Jeudi 21 novembre 2024

Politique

Mutimbuzi : la population fustige l’intoxication ethnique aux enfants par les parents

20/08/2024 2
Mutimbuzi : la population fustige l’intoxication ethnique aux enfants par les parents
Les habitants de la zone Maramvya veulent que les enfants soient épargnés des clivages ethniques du passé

Les plaies du passé douloureux au Burundi restent béantes même si elles commencent à se cicatriser. Certains parents peuvent transmettre à leurs enfants des messages qui véhiculent des divisions identitaires. Des jeunes élèves en vacances et des parents de la zone Maramvya en commune Mutimbuzi de la province de Bujumbura témoignent.

Une jeune fille de 19 ans dit qu’elle a su son appartenance ethnique à la maison de la part des amis de son père. « Ils m’ont dit que je suis Tutsi et que je ressemble à leurs enfants. J’ai posé alors la question à mon père pour savoir si réellement lui aussi est de l’ethnie tutsi. Il me l’a confirmé sans plus de détails », témoigne-t-elle.

Un autre jeune garçon fait savoir que ses parents lui ont expliqué comment différencier un Tutsi d’un Hutu. « On m’a dit qu’un Tutsi a un long nez pointu et que celui d’un Hutu et très large. On m’a également appris que les Hutu détestaient les Tutsi et vice-versa. Actuellement, la situation a changé, car les gens de ces deux ethnies s’entendent bien. Les divisions ethniques n’ont plus de place », se réjouit-il.

Une jeune fille de 17 ans indique ne pas avoir eu d’informations sur les ethnies car ses parents n’ont pas eu le temps pour cela. Ils sont partis en République démocratique du Congo, RDC. « Ma famille d’accueil m’a dit que si on prononce le mot tutsi ou hutu, on est arrêté. J’ai été éduquée à obéir et à aimer tout le monde sans distinction », précise-t-elle.

Un parent rencontré reconnaît que certains parents interdisent à leurs enfants de côtoyer d’autres qui ont une appartenance ethnique différente. « C’est très dangereux. On devrait plutôt leur inculquer la bonne cohabitation, l’unité et la consolidation de la paix », propose-t-il.

Une mère de cinq enfants abonde dans le même sens. Elle indique que des enfants vont rendre visite les enfants des autres familles et croisent beaucoup de gens. Ils reviennent et posent des questions sur ce qu’ils ont entendu. « Nous essayerons de les recadrer. Dieu a voulu que nous vivions ensemble dans la diversité ».

Pour un autre parent, il n’est pas question que les enfants soient intoxiqués par des divisions ethniques. Il fait savoir qu’en ce qui le concerne, il apprend à ses enfants que les divisions et la haine ethniques ne font qu’apporter les malheurs. « Je leur enseigne l’obéissance, l’amour des parents et de la patrie » fait-il savoir.

Connaître le passé mais sans haine

Un parent rencontré souligne que les nouvelles générations doivent être épargnées des clivages ethniques que le Burundi a connus par le passé. Il considère que l’enfant peut connaître le passé sans verser dans la haine et tomber dans le piège de la manipulation.

Selon Joël Habiyambere, conseiller chargé des questions administratives, sociopolitiques et juridiques dans la commune Mutimbuzi reconnaît lui aussi que certains parents ont failli à leur mission. « Il est évident que dans certaines familles, des parents guidés par la haine ethnique inculquent à leurs enfants l’esprit divisionniste ».

Il fait remarquer que le risque est que les enfants grandissent avec cette haine. A un certain moment, c’est la vengeance qui s’en mêle. Les enfants ainsi intoxiqués pensent en effet que tous les malheurs qu’ils ont endurés ont été causés par un groupe ethnique donné qu’il faut absolument combattre, précise-t-il.

D’après cet administratif, c’est pourquoi dans des réunions avec la population, ils reviennent toujours sur des aspects de cohésion sociale. « Nous leur expliquons que sans unité, le développement est impossible et que nos enfants sont l’espoir de demain ».

Joël Habiyambere rappelle que le Burundi a connu des crises cycliques. Néanmoins, le passé douloureux ne doit pas gâcher l’avenir des nouvelles générations. « C’est pourquoi un parent qui intoxique ses enfants avec des messages de division doit être puni sévèrement ».

D’après le sociologue Patrice Sabuguheba, les parents doivent inculquer les bonnes valeurs à leurs enfants. De ce fait, ils doivent être prudents dans leurs échangent avec leurs enfants. « Il ne faut pas enseigner des divisions ethniques aux enfants. Cela alimente la méfiance entre les différentes composantes sociales », insiste-t-il.

Il souligne que les parents ont des valeurs à protéger et les vacances sont une bonne occasion pour les transmettre à leurs enfants. « Les enfants doivent apprendre les bonnes valeurs comme l’amour du prochain, le respect, la dignité, la paix et la cohabitation pacifique ».

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. olivier Irakoze

    ce message n’est pas malheureusement compatible avec la politique des quotas ethnique en vigueur. Cette dernière alimente sensiblement la conscience ethnique, et un parent qui occupe un poste quelconque grâce à son identité ethnique n hésitera jamais d’en parler à ses enfants. Les moments sont dûres.

  2. hakizimana jean capistran

    ivyo biri irya n’ino.

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