Accusés d’avoir blessés le chef de zone Rwisabi, commune Mutaho, province Gitega, huit membres du Fnl fidèles à Rwasa et un militant du Frodebu ont été conduits dans la prison de Gitega, ce mercredi 21 septembre. Leurs proches parlent de mobiles politiques.
«Ils venaient de passer toute une semaine dans le cachot de la commune Mutaho, après les incidents qui se sont passés dans la nuit du 13 septembre sur la colline Kinyinya», raconte Denis Ndacayisaba secrétaire communal de FNL d’Agathon Rwasa à Mutaho. Lors de ces échauffourées entre militants du Cndd-Fdd et les pro-Rwasa, Ferdinand Ndayikengurukiye, chef de zone Rwisabi a été blessé.
Ces derniers, poursuit-il, s’opposaient à l’arrestation d’un certain Jérôme, membre du Fnl, accusé d’avoir tenu une réunion clandestine dans la journée, à son domicile.
Le lendemain, treize personnes avaient été arrêtées. Le chef de zone a été hospitalisé au centre de santé de Mutaho avant d’être évacué vers l’hôpital Kibimba.
Selon Denis Niyomuhanyi, administrateur de la commune Mutaho, c’est ce mardi, qu’il est sorti de l’hôpital. Il s’est par après rendu au cachot pour montrer à la police ceux qui l’ont agressé. Quatre hommes d’un âge avancé ont été relâchés.
«C’est un vrai harcèlement de tous ceux qui ne sont pas membres du Cndd-Fdd», dénonce Denis Ndacayisaba, un militant pro-Rwasa et membre du conseil communal. Il signale même que toutes ces personnes ont été arrêtées par des jeunes Imbonerakure. Et actuellement, ajoute-t-il, leurs habitations sont systématiquement fouillées, sans aucun document administratif. «Nos militants vivent la peur au ventre. Pendant la nuit, ils nous appellent pour dire que leurs maisons sont entourées par des gens armés de gourdins», indique-t-il.
D’autres se rachètent en donnant une somme d’argent variant entre 20.000 et 50.000Fbu, pour ne pas se faire arrêter, ajoute M. Ndacayisaba. Lui aussi est à maintes reprises convoqué chez l’administrateur, pour avoir dénoncé publiquement ces arrestations.
Niyomuhanyi, administrateur communal rejette ces accusations: «C’est archifaux de dire que ce sont des Fnl qui sont arrêtés. Des personnes ne peuvent pas se cacher derrière des partis politiques pour semer du désordre.»
Par ailleurs, cet administratif indique que quand il y a l’insécurité, les comités de sécurité interviennent. Et parmi eux, il y a des jeunes Imbonerakure. Ce qui signifie selon lui que ce ne sont pas eux qui arrêtent les gens, mais des membres des comités de sécurité.
Par ailleurs, l’administrateur de Mutaho estime que les gens ne devraient pas s’alarmer : «C’est toujours dans le cadre de la poursuite des enquêtes que ces personnes ont été conduites à la prison de Gitega. »
Résultat de l’intolérance politique
«L’intolérance politique atteint de plus en plus des dimensions démesurées. L’autorité fuit ses responsabilités parce qu’il n’y a pas un seul citoyen qui est habilité à arrêter son concitoyen lorsqu’il y a des forces de l’ordre qui sont payés pour garantir le respect de l’ordre public», réagit Agathon Rwasa, 1er vice-président de l’Assemblée nationale et président du Fnl non officiel. Une intolérance qui serait d’ailleurs prêchée, car, justifie-t-il, ce genre d’arrestations s’observent presque partout dans le pays.
Pour lui, cette façon de faire risque de plonger le pays dans le chaos. « Une fois que l’autorité cède ses prérogatives à une partie de la population, elle risque de se retrouver incontrôlable».
Et de conclure : « En démocratie, on adhère à une formation politique de son propre choix. Cette façon de chercher à militariser la vie politique au Burundi, de laisser des gens se placer au-dessus de la loi, est porteur d’un danger que l’on pourrait bien éviter si les autorités assumaient leur rôle».