Dans 4 mois, la province Muramvya va totaliser une année sans gouverneur attitré. Les demandeurs des certains documents sont obligés d’attendre, à défaut de les amener à Bujumbura où l’ex-gouverneur exerce ses nouvelles fonctions. La population de Muramvya affirme ne pas comprendre cette situation qui n’a que trop duré.
Au chef lieu de la province Muramvya, le cabinet du gouverneur est fermé depuis 8 mois. C’est le conseiller principal qui s’occupe des affaires courantes sans pour autant satisfaire toutes les demandes de la population.
Ceux qui cherchent des services comme les attestations de bonne conduite vie et mœurs et les dérogations de régularisation de mariage broient du noir. Les quelques citoyens approchés se disent dépassés par les événements.
«Parfois nous nous demandons comment une province comme Muramvya peine à trouver un homme ou une femme capable de diriger cette entité alors que nous avons des milliers d’intellectuels», s’exclame Adolphe.
«Si dans toute la population de Muramvya il n’y a aucune personne qui puisse être gouverneur, qu’on nous choisisse une autre dans les autres provinces», ironise Fabien rencontré dans un bistrot. Pour cette population qui affirme ‘’se sentir orpheline’’ depuis 8 mois, l’attente se fait trop longue.
«Qu’est-ce qui manque pour que nous puissions avoir un gouverneur comme les autres provinces du Burundi», s’interroge Claudette, la quarantaine. Pour certains intellectuels de Muramvya interrogés, c’est une insulte pour toute la population de Muramvya. Pour ces habitants, ce retard de nomination d’un gouverneur est incompréhensible, comme s’il y avait anguille sous roche.
«C’est du jamais vu depuis que la province existe. Nous avons essayé de nous informer sur le pourquoi mais personne ne veut nous donner une réponse. C’est toujours la même réponse, c’est dans une semaine, dans un mois », relève André.
«Pas de consensus dans les communes»
Selon certaines indiscrétions entendues ici et là, ce retard serait dû au manque d’un consensus sur une seule personne à choisir pour un poste du gouverneur. Il y en a qui affirment que ce délai risque de se prolonger encore longtemps au vu des divergences entre les communes qui paraissent profondes.
Les 5 communes qui composent la province de Muramvya se disputent le cabinet. Les grands décideurs de la commune Kiganda et Muramvya croyaient avoir leur tour d’avoir un ressortissant diriger la province. Mais les autres communes seraient insatisfaites des postes qu’ils ont occupés jusque-là dans les sphères de la vie du pays.
«Depuis longtemps, nos deux communes n’ont jamais eu un gouverneur. S’il faut choisir, c’est le tour de Kiganda d’avoir un gouverneur. Notre commune attend cette occasion depuis belle lurette», prévient un natif de Kiganda tout en soulignant que la commune de Muramvya considérée comme rivale est déjà servie car celui qui dirige le parti au pouvoir est de Muramvya.
Ce n’est pas l’avis de certains ressortissants de cette province approchés. Pour ces derniers, sur le plan social et politique, la province de Muramvya s’en sort plutôt bien malgré cette absence. «Mais les choses se compliquent quand il s’agit de signer des chèques de retrait», nuancent-ils.
«Les conseillers qui assurent l’intérim ne peuvent initier un retrait sur le budget de la province ce qui nous gêne énormément en tant qu’hommes d’affaire», estime un commerçant.
Et un autre d’ajouter : «Parfois, c’est l’ex gouverneur qui les signe mais cela prend beaucoup de temps et aussi nous avons peur. Ça peut nous causer des ennuis demain. A vrai dire, il n’est plus gouverneur».