Nombre de jeunes et d’hommes consomment des stimulants pour booster leurs performances sexuelles. Cela n’est pas sans risques. Ces produits peuvent provoquer un arrêt cardiaque selon les spécialistes. Pour ces derniers, ce sont des médicaments à prendre avec précaution et sur prescription.
L’histoire tragique d’un jeune homme de 23 ans mort subitement sur la colline Butare, commune Kayogoro, province Makamba a suscité de vives réactions sur la toile.
Selon le constat de l’Officier de la police judiciaire, OPJ, le mobile de la mort serait un arrêt cardiaque, car il a rendu son âme au cours des rapports sexuels avec une jeune fille de 17 ans, dans la chambre du défunt au domicile de son père situé sur cette colline.
Des internautes ont donné de nombreuses versions. Certains ont fait preuve de compassion, d’autres ont porté quelques jugements déplacés et d’autres encore ont opté à transformer l’affaire en un sujet de divertissement pour amuser la toile, il y en a qui ont parlé d’un « brave héros mort au combat, tombé sur le champ d’honneur ».
Des réseaux sociaux se sont enflammés pour soutenir la thèse de la mort après avoir pris des stimulants sexuels notamment le sildénafil (viagra). Il s’agit d’un produit agissant pour augmenter le flux sanguin vers le pénis pendant la stimulation sexuelle, ce qui conduit à une érection plus que la normale.
Selon cette théorie, le jeune aurait pris la première pilule, de quoi tenir pendant une heure. Et sa partenaire, n’étant pas satisfaite aurait demandé de prendre la deuxième pilule pour plus de performances. Deux minutes après avoir recommencé l’acte, le cœur aurait cédé.
Cette thèse n’a pas été confirmée, car aucun examen médical n’a été fait pour déterminer la cause exacte de la mort afin de lever l’équivoque. Dans ces conditions, il est difficile de conclure que la mort du jeune homme été provoquée par l’utilisation de ces aphrodisiaques.
Ce cas n’est pas isolé. En mairie de Bujumbura, un enseignant d’université, est décédé dans les mêmes conditions en zone Bwiza. Il venait de fréquenter une professionnelle du sexe.
Selon les informations qui ont filtré, il a succombé à un arrêt cardiaque. Sa partenaire a par la suite révélé que son client en était au sixième coup. Beaucoup ont soutenu la thèse de la prise du viagra, car pour eux, il est hors du commun qu’un homme puisse avoir une telle performance sans stimulant. Pour ce cas, aucune autopsie ou tout autre examen médical n’a été fait pour déterminer les mobiles de ce décès.
Et ce n’est pas tout comme cas : un militaire âgé de 40 ans est mort alors qu’il était en plein acte sexuel dans un hôtel avec une femme de 31 ans en province Cankuzo. L’incident a eu lieu dans la matinée du 7 juin 2023.
Un autre incident à Kayanza : un homme a pris du viagra après avoir fixé un rendez-vous avec une femme dans une chambre d’hôtel. Quand les ébats ont commencé, la femme a senti que l’homme avait une force inhabituelle et cette dernière s’est sauvée en toute vitesse mais l’homme a tenté de la rattraper en vain. Mal en point, cet homme qui avait du mal à courir, a été conduit dans un centre de santé pour prise en charge.
Des produits à haut risque vendus librement
Un agent de la pharmacie en zone Kamenge explique que le sildénafil (viagra) est plus recherché par les jeunes et les femmes professionnelles de sexes.
Pour eux, c’est un produit qui leur permet de faire des exploits au lit. Ces pilules sont de deux sortes et le prix varie entre 500 et 1.000 BIF, la pièce. Un paquet de 4 comprimés se vend à 2.000 ou 4.000 BIF. « C’est un produit plus consommé, car par jour, je peux facilement écouler une vingtaine de boîtes », confie-t-il.
Pour lui, les effets indésirables ne peuvent pas manquer si le concerné ne respecte pas la posologie. Il dit avoir eu un cas où un jeune est venu, car son érection s’est maintenue pendant trois heures.
Je lui ai conseillé d’aller au centre de santé pour qu’il soit pris en charge. A force de prendre des stimulants, poursuit-il, les vaisseaux sanguins du pénis deviennent faibles, ils ne résistent plus. Une impuissance légère ou sévère peut s’en suivre.
« Il faut qu’une érection dure pendant longtemps pour marquer sa partenaire », assure un jeune citadin, la trentaine. Il confie avoir parfois recours aux stimulants sexuels, notamment le viagra. Cette pilule bleue, bien connue et très utilisée, a un effet sur les vaisseaux sanguins du pénis. Il provoque une érection rapide et la maintient plus longtemps, selon ses consommateurs.
Certains témoignages évoquent un autre stimulant, le « pustulu », plus utilisé, ces derniers jours. C’est une sorte de poudre que l’on met sur le pénis pour faire durer plus longtemps l’érection. Selon un autre citadin, ce produit est beaucoup plus utilisé par les jeunes de la capitale. « Pas question que ma partenaire me sous-estime », lâche-t-il, d’un air amusé.
D’autres produits sont vendus et la publicité est faite sur les réseaux sociaux. Des jeunes proposent des aphrodisiaques naturels à base des plantes pour résoudre les problèmes d’éjaculation précoce.
Un jeune lauréat de sciences infirmières de l’université de Mwaro, membre de ’’Forever living product Burundi’’, une organisation qui propose des produits naturels, explique : « Les hormones sexuelles, qu’elles soient féminines ou masculines, influent sur le fonctionnement des organes génitaux, mais également sur la libido et la manifestation du désir ».
