Destruction des maisons, des infrastructures publiques, des étendues de cultures, … une partie des habitants de la zone urbaine de Musaga en commune urbaine de Muha vit la peur au ventre. Et ce, à la suite des glissements de terrain devenus très menaçants. Une intervention rapide de l’Etat est sollicitée. Reportage.
Kamesa est l’un des quartiers de la zone urbaine de Musaga aux allures d’une localité rurale. Il est traversé par la route nationale numéro sept (RN7). C’est à environ 5 km du parking de Musaga vers le Centre et le Sud du pays. Là, tout semble normal. Seul le délabrement de ce tronçon de la route et les nids de poule peuvent attirer d’attention. Il s’agit d’un quartier non-viabilisé où dominent des constructions anarchiques. Du petit commerce des fruits, des frites de patate douce et bien d’autres petites activités s’y développent. La circulation vers le Centre et le Sud du pays y est intense : des bus de transport en commun, des poids lourds ainsi que d’autres engins automobiles empruntent la RN7.
Néanmoins, derrière ces maisons qui bordent la route, on se retrouve face à une situation terrifiante. Des glissements de terrain ont déjà causé plusieurs dégâts. On y observe un ravin qui ne cesse de s’élargir vers des habitations restantes. Plusieurs maisons se sont déjà écroulées, d’autres sont au point de s’effondrer. Les occupants ont trouvé refuge chez des familles amies. D’importantes étendues de cultures tels que les manguiers, les orangers et les palmiers à huile sont déjà dévastées. Des arbres et des bambous qui servaient de stabilisation des rives du ruisseau appelé Kamesa ont déjà cédé. En cette période pluvieuse, les habitants ne savent plus à quel saint se vouer. « Quand la pluie tombe, c’est l’alerte générale. On se réveille. On reste aux aguets pour ne pas se retrouver dans ce ravin. C’est terrible », décrit Gaspard Sindayigaya, un habitant de Kamesa. « Des grands courants d’eau viennent des montagnes et nous envahissent. Un phénomène qui s’accentue du jour au jour », poursuit-il.
En outre, Sindayigaya est aujourd’hui en situation de sans abri. Il vit avec sa famille dans une tente, au bord du ravin, après que sa première maison se soit effondrée. Pire, il n’a pas d’espace pour se construire une autre maison. En effet, avec plusieurs autres familles, il habite dans un espace coincé entre la RN7 et le ravin du malheur. « On nous avait promis de nous installer ailleurs pour nous dire plus tard qu’il n’y avait pas de place où nous caser », se lamente-t-il.
Il remercie toutefois le bon Dieu parce qu’il n’y a pas encore eu de dégâts humains causés par le ravin dans le quartier Kamesa : « C’est souvent pendant la journée que ces glissements se passent. Et quand c’est la nuit, les gens sortent de leurs maisons pour attendre dehors.», informe-t-il.
Il informe aussi que des pertes économiques sont déjà énormes. A titre illustratif, il signale qu’une mangue de petite taille coûte 100 francs burundais. Or, plusieurs pieds de manguiers ont été déjà emportés par le ravin. Ce qui constitue une perte de source de revenu pour les propriétaires » Il en est de même pour les palmiers à huile puisqu’une bouteille d’huile de palme est à 4 000 francs burundais voire plus.
Les administratifs à la base s’inquiètent aussi. Didier Ndizeye, chef du quartier Kamesa indique que trente familles ont déjà vidé les lieux après l’effondrement de leurs maisons. « D’autres maisons sont au point de s’écrouler. Nous avons peur. Aujourd’hui, ces familles sont dans la désolation totale et logent chez des amis. Elles avaient contracté des crédits pour avoir des logements et voilà qu’elles se retrouvent aujourd’hui sans-abris. » Avec la destruction des champs de maïs et de haricot cet administratif à la base redoute que les gens ne vont pas trouver assez à manger.
M. Ndizeye signale également que des poteaux électriques qui se trouvent tout près des maisons sont aussi menacés. « Imaginez-vous s’il advenait que ces poteaux s’écroulent. Des dégâts humains énormes pourraient éventuellement s’en suivre. La RN7 ainsi que les petites voies de communication ne sont pas non plus épargnées.
