L’administrateur de la commune Mukaza ordonne les propriétaires des parcelles mitoyennes à celles de l’Ecole secondaire des techniques administratives, ex-Athénée primaire, à les démolir sans délai. Une affaire qui sème la zizanie.
« Aucune lettre officielle ne nous a été transmise pour nous annoncer ce coup dur. » Telles sont des lamentations des propriétaires ayant des parcelles, ne respectant pas les règles de la mitoyenneté entre les parcelles et l’Ecole secondaires des techniques administratives, d’après l’administrateur de la commune Mukaza en mairie de Bujumbura.
Certaines de ces parcelles se trouvent sur l’avenue de la JRR et d’autres sur l’avenue des États-Unis. Toutes sont juxtaposées autour de l’Ecole secondaire des techniques administratives connues sous le nom de l’Ecole ex-Athénée primaire. Les propriétaires grognent. Ils indiquent que cela fait plus de 30 ans qu’ils ont construit leurs maisons dans ces parcelles avec tous les papiers : « Nous sommes réglos, nous avons construit dans nos parcelles tout en respectant les plans cadastraux. »
La genèse
Tout commence par une visite en 2021, d’un agent du Service National de Renseignement (SNR). « Un certain Innocent Museremu est venu nous exiger de démolir nos parcelles sans aucune lettre officielle ou autre document. Je n’étais pas présent et c’est mon fils qui l’a accueilli. Il a dit que nous avons grignoté des terres qui ne nous appartiennent pas », témoignage d’un propriétaire des parcelles sommées de démolir.
Puis, je me suis rendu au SNR, poursuit-il, pour demander des explications : « Curieusement, arrivé là-bas, on m’a dit que le SNR ne traite pas ce genre de dossiers », a-t-il ajouté.
I. B., espérant que cela était derrière lui, nous confie-t-il, hélas le dossier refait surface. Ce lundi 14 novembre, l’administrateur de la commune Mukaza, Rénovat Sindayihebura, a effectué une descente dans ces parcelles. Cette autorité a demandé aux locataires de ces dernières de fermer les portes, et il les a empêchés de vaquer à leurs activités : « Il nous a demandé de fermer les portes, car bientôt, ces parcelles seront démolies », a lâché l’un des locataires.
Ils ajoutent aussi que cette école n’a jamais porté plainte : « Jusqu’ aujourd’hui, on n’a jamais reçu une plainte venant de cette école nous indiquant qu’on a pris une partie de leur parcelle. Le ministère de l’Education, ne nous a jamais adressé une lettre pour qu’on puisse au moins comparaître au tribunal. Que cela passe par voie légale », demandent-ils.
L’école s’explique
Du côté de l’Ecole secondaire des techniques administratives, le directeur de l’école, Isaïe Mbonihankuye, insiste que les 59 ares spoliés par les voisins doivent être remis : « Depuis des lustres, nous avons envoyé des lettres pour réclamer les terrains de l’école. Et nous sommes une institution publique, nous nous adressons à nos supérieurs et ce sont eux qui doivent entrer en contact avec ceux qui ont pris ces terres. »
Il mentionne qu’ils se sont adressés à la présidence directement pour qu’elle prenne en main cette situation : « Et voilà, après tant d’années, ils viennent de réagir. Moi personnellement, je n’y gagne rien, mais l’école doit avoir toute sa parcelle. »
Sur la question de ce dossier au niveau du SNR, le directeur de cette école donne des éclaircissements. Selon lui, le SNR possède un appareil qui permet de mesurer les plans cadastraux avec précision : « Avec nos voisins, on y est allé pour mesurer nos plans et les leurs car ils ont un appareil que je qualifierais de fiable pour bien mesurer les plans. Et l’office burundais de l’urbanisme, de l’habitat et de la construction OBUHA a déjà mis les bornes précisant jusqu’où ils vont démolir. »
Nous avons contacté l’administrateur de la commune Mukaza Rénovat Sindayihebura mais en vain. Sur le compte Twitter de la mairie de Bujumbura, il a appelé les propriétaires de ces parcelles à démolir sans délais les constructions érigées dans l’espace de cette école.
Et sur son compte personnel il a dit : « Un dernier avertissement avant de procéder à un recouvrement forcé d’un terrain de plus de 25 ares spolié par les voisins de l’école. Une mauvaise habitude que nous invitons tout citoyen à décourager, car un bien public est sacré », a-t-il conclu.