Une partie d’une église emportée, une route coupée, un centre de santé et une école menacés, l’affaissement des berges de la rivière Ntahangwa continue de causer plus de dégâts. Les habitants du secteur Mugoboka regrettent l’inaction de l’Etat pour protéger les riverains.
A 10 heures ce 27 mars dans le secteur Mugoboka 1 à l’est de la ville de Bujumbura, des adeptes d’une église, dont une partie est déjà emportée par le ravin de la rivière Ntahangwa, essaient de sauver certains matériels. Des fissures s’observent partout.
Des maisons proches de cette église sont aussi menacées. Des parents veillent à leurs enfants pour qu’ils n’approchent pas ces ravins. Malgré la menace, le centre de santé Nkenguruka de Mugoboka, proche de cette église, continue de fonctionner.
La route reliant les secteurs Mugoboka 1 et 2 n’est plus praticable. Les piétons empruntent désormais de petits chemins dans le quartier. Une dizaine d’hommes installent des planches au-dessus des caniveaux derrière les habitations pour aménager une déviation et faciliter la circulation. Les détenteurs des véhicules doivent les laisser derrière pour rentrer à pied.
« Cela fait des années que ces ravins s’écroulent progressivement. Beaucoup de maisons se sont effondrées. Nous avons toujours crié au secours, mais c’est incompréhensible qu’on ne fasse rien pour nous protéger », déplore un habitant de Mugoboka dont la maison est à quelques mètres d’un ravin.
Il confie que sa famille ne peut pas rester tranquille devant des fissures qui peuvent détruire la maison d’un moment à l’autre : « Dans la saison pluvieuse, la situation s’empire. Si on avait des moyens, on aurait déjà quitté cette localité. Nous sommes vraiment exposés au danger ».
Lorsqu’on a construit des maisons dans cette localité, se rappelle-t-il, il n’y avait aucune menace d’effondrement : « Les berges de la rivière étaient loin. Dans cette partie envahie par le ravin, il y avait des maisons. Les berges se sont écroulées au fur des années. Malheureusement, on n’a pas agi à temps pour sauver cette localité ».
Selon un autre habitant du même quartier, cela fait presqu’une année que les administratifs promettent le début des travaux pour la réhabilitation de ces ravins et la stabilisation des berges de la rivière Ntahangwa : « L’année dernière, on nous a dits que des bailleurs avaient promis des millions de dollars pour financer les travaux de réhabilitation et que les activités allaient immédiatement commencer. Qu’ils nous disent ce qui s’est vraiment passé ».
A un kilomètre de Mugoboka, l’Ecole fondamentale Mutanga-sud est aussi menacée par l’effondrement des berges de la rivière Ntahangwa. Des salles de classes restent abandonnés suite au risque de glissement. Certains parents disent craindre pour la sécurité de leurs enfants : « On ne peut pas rester tranquille quand son enfant fréquente une école menacée par de tels ravins. En cette saison pluvieuse, le danger est imminent ».
Contacté, le maire de la ville de Bujumbura, Jimmy Hatungimana, indique que la mairie n’a pas de moyens suffisants pour réhabiliter ces ravins et stabiliser les berges de la rivière Ntahangwa : « Cela nécessite une grande expertise. Nous avons adressé beaucoup de correspondances à différents ministères concernés depuis longtemps pour alerter afin qu’ils puissent intervenir. C’est déplorable que rien n’a été fait jusqu’ici ».