Des signaux rouges à Nyamutenderi
Ce n’est pas seulement au niveau du quartier Kamesa que la RN7 est menacée. Elle est aussi à quelques km vers Buhonga. En effet, sur la colline Ruyaga, sous-colline Nyamutenderi, à environ 6 km du parking de Musaga, un grand éboulement de terrain s’y observe. Il arrive à moins d’un mètre de la RN7. Ce ravin a aujourd’hui une profondeur d’une vingtaine de mètres. Les habitants environnants lancent une sonnette d’alarme. Selon Gaspard Nyarunazi, un habitant de cette localité, quand la pluie tombe, ce ravin s’élargit. « Et cette situation vient de durer plusieurs années. Je suis sûr que les autorités sont au courant. Si l’Etat était intervenu à temps, il n’aurait pas aujourd’hui cette profondeur. Il y a eu une négligence. A l’état actuel des choses, s’il n’y a pas une intervention rapide, attendons-nous à la coupure de la RN7 », prévient-il.
L’éboulement de terrain de Nyamutenderi a par ailleurs fait ses victimes puisque des dégâts humains y ont déjà été enregistrés. En effet « Deux personnes sont déjà mortes-là bas. Des passagers qui sont sortis des véhicules pour aller se soulager. N’ayant pas vu qu’il y avait ce gouffre, ils y sont tombés la mort s’en est suivie », témoigne une femme de cette localité.
On compte aussi des pertes matérielles. M.Nyarunazi donne l’exemple des maisons, des arbres, y compris des arbres fruitiers sont déjà partis. Il cite notamment les manguiers, les palmiers à huile, des eucalyptus, des champs de manioc et bien d’autres plantes. « Or, un seul pied de manguier peut donner 200 000 francs burundais au propriétaire par an tandis que pour le palmier à ’huile, il peut encaisser 500 000 francs burundais par an », précise-t-il.
De son côté, Fabien Baranyizigiye, chargé du développement de la colline Ruyaga, commune Kanyosha estime que le plus urgent est de sauver la RN7. Car «il s’agit d’une infrastructure publique très importante. Elle sert principalement tout le Sud et le Centre du pays. Et quand la RN1 n’est pas praticable, tous les véhicules qui se rendent à Gitega, Ruyigi et Cankuzo passent par ici. » Il ajoute que deux églises sont également menacées. Il s’agit de l’église Adventiste du 7e jour et celle Pentecôte. Le cimetière de Kabumba ne sera pas aussi épargné par ce ravin. Il en est de même pour les infrastructures des compagnies de télécommunications comme l’antenne téléphonique de Leo et des poteaux de Vietel installés non loin de ce ravin.
Ces cas ne sont pas isolés
Le cas Kamesa et celui du ravin de Nyamutenderi ne sont pas les seuls à faire peur à la population. En mairie de Bujumbura, pareils cas sont nombreux. A Mutanga-Sud, dans le quartier Mugoboka, des glissements de terrain y sont fréquents. Certaines maisons se trouvant au bord de la rivière Ntahangwa se sont écroulées. D’autres portent des fissures. A Mutanga-Nord, la population tremble aussi. Dans le quartier Gikungu rural, zone urbaine de Gihosha par exemple, la situation est alarmante. Le ruisseau Nyenzari a déjà emporté une vingtaine de maisons à cause de l’érosion de ses rives. Beaucoup d’autres habitations sont au point de s’affaisser sous les yeux impuissants des propriétaires. « Ici, il y avait un vaste terrain avec beaucoup d’arbres derrière les maisons. C’est par après qu’on a remarqué de grandes fissures apparaître progressivement », raconte un habitant de Gikungu rural. Il indique que beaucoup de personnes ont déjà vidé les lieux avant de s’indigner que « Si nous sommes ici, c’est parce que nous n’avons nul part où aller. »
Pour sa part, la prénommée Cassilde, une autre habitante de la localité, témoigne qu’elle est dépassée par les événements en ces termes : « Cette situation est très déplorable. Nous n’en pouvons plus. Nous avions des maisons qui étaient en location pour pouvoir couvrir nos soins de santé, la ration et payer les impôts locatifs. »
Comme à Kamesa, ceux qui sont encore là passent des nuits blanches en attendant le jour fatidique : « Le ravin ne cesse de s’agrandir. Nous n’avons plus des nuits tranquilles. Trois familles ont déjà quitté le lieu et maintenant c’est notre maison qui est menacée. », s’inquiète Cassilde.
