Pour l’Aprodh, les récentes émeutes à la prison centrale de Mpimba ont une origine d’organisation interne dénoncée par les prisonniers. Mais qui a été transformée en mobile politique.
La prison centrale de Mpimba est divisée en quartiers, eux-mêmes constitués de plusieurs cellules chacun. Ainsi y trouve-t-on un quartier mineur, kw’ikori (où on enfermait jadis ceux qui n’ont pas payé l’impôt), le quartier des femmes et l’infirmerie. Les cellules sont dirigées par des capitas, qui sont sous les ordres d’un général, le chef du quartier. « Chaque matin, le capita doit connaître le nombre des prisonniers présents dans sa cellule et il donne le rapport à son général qui, à son tour, en informe la direction de la prison », indique Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh. Ce qui fait que quand un prisonnier manque, la direction en est aussitôt informée. D’après le président de l’Aprodh, ce sont les généraux et les capitas qui contrôlent également les vivres des prisonniers, ainsi que les rations.
« Les généraux sont, très souvent, des condamnés depuis plusieurs années et qui se comportent bien. Ils ont la confiance de l’administration carcérale et servent de relais entre celle-ci et les prisonniers », ajoute Me Raphaël Gahungu, bâtonnier du barreau près la cour d’appel de Gitega.
Pour M. Mbonimpa, il ne fait aucun doute que les récents incidents à la prison centrale de Mpimba ont des mobiles politiques : « les prisonniers transférés vers les autres prisons à l’intérieur du pays, après les émeutes, sont membres du FNL et du MSD. C’est une sorte de punition. » Cependant, d’après lui, au début, le mécontentement des prisonniers avait une toute autre raison, et ce sont les capitas et les généraux qui en ont fait un incident d’origine politique.
« Ils étaient accusés par les autres détenus de détourner les vivres avec la complicité du directeur. Ce dernier a même un bar à l’entrée de la prison, dont les bières sont entrées clandestinement dans la prison pars le capita et les généraux, et vendues à 3.000 Fbu la bouteille », indique M. Mbonimpa.
Il ajoute que ces généraux ont su, avec la complicité du directeur adjoint, un jeune Imbonerakure, transformer les raisons de ces émeutes en mobiles politiques. D’où le transfert disciplinaire des détenus membres du FNL et du MSD. Interrogé, le directeur adjoint de la prison centrale de Mpimba renvoie au directeur, qui est injoignable.
abahutu basha, hasigaye ko murya Tanganyika…