Des motocyclistes exerçant dans la commune Muha au sud de la ville de Bujumbura déplorent la mesure leur interdisant de s’approvisionner en carburant dans des réservoirs démontés de leurs taxi-motos. Ils appellent l’administration à leur réserver une station-service.
« Avant la mesure nous interdisant de chercher le carburant avec des réservoirs, on pouvait s’approvisionner dans le centre-ville ou dans les autres zones le matin pour reprendre le travail dans l’après-midi. Malgré la fatigue, cela nous favorisait. Avec l’interdiction, la situation empire », indique Vénuste Nyabenda, motocycliste exerçant dans la zone Kanyosha en commune urbaine de Muha.
Il regrette qu’il doive passer jusqu’à trois jours sur une file d’attente devant la seule station-service pouvant servir du carburant dans la zone Kanyosha. « Ainsi, on n’a que deux ou trois jours pour travailler dans la semaine. Comment pourra-t-on subvenir aux besoins de nos familles dans de telles conditions ? », s’interroge ce père de deux enfants.
Pour parvenir à travailler le plus de temps possible, explique-t-il, on doit recourir au marché noir où un litre d’essence s’achète à 10 mille BIF.
Pour Jean de Dieu Nkunzimana, un autre motard rencontré dans la zone urbaine de Kanyosha ce 17 août, trouver le carburant est devenu un casse-tête. Selon lui, les passagers paient aussi le prix : « Avec un litre de 10 mille, je dois veiller à ce que je trouve le versement de 12 mille pour le propriétaire et la nourriture pour la famille. Je m’excuse pour les passagers ». Et d’évoquer avec amertume des nuits passées sur les files d’attente devant les stations pour finalement rentrer sans être servi.
Des dettes difficiles à rembourser
« Ma famille mange désormais une seule fois la journée. Nous avons contracté des dettes auprès des boutiquiers et cela devient difficile de les rembourser étant dans une situation pareille », se lamente Jean Marie Minani, motocycliste et père de 6 enfants rencontré à la station Interpetrol basée à la sixième avenue dans la zone urbaine de Kanyosha.
Pour ce quadragénaire, des mesures se sont succédées pour enfoncer sa famille dans la pauvreté : « Depuis la mesure fixant la délimitation des motos, vélos et tricycles, la vie a bousculé. Nous avons respecté cette mesure. C’est étonnant qu’on nous interdise aussi de chercher le carburant avec les réservoirs en pleine pénurie ».
Comme il ne parvient plus à travailler tous les jours, il dit ne pas être en mesure d’acheter le matériel scolaire pour ses enfants. « J’enverrai à l’école un seul enfant, les autres vont rester à la maison. Je n’ai pas d’argent ». Et d’exhorter la police à laisser les motocyclistes continuer de chercher le carburant dans les autres zones avec des réservoirs.
D’autres motards demandent que l’administration réserve une station pour seulement les motos et tricycles, comme ces derniers ne peuvent pas se servir du carburant en dehors de leur zone d’opération.
Le porte-parole de la police, Désiré Nduwimana, a indiqué, ce 2 août, qu’il est interdit de s’approvisionner du carburant dans les bidons et réservoirs des motos. Il a appelé les conducteurs des motos à chercher du carburant dans des stations-services se trouvant dans leurs localités.