Avec plus de 1 million d’habitants, la cité de Mulongwe est la capitale du territoire d’Uvira. Tous ces habitants empruntent pratiquement une même et seule artère, naguère goudronnée. Quelques traces de cette gloire passée sont encore visibles. Découverte.
<doc4398|right>Cette artère part de Gatumba, à la frontière Est de la RDC avec le Burundi, au port de Kalundu. Avec une jonction avec la route de Bukavu au niveau du rond point Kavimvira. Toute l’activité de cette population semble circonscrit dans ce périmètre. Le commerce, une partie de l’administration, « la maffia »… Tout se joue sur cette artère qui dessert le centre des affaires.
Les tribunaux, les grandes entreprises publiques, les banques, l’évêché… semblent s’être soustraits de la chaleur qui anime la vie de cette cité bientôt élevée au statut de ville. Mulongwe est habitée par une population dynamique. Tôt le matin, déjà, la cité bourdonne. Elle se réveille au rythme des trafiquants et des pétarades des taxi-motos.
Ces derniers, dont la vigilance ne souffre d’aucune faille, guettent les clients à différents endroits. Les « Bakazi », par exemples, elles sont à pied d’œuvre à partir de 5h30. Ces femmes qui assurent le commerce des tissus « wax » et produits cosmétiques entre Uvira et Bujumbura sont parmi les premiers réveillés dans cette cité.
Descendues tôt sur Bujumbura, elles reviennent ravitaillées et se dirigent vers d’autres destinations : Bukavu, Bubembe, Goma, voire Kigali, confie Dada Asha, sont d’autres centres d’approvisionnement ou de ventes des produits qu’elles rapportent de Bujumbura.
Le carburant, et d’autres produits manufacturés dont elles ont reçu la commande ou, ceux dont elles comptent satisfaire la demande, constituent la marchandise pour ces femmes qui attirent par ailleurs les cambistes.
Ces derniers, à l’instar des « Bakazi » dont ils servent en devises, sont aussi des lève-tôt à Mulongwe. Leurs bureaux de changes, de fortune pour la plupart, longent la fameuse artère principale qui, à des moments, est colorée de bleu. A l’heure de pointe où les élèves et écoliers vont ou reviennent de leurs écoles respectives. Des élèves, aussi bien du secondaire que de l’école primaire, dans leurs uniformes bleu-blanc obligatoires, sont aussi un maillon important dans cette ville qui voit à peine s’ouvrir quelques institutions d’enseignements supérieur ou universitaire.
<doc4397|left>Une cité apparemment paisible, mais frappée par le sort
Paisible cité sur le littoral Ouest du lac Tanganyika, Uvira n’a pas échappé pourtant au sort de la plupart des villes de l’Est de la RDC. Elle frémit par moment, face à l’insécurité consécutive aux innombrables guerres qui ont affecté cette partie du pays.
Pas plus tard que dans la nuit du 14 juin dernier, au n° 167 de l’avenue Shishi une famille a perdu 3 membres des leurs, abattus par des bandits à main armée.
Pareils incidents, et autres formes d’insécurité tels des viols, que l’on enregistre de temps en temps, ne semblent pas trop perturber les habitants de cette cité, au point de modifier profondément leur comportement. Loin de là. Ils restent gais, épanouis et on dirait même, heureux, malgré les vicissitudes de la vie. La nuit, les bars et autres débits de boissons et « maisons closes » ne désemplissent.
Dans les bars et autres lieux publics, les télévisions diffusent des programmes sportifs. Curieusement, la population n’est pas friand des émissions des stations de radio et des télévisions locales.
Peut-être que les auditeurs et spectateurs voudraient s’évader un peu. Sortir d’Uvira, son unique grande artère, et cette poussière de la saison sèche, son centre commercial avec des boutiques qui côtoient des gares abusivement appelés parkings… Et son monument qui date de la période glorieuse de Mobutu et qui en vante les mérites…