Dans d’autres localités de la mairie de Bujumbura comme à Winterekwa et Kanyosha, des ravins se remarquent.
Un appel au secours
« Que l’Etat fasse tout pour boucher ce ravin comme on l’a fait à Kigobe sud. Sinon, même la ville de Bujumbura est exposée. Et pour cause toutes ces terres qui partent descendent vers là. Afin de protéger la ville, il faut que les travaux commencent dans les montagnes. Sinon, tout ce qu’on fait en aval, c’est peine perdue », plaide Gaspard Ndikubwayo, un habitant de Nyamutenderi. « Pour que nous nous sentions en paix, il faut que le gouvernement nous installe ailleurs en attendant la stabilisation de ce ravin. Aujourd’hui, il y a des familles qui ne vivent plus ensemble. Il leur est très difficile même d’avoir de quoi manger », signale, à son tour, Gaspard Sindayigaya, de Kamesa avant de faire observer que le grand problème de ce quartier est le manque de canalisation : « Il n’est pas viabilisé. Le gouvernement devrait mettre beaucoup d’efforts pour nous sauver »
Didier Ndizeye, chef de quartier abonde dans le même sens. Il signale que ce ravin peut être lié à la concentration humaine qui s’y remarque. Il affirme qu’il a déjà informé l’administration communale ainsi que l’Agence routière du Buundi (ARB). « Elles sont venues ici pour faire le constat. Elles nous avaient promis de commencer les travaux de stabilisation du ravin mais, jusqu’aujourd’hui, les travaux n’ont pas encore commencé. Nous demandons au gouvernement de nous sauver. Qu’il ne se préoccupe pas seulement des quartiers riches comme Mutanga Nord, Kinanira et Gasekebuye, Il faut penser aussi au bas peuple » indique-t-il. Il estime que les travaux doivent être précédés par une étude des experts en la matière.
Que ce soit à Mugoboka ou Gikungu-rural, on crie aussi au secours. « Nous demandons au gouvernement de voir comment réhabiliter les berges de ce ravin qui devient de plus en plus profond », lance un riverain du ruisseau Nyenzari, à Gikungu-rural. Pour lui, les travaux revêtent au caractère urgent afin d’éviter que tout un quartier ne soit effacé.
Anticiper dans le temps
Approché à ce sujet, l’environnementaliste Tharcisse Ndayizeye trouve que comme les occupants de ces endroits y ont investi ainsi que construit des maisons pour leurs enfants et familles, le pays devait élaborer un grand projet pour exécuter des travaux de protection et de réhabilitation de la localité. « Le pays peut prévoir ses propres moyens et demander un appui financier aux partenaires techniques et financiers. Nous sommes dans un contexte des changements climatiques. La naissance des ravins, des glissements de terrain, des inondations fait partie de ses impacts. Le principe de pollueur-payeur doit être appliqué d’autant plus que nous subissons souvent des conséquences des actions exogènes. »
Notre environnementaliste propose de commencer la réhabilitation dans les montagnes qui surplombent la ville de Bujumbura afin d’exécuter des travaux durables avant d’ajouter qu’« il faut anticiper dans le temps pour protéger ces rivières avec des études préalables et installer de grands ouvrages susceptibles de canaliser une telle quantité d’eau. Aussi, ces travaux doivent être projetés à long terme »
M.Ndayizeye affirme que la population a un rôle à jouer pour prévenir ce genre de situation. Néanmoins, il revient sur la fonction régalienne de l’Etat puisque « C’est lui qui a les moyens de faire des études, d’empêcher les gens à construire anarchiquement et dans des zones à risque.»
