La communauté Batwa de Muramvya s’efforce de bâtir un avenir plus prometteur. Dans la province de Muramvya, certaines familles ont bénéficié d’aides humanitaires qui leur ont permis de se construire des habitations plus dignes. Pourtant, l’absence de terres cultivables demeure un obstacle crucial à leur développement.
« Nous sommes heureux d’avoir quitté nos petites huttes en paille pour habiter dans des maisons en tôle. Même si elles sont en brique adobe, elles nous protègent contre la pluie et le froid. Aujourd’hui, nous vivons avec d’autres communautés sans subir de discrimination », se félicitent des Batwa rencontrés sur la colline Biganda, dans la commune Muramvya.
Nous sommes dans le village appelé « Abana Baseka ». Dans ce lieu, des familles Batwa ont complètement changé leur mode de vie. Elles ont abandonné leur accent distinctif. Elles ont aussi adopté l’hygiène. Elles ont délaissé la poterie pour se consacrer désormais à des activités économiques tels que l’agriculture et l’élevage.
« Par le passé, les Batwa vivaient dans une extrême précarité. Ils n’avaient pas de logement. Aujourd’hui, grâce aux efforts de l’État, ils habitent parmi nous », raconte Monique Simbagoye, une voisine.
Elle explique également que les enfants Batwa fréquentent actuellement l’école et portent des vêtements propres. Ce qui les rend indistinguables des autres. « Il y a quelques années, on reconnaissaît un Mutwa au premier regard. Maintenant, nous partageons même une bière au bar sans aucune discrimination », ajoute-t-elle avec humour.
Deux frères Batwa vivant dans ce village parlent de leur gratitude face à l’aide reçue. « Je vis mieux grâce au soutien dont j’ai bénéficié. On nous a aidés à construire ces maisons », raconte Masabo, le plus jeune.
Cependant, il regrette de ne pas avoir du travail stable ni de terre à cultiver. « Je gagne ma vie en faisant de petits boulots comme portefaix ou ouvrier agricole. Mais, cela reste très instable », se désole-t-il. Il appelle le gouvernement à leur accorder des terres cultivables pour assurer leur vie et se lancer dans des projets rentables.
L’urgence des terres arables
Eric Ndayiragije évoque lui aussi les dures conditions de vie qu’ils connaissent. Quand il pleut, certains parmi eux sont obligés de se réfugier dans un coin de leur hutte pour éviter l’eau qui s’infiltre. « Aujourd’hui, nous sommes soulagés même si certains Batwa vivent encore dans des huttes », souligne-t-il.
Pour subvenir à ses besoins, il indique qu’il loue des terres et cultive des patates douces. « Je fais partie d’une coopérative. Chaque vendredi, nous cotisons. Cela me permet d’emprunter de l’argent pour louer un terrain. », raconte-t-il. Ses activités agricoles sont rentables grâce au fumier organique provenant des animaux domestiques, même si certains ne lui appartiennent pas directement. « Les voisins me prêtent des animaux. Lorsqu’ils ont des petits, ils m’en cèdent un selon un accord préétabli », explique-t-il.
M. Ndayiragije insiste sur l’importance de disposer de terres. « Nous sommes reconnaissants pour les initiatives déjà mises en place, mais nous avons besoin de terres cultivables. Sans base, il est difficile de construire un avenir. »
Une pénurie de terres inoccupées
Filda Nahimana, cheffe de la colline Biganda, reconnaît le problème. Mais, elle signale que la colline ne dispose plus de terrains inoccupés. « Nous comprenons leurs besoins. Mais, l’accroissement rapide de la population burundaise complique les choses. Nous avons toutefois soumis leurs doléances aux instances supérieures », assure-t-elle.
Le gouverneur de la province de Muramvya confirme que les terres arables disponibles sont épuisées. « Nous n’avons pas oublié la communauté Batwa. Toutefois, nous devons attendre des solutions de notre hiérarchie », déclare Ephraïm Ndikumasabo.
Une famille exemplaire
Sur la colline Musagara, dans la même province, la famille Bingira se distingue des autres. Leur maison en dur et ornée d’une belle peinture, illustre leur réussite. Eusidonie Ndarubayemwo, l’épouse de Bingira, explique que l’éducation de leurs enfants a été la clé de ce succès. « Nous nous sommes privés de beaucoup de choses pour scolariser nos enfants. L’un d’eux est devenu policier et nous soutient financièrement. C’est grâce à lui que nous avons acheté ces meubles », raconte-t-elle avec fierté.
Renoncer à la mendicité
Vital Bambaze, directeur exécutif de l’Uniproba (Unissons-nous pour la Promotion des Batwa), exhorte les Batwa à travailler dur et à s’éloigner de la mendicité. « Nous devons montrer que nous sommes capables d’accomplir de grandes choses », déclare-t-il.
De son côté, Innocent Icobireza, un Mutwa titulaire d’un diplôme des Humanités générales, estime que la représentativité des Batwa dans les instances de décision reste insuffisante. « Chaque colline devrait avoir une commission dédiée à suivre la situation de cette communauté », suggère-t-il.
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