Un différend oppose tous les propriétaires et les locataires du bloc 6 avec Richard Kaderi, un des copropriétaires. La pomme de discorde : un espace vert se trouvant devant le rez-de-chaussée. Ces derniers accusent leur copropriétaire de vouloir l’exploiter à ses fins. Il parle de diabolisation.
« Les croquis des titres de propriété sont clairs. Noir sur blanc, ils montrent les dimensions de chaque appartement. L’espace restant est un bien commun », peste Armel Harabarishize, un locataire habitant le bloc.
Même son de cloche pour Félicité Uwizeye, propriétaire d’un appartement. « Quand bien même, il aurait le bras long, comment peut-il se rétrocéder une parcelle déjà attribuée. Businessman ou pas, il ne peut pas toujours être au-dessus de la loi ». C’est au quartier Mutanga Sud, zone Rohero en commune Mukaza.
Depuis qu’il a déposé ses deux containers dans ledit espace vert, les habitants du bloc jurent que cette fois-ci, ils ne se laisseront pas faire. « Trop, c’est trop. Il ne peut pas toujours faire ce que bon lui semble, se prévalant qu’il a ses entrées dans les milieux hauts placés », renchérit Aline, la cheffe de cellule.
Businessman accompli, M. Kaderi possède également deux appartements dans le bloc 6. Dans la soirée du jeudi 12 et 13 août, M. Kaderi dépose deux containers dans la cour collective du bloc 6.
Au petit matin, pour les autres habitants, c’est l’étonnement total. Personne n’a vu venir le coup. « On n’en revenait pas parce qu’une semaine avant, de commun accord avec les autres voisins, on s’était convenu qu’on allait exploiter l’espace pour le bien de tous les voisins. Une idée d’ailleurs que le concerné avait épousée ».
Malgré leurs protestations et leurs mises en garde, M. Harabasharize confie qu’il a commencé le déblaiement du terrain. « Une goutte qui fait déborder le vase. En faisant fi de nos demandes, nous avons compris que le règlement à l’amiable n’est plus possible ».
Mme Uwizeye explique qu’ils ont décidé de saisir l’administration compétente : « Présentement, nous avons écrit au chef de zone, nous attendons sa décision. Et si jamais, nous ne sommes pas rétablis dans nos droits, nous saisirons d’autres instances supérieures.»
Des allégations infondées
Reconnaissant le bien-fondé d’avoir des espaces verts, M. Kaderi indique qu’en aucune manière, il s’approprierait un terrain déjà attribué : « Pourquoi s’alarment-ils ? Comme eux, je suis attaché au respect de l’ordre public. En tant que copropriétaire, je reconnais qu’un espace où chacun s’épanouit est plus que nécessaire ».
Toutefois, il nuance : « Le moment venu, si l’administration juge nécessaire que je déplace les containers, volontiers, je le ferai. En attendant, j’attends la décision des autorités compétentes.» En homme d’affaires averti, il explique qu’il doit saisir chaque opportunité. « Sinon, ils peuvent continuer leur diabolisation».
Concernant le terrain jouxtant les bords de la rivière Rubanza qu’il se serait rétrocédé, il explique : « J’ai eu toutes les autorisations de l’administration en bonne et due forme. Comment oserais-je construire sans l’autorisation de l’Urbanisme ou du ministère de l’Environnement ? » Après avoir analysé son dossier, il confie qu’ils lui ont délivré une autorisation temporaire. « S’ils ont des doutes à ce sujet, ils n’ont qu’à demander à la mairie pour voir si je ne m’acquitte pas de mes taxes et impôts ».
Par rapport aux craintes de ses voisins qui disent qu’il envahirait tout l’espace si rien n’est fait, il tranquillise : « Qu’ils dorment tranquilles. Je n’ai ni l’intention ni les prérogatives de le faire. C’est à l’administration de juger.»
Rénovat Sindayihebura, administrateur de la commune Mukaza, indique qu’une équipe d’ingénieurs en génie civile a été envoyée pour s’enquérir de la situation. « S’il s’avère que l’espace appartient aux propriétaires du bloc 6, M. Kaderi devra trouver un terrain d’entente avec ses voisins, s’il veut exploiter l’espace ».
Sinon, poursuit-il, il devra saisir l’administration pour une autorisation temporaire. Et de conclure : « En attendant les conclusions de l’équipe technique et au risque qu’il soit source de désordre, nous lui avons ordonné de cesser toute activité dans le périmètre concerné.»