Jusqu’au plus tard le 15 décembre 2021, le gouvernement prévoit avoir terminé l’attribution des parcelles dans le quartier Kizingwe-Bihara, commune Muha, au sud de Bujumbura. Une annonce tant attendue par les concernés.
« Nous avons travaillé avec l’administration et l’association des propriétaires des terrains de Kizingwe-Bihara (APTKB). Aujourd’hui, nous déclarons que l’attribution des parcelles est opportune. Les cartes des parcelles sont déjà dessinées. Nous pouvons identifier la parcelle de chaque propriétaire ou acquéreur », a annoncé Déogratias Nsanganiyumwami, ministre des Infrastructures, de l’Equipement et des Logements sociaux. C’était le 9 octobre dernier, lors d’une réunion avec tous ceux qui ont des parcelles dans ce nouveau quartier. Il a été sur le terrain pour vérifier des probables cas de tricheries : « On disait que certains agents de l’OBUHA se sont réservés quelques parcelles. Mais je n’ai remarqué aucun cas.» Et de rassurer que les quelques irrégularités constatées sont en train d’être corrigées.
Le ministre Nsanganiyumwami a donné une période d’une semaine à l’APTKB pour donner une liste actualisée : « Nous allons leur donner une autre semaine pour se concerter avec l’OBUHA pour enlever toutes les coquilles et valider la liste définitive des propriétaires. » Et la première attribution pour cette catégorie, précise-t-il, n’ira pas au-delà du mois d’octobre. « Le temps perdu a été long. OBUHA, ABTKP, nos ingénieurs doivent travailler jour et nuit pour que la population soit rétablie dans son droit». Et le ministère va, par la suite, donner des attestations d’appartenance.
Puis viendra, selon le ministre Nsanganiyumwami, le tour des acquéreurs, au plus tard mi-décembre, qui recevront « des attestations d’attributions provisoires ».
Pourquoi ce retard ?
D’après M.Nsanganiyumwami, le processus de création de l’OBUHA a, en partie, retardé les travaux. Il est le résultat de la fusion de plusieurs organes, a-t-il expliqué, qui étaient chargés de l’aménagement urbain tels la Société Immobilière publique (SIP), l’Encadrement des constructions sociales et aménagement des terrains (ECOSAT), les Services techniques municipaux (SETEMU), le Laboratoire des bâtiments, etc. Un travail qui a duré plus de deux ans pour qu’il y ait remise et reprise. « Les travaux se sont arrêtés. Et ce nouvel office n’avait pas de personnel. Il n’avait que 16 personnes nommées par décret ». Pas de secrétaires, de chauffeurs, de garçons de bureau, etc. « Mais, aujourd’hui, l’OBUHA a environ 400 employés. Ils sont affectés au niveau national. Ce qui prouve qu’avec la volonté des uns et des autres, toutes les questions liées au foncier peuvent trouver une solution».
Pour ce quartier, l’accord de viabilisation avait été signé en 2016. « Là, il s’agit d’une viabilisation par intégration. C’est-à-dire qu’il y a eu un accord entre l’Etat et les propriétaires », a précisé le ministre Nsanganiyumwami. Et via cette convention, 57% de la superficie des parcelles reviennent aux propriétaires et 47% à l’Etat représenté à l’époque par la SIP.
Ce membre de l’exécutif indique que quelques facteurs locaux ont aussi handicapé les travaux : « Vingt-sept familles des natifs ont refusé d’être indemnisées. Leurs maisons se trouvent là où devaient passer des avenues et des canalisations d’eau. » Et de leur faire un clin d’œil : « J’aimerais les informer que l’indemnisation est donnée suivant le code de l’aménagement et de l’urbanisme. »
Le ministre soutient que ces familles n’ont pas de procès : « La loi dit que personne ne peut pas se rebeller contre un projet de viabilisation d’une localité. » Ainsi, deux semaines leur ont été accordées pour quitter les lieux et aller récupérer leurs indemnisations. Elles viennent de passer deux ans sur le compte de l’Etat, d’après le ministre Nsanganiyumwami.
Concernant la démolition, ce dernier est catégorique : « Si elles ne le font pas, on va le faire et elles vont payer la facture de démolition. Elles vont même payer la facture de ceux qui viendront tracer ces avenues. Cela ne sera pas facile pour elles. »
Il a d’ailleurs révélé que le coût de viabilisation de ce quartier s’élève à plus de 16 milliards BIF.
Douze autres familles auraient érigé leurs maisons après le début des travaux. « Elles ont obstrué les passages des avenues pour avoir des frais d’indemnisation». Mais, il reconnaît que, selon les témoignages recueillis à Kizingwe-Bihara, ces familles seraient là bien avant le début. « Ainsi, nous avons décidé que nos techniciens calculent d’abord la valeur de leurs maisons. Et elles seront mises ensemble avec les 27 autres familles. L’Etat va enquêter».
Il fait savoir que s’il est avéré qu’elles ont construit après le lancement des travaux, elles seront dans la même situation que les 27 familles : « Elles n’auront pas d’indemnisation. Au cas contraire, celui qui devrait calculer leurs frais d’indemnisation et qui ne l’a pas fait, risque de supporter le coût. C’est cela l’Etat laborieux.»
Certains acquéreurs n’ont pas aussi terminé le paiement. Il leur a aussi rappelé qu’aucun acquéreur n’est autorisé à vendre sa parcelle : « Si tu le fais en cachette, cela restera dans la clandestinité. L’acheteur n’aura jamais le titre de propriété. »
Un ouf de soulagement
A Kizingwe-Bihara, tout est prêt. Les routes sont tracées, les bornes de chaque parcelle sont visibles. En attendant, on y trouve surtout des champs de manioc. Il y a aussi quelques maisons appartenant aux natifs. Et les concernés par ces attributions sont satisfaits. « Cela faisait déjà deux ans d’attente. J’ai déjà payé. Espérons que cette fois-ci, ils vont nous autoriser à construire », confie I.K., un des acquéreurs. Il demande à la Regideso de penser à l’alimentation en eau et en électricité. Isidore, lui, a acheté sa parcelle, il y a quatre ans : « Je suis très impatient. Quand j’ai payé mon argent, je pensais qu’en moins de deux ans, je serais chez moi. Mais, vaut mieux tard que jamais. Nous pensons que le ministre va tenir sa promesse. » Concernant les 27 familles accusées d’avoir refusé l’indemnisation, B.E. demande que des enquêtes soient bien menées pour ne pas les punir injustement : « Peut-être qu’elles n’ont pas été prises en considération. » Pour lui, certains techniciens de la SIP n’auraient pas bien accompli leur tâche.