La présence du monument à la gloire du MPR Parti-Etat, qui demeure jusqu’ici intact à Mulongwe, en territoire d’Uvira, soulève des interrogations. Certains pensent qu’il faut le considérer comme une pièce de musée. D’autres estiment que ce monument n’a plus droit de cité.
<doc4636|left>Plus de 22 ans après le règne du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) Parti-Etat et 15 ans depuis la chute de Mobutu son fondateur, les vestiges de ce régime ne disparaissent pas pour autant en RDC. Il n’est pas rare de rencontrer, par-ci par-là, des symboles qui rappellent cette période. Comme si certains habitants de Mulongwe auraient la nostalgie de cette époque révolue.
A Mulongwe, capitale du territoire d’Uvira naguère chef-lieu du district du Sud-Kivu et récemment élevée au statut de ville, le monument du MPR Parti-Etat nargue la population. Côté visibilité, même le PPRD, Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) ne jouit pas de cette faveur.
Avec ses quelque 7 mètres de haut, ce monument ne cesse de rappeler la période glorieuse du MPR Parti-Etat et le règne sans partage de feu maréchal Mobutu. Et comme toute œuvre d’art, il véhicule un message. En gros, le flambeau qui trône à son sommet est tenu fermement par une main vigoureuse dont le bras sort de la structure de l’édifice. En termes de symboles, ce tison est porté par un guide qui montre aux autres la voie à suivre. Ces derniers sont naturellement des Zaïrois de l’époque, aujourd’hui devenus Congolais. Quant au guide, c’est Mobutu, bien sûr, qui dirige sa population d’une main de fer.
Quoique cette forme de gouvernement (dictature) ne soit plus en cours dans ce pays, nombre d’habitants de Mulongwe, et d’ailleurs peut-être, ne sont pas de cet avis. Ils estiment qu’il y encore des relents du règne Mobutu dans la gestion de la chose publique actuellement. Plusieurs antivaleurs qui ont vu le jour sous Mobutu sont toujours là : la corruption, le népotisme, le tribalisme, le clientélisme politique etc, ont survécu à Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga. Ce qui expliquerait la tolérance manifestée par les actuels dirigeants d’Uvira face à ce monument. Mais les avis sont assez divergents.
Pour Jean Kashindi, cuisinier à l’évêché d’Uvira, la présence de ce monument ne doit blesser ni offenser personne. Il est à considérer comme une pièce de musée. Il nous rappelle et rappellera aux générations futures cette époque de triste mémoire », estime-t-il. Par contre, Emmanuel Nturubika Mukunde, professeur à l’institut Mwanga, considère que ce monument doit disparaître. A Kamanyola, témoigne-t-il, Mobutu ne fait plus partie des personnages représentés sur la fresque qui illustre la bravoure du Guide au combat. Et de poursuivre : « Seuls ses compagnons d’arme, des combattants anonymes tolérés par la population, restent visibles sur ce monument vandalisé au-lendemain de la chute du Léopard du Zaïre. »
Selon lui, ce monument est trop visible. « Il accroche voire, attire le regard du public comme si le MPR est toujours au centre de la vie politique du pays », fait-il remarquer. Pour rappel, Mobutu, de son vivant, a instauré le multipartisme en avril 1990. D’abord avec deux partis, puis sous la pression, il a accepté le multipartisme intégral. Dès lors, les règles du jeu politique ont été modifiées au Zaïre. De Parti Etat, le MPR est devenu un « fait privé ». Et le demeure jusqu’à ces jours.