L’hôpital de Muramvya et sa localité n’ont pas d’eau potable. La population recourt aux bornes fontaines des vallées. Les autorités refusent de communiquer.
<doc4322|left>C’est aux environs de 9h, au chef-lieu de la province Muramvya, dans la vallée de Gakarakara. Ils sont plus de cinq enfants venus pour puiser à la borne fontaine. Dushimwe Bilal est le plus âgé. Après que chacun ait fini de puiser, ils rentrent. Le trajet prend 30minutes environ, comme l’affirme l’un d’entre eux.
Chacun prend son bidon, de cinq litres au moins, à l’exception de Bilal portant celui de vingt litres sur la tête, et un autre de cinq dans une main. En cours de route, sur la pente de la colline Ndago, la fatigue commence à se faire sentir. « Le robinet qui était près de la maison n’a plus d’eau, nous sommes obligé de descendre dans la vallée », se lamente-t-il. Ecolier, il est en quatrième année primaire. Il précise qu’il doit toujours venir puiser dans cette vallée avant d’aller à l’école, même les après-midis. Soudain, une gamine de 4 ans s’écrie, «au secours, aide-moi», fatiguée de porter un bidon de cinq litres. Dans ce groupe, la plupart n’a pas encore atteint l’âge de scolarisation.
Après environ une heure de temps, croisant de nouveau ce groupe d’enfants, nous pensons qu’ils traînent des pieds. «C’est un autre tour que nous faisons », font-ils remarquer. Malgré multiples sources dont disposent Muramvya, le manque d’eau est une réalité au chef lieu de la province.
Les autorités refusent de communiquer
L’hôpital de Muramvya passe environ cinq mois sans eau. « Va chercher le gouverneur », telle est la réponse du directeur dudit hôpital, à notre requête de le rencontrer pour qu’il s’exprime sur la situation.
Contacté sur ce point, le médecin provincial trouvé sur les lieux, ne désirant pas s’exprimer, renvoie la balle à l’un des conseillers du gouverneur qui était avec lui. « Il n’y a pas de problèmes d’eau à Muramvya », dit ce dernier. Selon lui, l’eau venant à grand débit est la cause des quelques coupures qui surgissent actuellement, provoquant la déconnexion des tuyaux dans la Kibira. Et les rumeurs d’insécurité planant dans cette localité ne permettent pas aux techniciens d’aller régler l’affaire.
Pourtant, à notre demande d’étancher notre soif, l’un des employés de l’hôpital nous a répondu sans ambages : « Non, ça fait des mois que nous n’avons plus d’eau. Même les hospitalisés puisent dans la vallée. » Joint par téléphone, Peraudin Bitariho, directeur de la Regideso à Muramvya, a refusé de s’exprimer sur ce sujet : « Je ne peux rien dire sur un media. » La population rencontrée regrette cette pénurie malgré les innombrables sources dont regorge la province.