Il rappelle que dans le temps, ces montagnes n’étaient pas habitées. Elles étaient boisées et destinées à l’agriculture. « Mais, aujourd’hui, des gens s’y sont installés et construit des maisons. Ce qui a conduit à l’imperméabilité du sol. Les eaux pluviales ne s’infiltrent donc plus. Elles ruissellent créant ainsi de petits ravins qui finissent par s’agrandir et causer des dégâts. Avec une forte pression, toutes ces quantités d’eaux de pluie se dirigent vers les rivières et ravagent tout sur leurs passages. »
Le gouvernement est au courant mais…
Interrogé par un député le mardi 9 janvier 2024 sur cette situation de Kamesa, Dieudonné Dukundane, ministre des Travaux publics et des infrastructures a reconnu que cela inquiète en ces termes : « Nous avons actuellement beaucoup de ravins. Beaucoup. Et cela fait peur. On s’interroge. » Il estime qu’il existe trop de ravins si bien qu’il est difficile de trouver des moyens d’urgence pour les boucher et les stabiliser. En attendant, il conseille aux gens de se déplacer et de s’installer ailleurs. «En collaboration avec l’administration, nous pouvons chercher le lieu de leur délocalisation. » avant de conclure que si un ravin n’est pas stabilisé convenablement, il poursuit sa progression jusqu’au lac Tanganyika.
Ces ravins se forment et se dégradent petit à petit jusqu’à atteindre aujourd’hui des dimensions dangereuses et incontrôlables. Pourquoi n’a-t-on pas pris des mesures au début quand la situation était encore gérable et pendant que la solution pouvait coûte moins cher.
Je vous cite deux proverbes kirundi qui nous rappelle qu’il faut toujours agir à temps: 1. Wanka kugarura impene ikiri hafi, yamara kurenga imirambi ukabira nkayo. C’est exactement les « maborogo » qu’on entend à gauche à droit quand on attend trop jusqu’à ce que les ravins arrivent devant nos portes.
2. Bagorora igiti kikiri gito.
Comme quoi nos ancêtres avaient le sens de la prévoyance qui nous manque cruellement. C’est dommage que l’autorité n’arrive pas à organiser la population autour de la préservation de leur milieu. Qu’en pense le service de la Protection civile? Sait-elle qu’il vaut mieux prévenir que guérir?
1.Mwanditse muti:« Et ce, à la suite des glissements de terrain devenus très menaçants. Une intervention rapide de l’Etat est sollicitée…..
Seul le délabrement de ce tronçon de la route et les nids de poule peuvent attirer d’attention. Il s’agit d’un quartier non-viabilisé où dominent des constructions anarchiques. Du petit commerce des fruits, des frites de patate douce et bien d’autres petites activités s’y développent… »
2. Ico ndabivuzeko
a). Jewe ejo bundi naratangaye numvise ingene nyenicubahiro perezida Varisito Ndayishimiye yasiguye ko umurundi atokwidodomba ko ari umukene kuko iyo ariye ivoka aba yerekanye ko afise itunga ringana n’amadolari atanu KUKO NICO GICIRO C’IVOKA RIMWE MURI AMERIKA.
https://www.youtube.com/watch?v=k8gV_to6mZ4&t=149s
b). Abarundi twubaka mukiyaya c’Imbo (muri valee du Rift) twari dukwiye kuraba ko hari ico twokwigira kubindi bihugu nko ku Buyapani bwashoboye kubaka ikibuga c’indege ca Kansai ahahoze hari amazi gusa.
« Le projet prévoyait la construction d’une île artificielle de 4 kilomètres de long sur 1 de large, selon la technique umetate-chi. La difficulté du projet était accentuée par les risques sismiques (très élevés) et les typhons, avec des élévations du niveau de la mer pouvant atteindre 3 mètres… »
https://fr.wikipedia.org/wiki/A%C3%A9roport_international_du_Kansai
c). No kubona gusa inzu nyishi z’amatafari y’ivyondo mugisagara ca Bujumbura birakwiye mukwerekana ko igihugu gikenye.
Iyi video irerekana ingene Aeroport internaational du Kansai yubatswe.
https://www.youtube.com/watch?v=3iIOmzplckU&t=8087s