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Société

Muramvya : projet piscicole, bientôt au chevet des détenus malnutris

14/01/2020 Commentaires fermés sur Muramvya : projet piscicole, bientôt au chevet des détenus malnutris
Muramvya : projet piscicole, bientôt au chevet des détenus malnutris
Samuel Manirambona : « Nous voulons que ces jeunes puissent appliquer ces connaissances acquises dans leur milieu de vie afin d’éviter l’oisiveté qui les pousserait à la récidive.»

Equilibrer et diversifier la ration alimentaire de tous les détenus malnutris, préparer les détenus à une bonne réinsertion sociale, tels sont quelques objectifs du projet piscicole initié dans la prison de Muramvya. Les bénéficiaires dudit projet ne tarissent pas d’éloges.

Il est 13h. Le ciel est nuageux. Nous effectuons une descente sur la colline Rwasazi, commune et province Muramvya. Au pied de cette colline, dans les vallées de Kukabahayi, se trouvent des étangs piscicoles. Des détenus s’attèlent à différentes activités. Les uns fabriquent les briques en argile. D’autres sarclent. D’autres encore s’occupent des étangs piscicoles. Cette dernière catégorie nous interpelle.

«J’ai  bénéficié d’une formation sur les techniques piscicoles. Je suis content du projet. A la sortie de la prison, je vais les vulgariser et contribuer au développement de mon milieu et partant au développement du pays », se réjouit M. Nsengiyumva, un jeune détenu qui assure la garde de deux étangs piscicoles.

De son côté, Moïse Nimbona salue les techniques piscicoles apprises : « J’ai accueilli à bras ouvert ce projet. Il sera d’une grande utilité pour moi dans l’avenir. Si la chance me sourit et que je sois relâché, je vais le mettre en application.»

Ce jeune détenu affirme qu’il va s’adonner exclusivement à la pisciculture : « Vu que l’élevage du bétail devient de plus en plus exigeant, notamment le manque d’espace et la rareté du pâturage, je vais me rabattre sur la pisciculture.»

Il interpelle les autres détenus à apprendre les techniques en rapport avec la pisciculture. Selon lui, elle est bénéfique pour la famille. « D’une part, la production peut être vendue et l’argent récolté aide à satisfaire certains besoins. D’autre part, le poisson est un aliment très nutritif qui contribue à l’amélioration de l’alimentation».

Edouard Misago alias Fundi, représentant des détenus, plaide pour la vulgarisation de ce projet dans tous les établissements pénitentiaires. Il félicite la direction de la prison de Muramvya qui les a associés dans ce projet.

« Nous avons participé dans l’aménagement des étangs, l’adduction d’eau, le suivi de la vie des poissons. C’est un projet qui va contribuer à notre épanouissement ». Et d’affirmer que la pisciculture peut être pratiquée partout.

« Nous lançons un appel vibrant à d’autres prisons pour nous emboîter le pas afin de valoriser la vie des détenus ».

La direction se dit satisfaite

Un des étangs aménagés dans la vallée de Kukabahayi.

Samuel Manirambona, directeur adjoint de la prison de Muramvya, indique que le démarrage du projet remonte à un an et demi. Il vise trois objectifs. D’une part le projet vise l’augmentation de la production. Selon lui, le projet revêt une importance capitale, car il touche  un des points sensibles de la vie en milieu carcéral, à savoir l’alimentation et l’amélioration des conditions de vie des détenus malnutris.

Selon ce responsable, une partie de la production sera donnée aux détenus malnutris. Une autre partie sera vendue pour renflouer les caisses de la prison.

D’autre part, il va aider à préparer les détenus à la réinsertion sociale. Etant donné que la plupart des détenus sont encore jeunes, fait savoir M. Manirambona, il ne faut pas qu’ils restent assis à longueur de la journée. « Nous voulons que ces jeunes puissent appliquer ces connaissances acquises dans leur milieu de vie afin d’éviter l’oisiveté qui les pousserait à la récidive ». Et de préciser qu’il y a des détenus qui retournent en prison parce qu’ils n’ont pas été bien préparés à la réinsertion sociale.

Enfin, le projet veut montrer à l’opinion que les détenus peuvent contribuer au développement du pays. Ils sont souvent étiquetés, précise M. Manirambona, d’incapables sauf de faire le mal. « Cela serait une grande perte pour le gouvernement burundais de continuer à nourrir des détenus alors qu’ils ne produisent pas ».

Interrogés sur le nombre et les critères de sélection des bénéficiaires du projet, Samuel Manirambona précise qu’une centaine de détenus ont appris les techniques sur la pisciculture. « Nous comptons impliquer un grand nombre de détenus dans ce projet ».

Quant aux critères de sélection, il fait savoir que les bénéficiaires sont les détenus qui vont purger leurs peines dans un délai ne dépassant pas une année.

De son côté, Veston Ndayishimiye, chef de service production à la prison de Muramvya, reste confiant quant à la production. Il précise que le projet piscicole a visé deux sortes de poissons (carias et tilapia). Selon ce responsable, chaque étang piscicole a une superficie de 200 m2 et au départ 1200 poissons ont été mis dans chaque étang.

Selon lui, la première pêche est projetée au mois de février. Nous avons déjà effectué un contrôle de pêche et nous avons remarqué que les poissons se sont multipliés. «Nous estimons une production variant entre 2 à 7 tonnes ».

Quant aux défis, le directeur adjoint de la prison fait savoir que les installations sont menacées par les pluies diluviennes. Ces dernières risquent de détruire les étangs piscicoles. Par ailleurs, tient-il à ajouter, l’alimentation des poissons pose souvent problème. Ainsi un poulailler a été installé au-dessus de chaque. Les poissons se nourrissent de la fumure, explique-t-il, en provenance de ces poulaillers. Et d’ajouter que suite à la diminution de l’eau pendant la saison sèche, la production risque de diminuer.

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