Routine, fatigue, stress, déprime, bouleversement hormonal, à tout âge, de nombreux facteurs peuvent altérer la vie sexuelle et l’harmonie des rapports. « Que ce soit une baisse de la libido ou des troubles de l’érection, des solutions existent pour aider à retrouver une sexualité satisfaisante. Huile ou gels de massage, compléments alimentaires aphrodisiaques, accessoires intimes. On peut trouver des stimulants sexuels qui contribueront à redonner votre vitalité », fait-il savoir.
D’après lui, le Forever Multi-Maca est un complément alimentaire composé de plusieurs plantes – le maca, le tribulus terrestris, le muira puama, les baies de sabal et pygeum – et de L-arginine, association qui stimule les performances physiques et intellectuelle ainsi que la libido aussi bien chez l’homme que chez la femme. « Si vous le prenez, au revoir, l’éjaculation précoce », déclare-t-il, fièrement.
Un jeune échappe de justesse à la mort
D.F est un jeune de 28 ans qui a pris du viagra pour montrer sa virilité à sa petite amie et a failli mourir. Il a pris une première pilule 20 minutes avant son arrivée.
Il a pris une autre quand sa fiancée est arrivée. « J’avais en tête qu’il faut être plus performant, car c’était notre première rencontre pour un rapport sexuel. Je ne voulais pas gâcher le rendez-vous ni me faire humilier devant elle. J’avais également peur que son insatisfaction pour ce rendez-vous décisif à 5 mois de notre mariage ne conduise à notre séparation. Malheureusement, c’est ce qui s’est passé », a-t-il déploré.
Le couple s’est dirigé dans la chambre. Sous l’effet du viagra, il était déjà prêt et il fallait plutôt que l’homme prépare sa partenaire. Après une heure sans interruption, sa petite amie était déjà fatiguée et commençait à s’inquiéter.
« J’ai essayé de la rassurer que c’était bientôt fini. Après deux heures, j’étais moi-même épuisé et j’ai failli m’évanouir. Ma fiancée a essayé de m’aider car je transpirais beaucoup. J’avais des maux de tête, des douleurs thoraciques, des brûlures au pénis. Mon érection s’est maintenue pendant deux heures et demie. Après l’éjaculation, j’ai constaté qu’il y avait aussi une petite goûte du sang. J’ai paniqué. Finalement, ma fiancée m’a largué. Elle a dit qu’elle ne peut pas vivre avec un homme malhonnête ».
Des produits dangereux
Le sexologue français Ronald Virag, auteur de Érections, mode d’emploi, évoque des effets cardio-vasculaires nocifs suite à la prise du viagra. Une insuffisance cardiaque et des cas de mort subite chez des sujets jeunes peuvent s’en suivre.
D’après ce sexologue, les aphrodisiaques provoquent également des troubles de l’érection et une importante modification neuropsychique : alternance de dépression et d’agressivité, dépendance qui peut conduire à la consommation des drogues dures.
Selon Serges Harindogo, président de l’Ordre des pharmaciens du Burundi, le sildénafil est un médicament générique pour un traitement vasodilatateur utilisé contre les troubles de l’érection commercialisé sous le nom de Viagra entre autres.
C’est un médicament utilisé pour traiter la dysfonction érectile et l’hypertension artérielle. Il est un médicament qui est donné uniquement sur prescription d’un médecin pour des catégories des personnes ayant un dysfonctionnement érectile pour des raisons de maladies chroniques (diabète…) ou liés à l’âge. Les jeunes n’en ont pas besoin, car dit-il, ils sont encore naturellement performants.
D’après lui, les conséquences sont néfastes. Ces produits peuvent conduire à une sorte de dépendance de façon à ne plus avoir une érection normale sans prendre le produit. Une forte dose peut conduire à une hypotension orthostatique grave voire, un arrêt cardiaque.
Pour lui, une forte dose peut également conduire au priapisme. Il s’agit d’une érection anormale douloureuse et prolongée, plus de 4 heures et qui n’est pas en lien avec une excitation sexuelle.
Le président de l’ordre des pharmaciens du Burundi déplore que ces produits soient plus accessibles. Oui, ils sont en vente libre et très accessibles. « On sait que dans des milliers de pharmacies, il n’y a pas de pharmaciens. Les non-professionnels voient l’argent puisqu’ ils ne savent pas toutes ces conséquences. La pharmacie devient un commerce comme tant d’autres, c’est difficile ».
Serges Harindogo appelle le ministère de la Santé Publique à la sensibilisation sur l’application de l’ordonnance fixant les médicaments à délivrer sur ordonnance entre autres. Il l’invite également à autoriser seulement l’entrée des formes à faible dose.
Il appelle les jeunes à ne pas recourir à ces produits sans prescription médicale. Aux adultes, il conseille de consulter d’abord un professionnel de santé et de respecter la prescription.
Il insiste sur l’exigence d’une ordonnance médicale par les agents en pharmacie avant de donner ces aphrodisiaques. Il insiste également sur la sensibilisation de la population sur le danger de certains produits pharmaceutiques.
Cela fait partie d’un malaise généralisé parmi les jeunes! Les jeunes bandent moins qu’avant. La consommation massive du porno y est pour beaucoup. Les gens veulent performer comme les etalons qu’ils voient sur leurs écrans. Et les jeunes filles ne les excitent pas assez, parce qu’elles ne ressemblent pas à ces actrices porno hyper maquillées et artificielles. C’est la cata mes frères et sœurs! La cata! Il faut rappeler aux gens que l’univers porno est un univers triste. La drogue, l’alcool, les chirurgies esthétiques, les suicides, etc. À trente ans, une actrice porno est complètement lessivée et envoyée à la casse. C’est pas des modèles à suivre. Just saying! Il y a un documentaire sur Netflix intitulé “after porn ends”. Très éclairant sur le sujet.