Samedi 23 novembre 2024

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Mutanga-Sud : si rien n’est fait, l’avenue Sanzu se coupera en deux !

L’avenue Sanzu, qui longe la rivière Ntahangwa, risque de se briser en deux et d’emporter des habitations. La population et l’administration locale ont depuis longtemps alerté la mairie, le ministère de l’Urbanisme… sans succès. La situation s’empire.

L’éboulement a eu lieu la nuit du 17 au 18 janvier. D’autres fissures commencent à apparaître ©Iwacu
L’éboulement a eu lieu la nuit du 17 au 18 janvier. D’autres fissures commencent à apparaître ©Iwacu

Le risque de cassure de l’avenue Sanzu se situe à l’entrée de la sous-colline Mugoboka. La pluie diluvienne, qui est tombée dans la nuit du 17 au 18 janvier, a empiré la situation. Pire, le curage dans la rivière Ntahangwa fait qu’elle change souvent sa trajectoire et emporte tout sur son passage. La terre s’est écroulée sur une longueur de plus ou moins 4 mètres. La distance qui reste entre le fossé et la route est d’environ 3 mètres. L’avenue, très fréquentée par la population locale, est la seule pour se rendre à Mugoboka.
« Ntahangwa a déjà emporté une partie de la fondation des locaux servant de toilettes pour les écoliers de l’école primaire de Mutanga-Sud, se plaint Parfait Sinarinzi, chef du quartier. « Bientôt elle nous prendra notre route et nos maisons. Nous avons alerté les autorités locales et même ceux de la hiérarchie supérieure, mais rien n’a été fait », explique Alexandre Ndikumagenge, propriétaire de l’une des maisons le long de la Ntahangwa et président de l’Association pour le Développement de Mutanga Sud (Ademu). « Nous avons même transmis, en 2011, une fiche de présentation d’un sous-projet au Projet de Travaux Publics et de Création d’Emploi. » Les responsables de ce dernier, ajoute-t-il, leur ont fait savoir que la priorité, ce sont les nouveaux quartiers faute de moyens pour satisfaire toutes les demandes. Plusieurs autorités sont déjà venues constater les dégâts occasionnés par la rivière. Ceux du ministère de l’Environnement et de l’Urbanisme, la mairie, l’administrateur de Rohero. Sans oublier l’Action Ceinture verte, les médias…
Le président de l’Ademu demande aux autorités concernées de faire des travaux provisoires à moindres coûts. Cela permettra, indique-t-il, de stopper les dégâts, pour un moment. Entre autres, stabiliser la terre à l’aide de gabions (une sorte de casier, le plus souvent fait de solides fils de fer tressés et contenant des pierres utilisé comme mur de soutènement). Quant à Parfait Sinarinzi, il a déjà donné l’ordre aux agents de la police de bloquer le passage de tous les camions poids lourds. Il promet aussi de traquer ceux qui font le curage illégalement.

Manque de moyens pour canaliser la rivière et protéger les environs

Pierre Bayihishaka, directeur de la planification routière, précise que ce n’est pas de leur ressort : « Nous nous occupons des voiries principales et non des avenues, rue et allées à l’intérieur des quartiers. » Il conseille aux habitants de Mutanga Sud d’approcher de nouveau la mairie, le PTPCE, le ministère de l’Environnement et de l’Urbanisme, ou le cas échéant celui de l’Intérieur. « Nous n’avons pas de moyens pour protéger la rivière, sinon nous en avons l’expertise », fait savoir Amisi Ntangibingura, directeur général de l’Urbanisme. Ce dernier affirme que le ministère essaie tant bien que mal de pourchasser ceux qui font le curage illégalement, mais ils récidivent. Nous avons, poursuit-il, installé des gabions, mais, à chaque fois, ils sont volés. Selon lui, une intervention forte doit se faire et la population doit dénoncer le curage qui se fait sans respecter la loi. Quant à la porte-parole de la mairie, Candide Kazatsa, elle signale qu’elle doit d’abord consulter certains documents pour donner des éclaircissements. Le journal Iwacu a essayé de contacter la PTPCE, sans succès.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Kazehe

    Je trouve le commentaire de Bumwe un peu dégoutant!! quan est-ce que nous allons cesser d’éthniser toute chose dans ce pays? None ugomba ubwire ko ari Abo bahutu bazanye ayo mazi ya Ntahagwa ngo ace asenyera quartier nawe wise iya abatutsi? Ça c’est inacceptable ces genres d’accusations gratuites. Pourquoi les personnes intérressent par le problémes doivent attendre que leurs maisons soient emporter par la riviére? Iyo bikorwa rusange batagomba gukorera ineza ya bose, nibabikorerre aho iwabo?

