« Culture numérique : quelles stratégies pour les médias publics » était le thème de la 21è édition du Séminaire de formation, du 6 au 9 novembre, une activité périodique du Conseil International des Radios et Télévisions d’Expression Française (CIRTEF). C’est pour les médias audiovisuels des services publics francophones.
Pour le premier vice-président, Térence Sinunguruza, le gouvernement fait de la mutation de l’analogique au numérique son cheval de bataille dans la Politique Nationale de Communication et de Développement des Technologies de l’Information et de la Communication. « Le gouvernement a déjà inscrit, dans sa politique sectorielle de l’audiovisuel, la réalisation de la radiodiffusion analogique au numérique ; la restructuration des entreprises publiques de presse à l’ère de la convergence ; la revitalisation des organes de régulation des télécommunications et des médias, ainsi que l’élaboration d’un cadre légal règlementaire subséquent », précise-t-il.
Concilie Nibigira, ministre des Télécommunications, de l’Information, de la Communication et des Relations avec le Parlement affirme que le Burundi est prêt, puisqu’il y a une étude de faisabilité technique de cette mutation qui est entrain d’être réalisée. « Le président de la République, ajoute-t-elle, a déjà nommé un comité national de coordination et les études se terminent bientôt. Les gains sont énormes et les dividendes vont continuer à s’accroître dans tous les domaines. » Pour les télévisions, la date limite pour ce passage est fixé le 17 juin 2015 et pour les radios, en 2020.
Inquiétudes chez certains directeurs des radios privées
« La mutation de l’analogique au numérique va nous coûter trop cher en tenant compte de l’environnement fragile dans lequel le Burundi se trouve », reconnait Eric Manirakiza, directeur de la radio publique africaine. Il ne comprend pas pourquoi le gouvernement n’inclut pas, de façon claire, les médias privés et indépendants, qui sont les plus proches du public. Il trouve que l’atelier se focalise plus sur les médias proches du gouvernement, notamment la Radio Télévision Nationale du Burundi. « La population sera-t-elle capable de s’acheter de nouveaux postes récepteurs numériques ? » S’interroge-t-il.
Quant à Vincent Nkeshimana, directeur de la Radio Isanganiro, c’est un pas important dans le sens où des fréquences seront libérées. Un seul multiplexe peut diffuser en même temps 18 chaînes et ces fréquences pourront être vendues à d’autres opérateurs. « Ce n’est pas opportun aujourd’hui, nuance-t-il, nous avons d’autres problèmes qui sont prioritaires. » Il rappelle que le travail des médias est une vocation, avec des réalisations sur terrain et non une affiliation au gouvernement. Pour lui c’est un cartel étranger qui veut faire écouler ses produits en numérique. « Toutefois, nous sommes obligés de passer au numérique. A un certain moment, nous n’aurions pas un nouvel équipement avec le système analogique, puisqu’ils ne seront plus sur marché étranger », reconnait-il.
Les spécialistes des médias étrangers sont confiants
Mohamed Lamine, directeur des productions en Côte d’Ivoire, mentionne qu’il y aura plus d’avantages que d’inconvénients : « Le Burundi va diminuer ses coûts dans le domaine de la communication : amélioration de la qualité de l’image et du son, facilité dans les manipulations techniques, libération de plusieurs fréquences d’émission,… » Toutefois, pour les inconvénients, il y aura diminution du nombre du personnel. Il rappelle que les médias privés doivent composer avec la RTNB dans cette mutation. « C’est une contrainte et si vous n’embarquez pas avec les autres dans le système numérique, le Burundi va rester seul à la traîne », conseille Mohamed Lamine.
Pour Hervé Michel, directeur international des affaires à France Télévision, la mutation de l’analogique au numérique est indispensable et les médias publics et privés doivent être complémentaires. Ils ont un grand rôle à jouer dans la diversité du public. Hervé Michel trouve aussi que les inconvénients sont mineurs par rapport aux avantages. Sont présents à l’atelier les représentants des radios, télévision et maisons de productions étrangères,… et ceux des médias burundais.