Suite à une rupture prolongée du stock de blé, il y a un mois, trouver de la farine sur le marché était devenu quasi impossible. Mais, depuis quelques jours, la situation semble s’améliorer. Pourtant, les commerçants redoutent toujours une éventuelle pénurie.
A l’origine du problème, la logistique. « Les bateaux qui devraient acheminer le blé au port de Dar- es- Salaam ont accusé plus de 4 semaines de retard », explique Pierre Claver Ntareme, directeur de l’usine Minolacs.
Une situation, poursuit-il, qui s’est répercutée sur toute la chaîne de production. « A ce moment, mêmes les camions qui acheminent le blé directement à notre usine accusent un retard dans la livraison ». M .Ntareme affirme que malgré tout, tant bien que mal, ils ont continué à travailler. « Nous en avons profité pour faire la maintenance de nos machines ».
Toutefois, il déplore un manque à gagner énorme pour l’entreprise. Avec une production journalière de 140 tonnes, à raison de 37.500 BIF le sac de 25 kg, en deux semaines, il révèle que l’entreprise a perdu plus de 800 millions BIF.
Et d’assurer : « Avec les récentes livraisons, actuellement, la situation est sous notre contrôle ». Avec plus de 12.000 tonnes de blé importées, il indique qu’ils seront à mesure d’approvisionner tous leurs clients. «Dans les trois prochains mois, il ne devrait pas y avoir de nouvelle pénurie ».
Dans cette matinée du lundi 18 mars, le calme assourdissant qui règne depuis quelques semaines à l’usine cède la place aux pas empressés des ouvriers. Tellement, ils sont affairés que personne ne salue l’autre en cours de route. « C’est la course contre la montre. Il ne faut pas que j’arrive à temps. Sinon, un autre peut prendre ma place », raconte Marc, un vieil homme rencontré en cours de chemin. A l’usine, mis de côté les bruits des ouvriers et des clients qui viennent s’approvisionner, le vacarme des moulins a repris place.
Les activités reprennent le cours normal
Dans la cour, sous un air enchanté du responsable technique, une cinquantaine d’ouvriers déchargent le blé entreposé sur les dizaines de camions en file d’attente. Sur fond de « Naraduze umudugo » du chanteur Bahaga, ces ouvriers se relaient à tour de bras pour faire vite. Autant dire qu’à cause de cette pénurie, les effets commençaient à se répercuter sur leur quotidien. « Comme nous sommes payés aux camions déchargés, nous devons faire vite», lance l’un d’entre eux.
Ils affirment qu’un léger mieux s’observe. « Avec 4000BIF/jour, nos familles ont de quoi mettre sous la dent » .Un sentiment de joie partagé par les tenanciers de boutique, dans une certaine mesure les éleveurs de bétail. Le prix d’un sac de 25 kg de farine est passé de 37500 BIF à 48000BIF, celui du tourteau de 4000BIF à 8000BIF.
Cependant, malgré ce léger mieux, pas de mal de commerçants redoutent une éventuelle pénurie. Outre, la logistique, ils redoutent que la pénurie des devises ne vienne empirer la situation. En témoigne Dismas, un grossiste. « Rien qu’en deux semaines, j’ai perdu plus de 200 millions BIF. Imaginez ce qui en sera, si la situation venait à se répéter ».Pour les tenanciers des boutiques, l’ombre d’une hausse de prix des dérivés des produits de la farine plane déjà dans l’air. Dans certains points de vente, les effets se manifestent. Égide, boulanger, avoue qu’il a diminué le volume de sa baguette. « Comme, nous ne pouvons pas hausser le prix du pain, nous devons éviter de travailler à perte ».Des craintes partagées par Patrick, un vendeur de beignets à Buyenzi.
« Depuis des jours, en vain, j’essaie d’expliquer aux clients pourquoi le volume n’est plus le même. Mais, ils ne veulent pas comprendre ». Ce dernier craint que si cette pénurie vient à resurgir, la seule solution sera la hausse du prix du pain. Pour pallier cette éventuelle hausse, sans préciser lesquelles, le ministère du Commerce indique avoir pris toutes les dispositions nécessaires.