  2. Bumwe

    Permettez- moi chers lecteurs de me poser juste une petite question? Est-ce que la raison de la non intervention des autorites publiques serait que ce quartier est a majorite tutsi ?
    Un gouvernement qui ne protege pas les biens de ces citoyens les condamne a une pauvrete continuelle parce que ces memes citoyens ne peuvent pas entreprendre d »autres projets a l’echelle superieure. Ils ne font que maintenir ce qu’ils ont deja(gusanasana)! Je ne doute pas que si l’administration locale mettait les moyens materiel necessaire; la population locale se disponibiliserait pour executer certains travaux dans le cadre des travaux publics surtout que ca sera pour proteger leur patrimoines et infrastructures communes.
    Donc a l’administration d’etre plus responsable et a la population de se disponibiliser pour l’epauler .
    Merci

    • Venant

      Comme je l’ai déjà écrit dans un autre article, le ravin de la rivière Ntahangwa est vraiment une calamité pour les riverains de son parcours. Je rappelle ici les points que j’avais évoqués dans cet article et j’en ajoute d’autres:

      1. Méfions-nous des interventions ponctuelles effectuées par quelques institutions avec le peu de moyens dont elles disposent. Certaines de ces interventions sont situées le long du ravin et ne servent absolument à rien car elles sont purement et simplement contournées par le ravin. D’autres interventions comme la pose de gabions par le ministère des travaux publics sont aussi inutiles car les gabions sont volés et ne portent que sur une portion infime de ce ravin. Même s’il n’y avait pas de vol, ces gabions ne pourraient jamais résister longtemps aux crues diluviennes de la Ntahangwa.

      2. Si on veut vraiment traiter ce ravin, trois actions me semblent indispensables (i) l’interdiction immédiate d’exploiter les carrières de la rivière pour tout le monde et ce, une fois pour toutes (ii) la réalisation des études nécessaires pour traiter ce ravin de manière holistique (prise en compte de tous les aspects) et notamment les études topographiques, géotechniques, hydrologiques et d’aménagement depuis son amont (probablement vers Ijenda) jusqu’à son embouchure dans le Lac Tanganyika et (iii) la mise en oeuvre des mesures de protection biologique et mécanique du ravin.

      3. Comme mesures de protection biologique, la plantation d’arbres en amont du bassin versant de la Ntahangwa me semble primordial pour permettre l’infiltration des eaux de pluie dans le sol au lieu de les laisser ruisseler dans le lit de la rivière comme c’est le cas aujourd’hui. Cette action de reboisement doit donc être entreprise vers Ijenda si c’est là-bas que se trouve la source de la Ntahangwa.

      4. En fonction des résultats des études requises, des ouvrages de protection mécanique sont indispensables pour ralentir les crues de la Ntahangwa. Ils devraient être placés de l’amont vers l’aval. L’aménagement devrait donc débuter vers Ijenda et se poursuivre graduellement vers Bujumbura. Les ouvrages devraient consister en barrages en béton ou en gabions (en fonction des résultats des études hydrologiques) et disposés en travers de la ravine. Pour éviter leur contournement par les crues, ils devraient être bien ancrés dans les berges sur une bonne longueur des deux côtés. De plus, ils devraient être bien ancrés dans le lit du ravin, en fonction des résultats des études géotechniques) pour éviter le phénomène de renversement ou de glissement par les crues. Leur rôle serait de ralentir la vitesse de ruissellement des eaux de crues et de les obliger à s’infiltrer dans le sol. Parallèlement, ils retiendraient une grande partie des matières organiques et minérales charriées par ces mêmes crues. Les ouvrages devraient être espacés en fonction de la pente du ravin, d’où l’importance des études topographiques.

      4. Il est évident que le coût des études préalables doit être très élevé vu la longueur du ravin depuis son amont jusqu’au lac. Le gouvernement a-t-il les ressources nécessaires pour lancer de telles études? Ça c’est la première question.

      5. La deuxième question est la suivante: Quand bien même les études seraient réalisées, où est-ce que le gouvernement pourrait trouver les milliards de dollars américains nécessaires pour procéder aux travaux d’aménagement?

      6. En attendant, il y a lieu sincèrement lieu de s’inquiéter sur les dégâts que risque de causer ce ravin si aucune mesure énergique n’est prise. Même si les ressources financières nous manquent pour le moment, le gouvernement pourrrait engager quelques actions notamment (i) le reboisement du bassin versant en amont de la Ntahangwa, surtout là où il prend sa source (ii) l’interdiction ad vitam eternam (définitive) d’exploiter des matériaux de construction dans le lit de la rivière et (iii) la préparation des termes de référence en vue de la sélection d’une firme nationale ou internationale capable de mener les études de traitement du ravin.

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