Certains habitants de la colline Manege en commune Murwi de la province de Cibitoke considèrent que le dialogue constitue un moyen efficace pour trouver des solutions aux problèmes qui surgissent dans la société. Sylvère Sengiyumva, expert en résolution pacifique des conflits, appelle au dialogue pour ne pas polariser les positions.
A travers le monde, le dialogue est reconnu pour sa grande efficacité dans la décantation d’une situation même épineuse et dans la résolution des conflits. Il offre en effet des opportunités de rapprochement des positions polarisées. Certains habitants de la colline Manege reviennent sur ce mécanisme qui, pour eux, est un outil miracle qui permet de résoudre rationnellement les problèmes.
G.F, une femme de cette colline indique que le dialogue est un bon moyen pour trouver des solutions aux différends. Elle fait remarquer qu’il peut y avoir des conflits entre individus, dans les familles, entre groupes opposés et entre pays. « Quand des gens engagent un dialogue franc et sincère, le pays va bien », insiste-t-elle.
Un de ses compatriotes ajoute que si des gens dialoguent, la cohabitation devient pacifique dans la communauté. « Le pays devient stable et le développement s’ensuit. Avec des échanges francs et sincères, il est possible de consolider la paix et la cohésion sociales », fait-il remarquer.
Un autre abonde dans le même sens. Il considère que si deux groupes en conflit arrivent à s’approcher, cela est un bon moyen de restaurer la confiance. Par contre, le manque de dialogue ne fait que polariser les positions.
M.F est une autre habitante de la colline Manege. Elle livre un témoignage sur son cas. Elle a été en conflit avec un éleveur qui a fait brouter les animaux dans ses champs. « Je me suis senti affligée. Ce qui m’a poussée à me confier aux autorités. J’ai demandé qu’il soit convoqué pour l’empêcher cette sale besogne. Grâce au dialogue, la confiance a été retrouvée et le conflit s’est arrêté. Sans mécanisme de rapprochement, la haine s’implante ».
Telle a été la même situation chez un nommé Ndayizeye. Il a eu des conflits fonciers avec ses voisins. « On m’a conseillé de les approcher pour trouver des solutions. La situation s’est résolue car on a été flexibles. », témoigne-t-il.
Malheureusement, certaines personnes disent qu’elles ne peuvent pas s’asseoir avec leurs adversaires. Elles leur souhaitent plutôt la mort. Les conséquences en sont fâcheuses. Des actions meurtrières sont planifiées et leurs progénitures en pâtissent.
Un esprit ouvert
Les habitants de Munege demandent à ce genre de personnes d’engager plutôt des discussions franches et sincères pour trouver des solutions à leurs différends. Ils insistent que ceux qui sont réfractaires au dialogue doivent avoir un esprit ouvert pour bâtir une société juste et prospère. Heureusement que plusieurs sont des chrétiens. Là où il y a un dialogue, il y a Dieu. Accepter le dialogue signifie sauver la famille et le pays. Demeurer inflexible signifie se tirer une balle dans la tête soi-même
Melchiade Nzokizwanayo, administrateur de la commune Murwi considère que le dialogue est important en cas de conflit. « On ne perd pas du temps, des vies et des richesses. Si dans la communauté des approches de dialogue sont engagées, la cohésion sociale est renforcée. Nous voyons que s’asseoir ensemble pour des groupes en conflit est salutaire afin d’assurer une bonne entente ».
Il est aussi d’avis que certaines personnes sont réfractaires au dialogue du fait de leur état d’esprit. « Il existe des gens qui veulent que tout passe par la force. Mais à la fin, le dialogue doit être engagé pour que les parties en conflit trouvent un point d’entente », estime-t-il.
Sylvère Sengiyumva, expert en résolution pacifique des conflits explique qu’un dialogue basé sur les intérêts des parties en conflit permet d’établir de nouvelles bases de relation. « Il y a la communication, des projets naissent. Une bonne gestion d’un conflit nous aide à établir l’identité et la coalition des gens. Quand les conflits sont résolus de manière pacifique basée sur les intérêts de chacun, cela permet le développement des familles, des communautés et du pays », précise-t-il.
A l’instar de l’administrateur Nzokizwanayo, il fait remarquer que des gens peuvent développer des stratégies pour refuser le dialogue. Ils refusent le dialogue parce qu’ils se croient forts. En ce moment, c’est l’impasse qui s’installe. « On a connu cette situation dans notre pays. Lors des crises cycliques qui ont endeuillé le Burundi, des parties en conflit ont refusé en effet de dialoguer. Elles ont continué à utiliser la force et des populations ont été massacrées », rappelle-t-il.
La confrontation entre les deux parties en conflit s’engage aussi. Chaque camp croit qu’il est capable de neutraliser l’autre. « Des assassinats, des réfugiés, de l’injustice sociale et de la violence font alors le lot quotidien de la population. Des discours de haine sont toujours distillés ».
Sylvère Sengiyumva insiste sur la promotion du dialogue face aux problèmes du moment pour trouver des solutions qui s’imposent. « Il importe d’identifier les vrais acteurs des problèmes car ce ne sont pas tout le monde. C’est à partir de ce moment qu’on comprendra alors les intérêts des uns et des autres. Et tous les intérêts ne sont pas matériels. Ils peuvent être symboliques comme l’équité, la considération dans la communauté ». fait-il observer.