Un terrain de 7 hectares en commune Rugombo est au centre d’un conflit entre les habitants, plus de 3000 déplacés de guerre dans les années 90, et quatre familles propriétaires. La Commission Nationale Terres et autres Biens dit être au courant de l’affaire mais attend la décision de l’administration communale. Le président du conseil communal promet une solution prochainement.
<doc7579|left>Secteur Munyika 2, communément appelé Kigwati. Assis devant sa maison, André Ndaruzaniye lâche : « Nous n’accepterons jamais de quitter nos parcelles car c’est l’administration qui nous les a données. » Selon lui, ceux qui revendiquent la propriété de ces 7 hectares n’ont qu’à s’en prendre à l’administration.
L’affaire remonte au lendemain de la crise de 1993. Plusieurs milliers de gens fuient différentes localités de la province Cibitoke pour le chef-lieu de la commune Rugombo. En visite dans cette commune, Pierre Buyoya, alors Président de la République, donne l’ordre à Joseph Havyarimana, alors administrateur communal, de chercher comment loger décemment ces déplacés. L’administration aménage en conséquence un vaste espace et y trace plus de 400 parcelles.
Chaque famille construit une maison et bénéficie de fenêtres, portes et tôles de la part de l’ONG ADRA. Quelques années plus tard, le secteur est doté de l’eau potable et de l’électricité. Un nouveau quartier, moderne voit le jour.
<doc7577|left>« Nous avons cru à une décision provisoire… »
Toutefois, ce développement n’est pas du goût de tout le monde. En 1999, quatre familles adressent une correspondance au gouverneur de la province Cibitoke pour dénoncer ce qu’elles nomment « une spoliation de la commune Rugombo à leur égard ».
Elles accusent, entre autres, la commune d’avoir laissé ces déplacés construire des maisons en dur sur leurs propriétés alors que l’installation de ces déplacés sur ce site était, à leurs yeux, momentanée : « Nous avons cru à une décision provisoire, qu’ils resteraient ici le temps que la situation sécuritaire s’assainisse et qu’ils retourneraient ensuite chez eux. »
Ces quatre familles réclament une indemnisation en bonne et due forme ou alors de récupérer leurs terres : « Nous y avions des champs qui permettaient de nourrir nos familles, mais, depuis, nous vivons dans le dénuement total », se désole Benoît Ntahe, l’un des anciens propriétaires. Leur lettre à l’intention du gouverneur provincial, elle, n’a jamais connu de suite favorable.
Lueur d’espoir à l’horizon
<doc7578|right>Désormais, ils ont porté l’affaire devant la Commission Nationale Terres et autres Biens (CNTB). L’un des responsables de cette commission à Cibitoke nous a indiqué que la commission est au courant de cette affaire : « Il y a quelques jours nous y sommes allés pour écouter les uns et les autres, mais nous avons essuyé des jets de pierres de la part des habitants de ce secteur et nous sommes repartis. »
Des informations à Rugombo indiquent qu’un pare-brise du véhicule de la CNTB a été cassé. La commission attend maintenant que l’administration de Rugombo se prononce sur cette question avant d’entamer d’autres démarches.
James Rufuragira, président du conseil communal de Rugombo, n’y va pas par quatre chemins. Selon lui, même si rien n’a encore été décidé au niveau du conseil communal, une des solutions serait de calculer la valeur d’une parcelle dans cette localité en 1996 pour que les 3000 familles payent les anciens propriétaires. « C’est une solution qui a été expérimentée dans d’autres communes comme Buganda et Murwi et cela a porté ses fruits ». Et de conclure que tout sera fait pour que les deux parties acceptent de se parler et qu’une solution soit définitivement trouvée.