l’eau propre, parfois faire de longues distances. Et ce faisant, nous travaillons à perte. »
Jean Damascène Nzeyimana, chef de la colline Kigwati I, regrette que l’eau qui servait sa colline ait été bloquée. «Normalement, on recevait l’eau venant de Rugazi. Elle aurait été retenue au niveau des étables de Maramvya d’’où la pénurie et le choléra». Cet administratif demande à la Regideso de venir à la rescousse de ces habitants.
Contacté, le directeur du département de l’eau à la Regideso a promis de s’exprimer ultérieurement.