Lundi 23 décembre 2024

Editorial

Moins 16 milliards de francs burundais !

24/07/2015 16

Antoine KaburaheLe chiffre donne le tournis. Pour le seul mois de juin, l’Office Burundais des Recettes (OBR) accuse un manque de 16 milliards de francs burundais. Mais des autorités, ce chiffre vous ne l’entendrez pas beaucoup. L’heure est à l’autosatisfaction, à la célébration de la victoire « écrasante » du parti au pouvoir.

Les blocages politiques mis de côté, ce mauvais résultat de l’OBR devrait à lui seul tempérer les réjouissances car il n’augure rien de bon : il annonce simplement que le Burundi, à court terme, va droit vers une crise économique grave. Surtout que les principaux partenaires du pays (UE, Etats-Unis) ont déjà annoncé la « révision » de leur coopération après la tenue d’élections non équitables et sans critères minimaux d’inclusivité et de liberté.

Mais cette situation ne semble guère inquiéter du côté du parti au pouvoir. Arrêt des coopérations ? On nous parle de « solutions alternatives ». Sans les nommer. Et puis, il semblerait qu’une « crise budgétaire est préférable à une crise institutionnelle et sécuritaire »…

Au Burundi ou ailleurs, la classe dirigeante est souvent déconnectée des réalités. Elle est toujours la dernière (tout le monde sait pourquoi) à ressentir les effets de la crise budgétaire. Ce qui peut expliquer la banalisation des risques que l’entêtement de nos dirigeants fait courir au pays.

Pour rappel, la communauté internationale fournit plus de la moitié du budget du Burundi et tous les bailleurs disent que ces aides votre être « repensées ».
Les élections, sans enjeux, sont finies. Demain, la crise financière va frapper. Elle est même déjà là. Quelle joie peut-on éprouver de régner sur un pays exangue ?

Forum des lecteurs d'Iwacu

16 réactions
  1. Chaise Vide Tete Vide

    Entre l’immunité et l’humanité, le pouvoir Nkurunziza préfère l’immunité.
    Je ne sais pas pourquoi, mais Bujumbura semble ne rien maitriser dans la crise budgétaire, ni ses origines, ni ses conséquences! Nyamitwe W. nous dira plus.

  2. Terimbere

    Who cares?
    Ils s’en foutent complètement cette question de se demander comment ils vont diriger le pays.
    Leur préoccupation, c’est le pouvoir en vue de sauvegarder l ’ humanité et jouir des richesses du pays.
    Pour payer les salaires, sûrement qu’ils vont bientôt devaluer la monnaie et faire émettre des zaires à la mobutu et tout le monde sera bientôt millionnaire!
    Cela leur suffira pour payer la police et l’armée.

    • Terimbere

      Pour sauvegarder leur immunite et non l’humanite!

  3. MAYUGI

    OBR, quel est le capital engagé pour dire le manque à gagner?!

  4. Claire

    Alors que le payement des salaires des fonctionnaires est plus qu’incertain, à cause de mla boulimie d’un individu, nous sommes en fête. Alors que le pays est au seuil de la récession, à cause d’un homme assoffé de pouvoir, nous nous trinquons. Alors que le monde entier nous regarde du coin de l’oeil, à cause d’une personne qui a réduit notre constitution en chiffon, nous sommes aux anges… Des pays amis vont se bousculer pour nous inonder de dollars!

  5. Richard

    @«Pour le seul mois de juin, l’Office Burundais des Recettes (OBR) accuse un manque de 16 milliards de francs burundais»/Rédaction
    Ayo nayo bavuga ayo batavuga bakoresheje mu matora canke bagiye kubitsa mu yandi makungu en prévision de mauvaise tournure de la crise politique mwiyumvira yoyo ko angana gute? Et comment Nkurunziza entend rémédier à ce manque de fonds flagrant qui risque de limiter les liquidités en circulation et faire chuter davantage la valeur de notre monnaie? Nibanyarutse ibiganiro sinon le Burundi est au bord d’une crise financière très sévère.

  6. calcul sommaire

    A priori l obr expecterait autour de 190 milliards par trimestre http://www.iwacu-burundi.org/blogs/english/obr-overpasses-its-provisional-target-revenue/

    soit 63 milliards par mois,ainsi un manque de 16 milliard represente donc une baisse de 40%
    Quid en juillet aout?pire je suppose

    Reste a savoir Si les bazungu couperont le robinet de devise,avec quoi paiera t on les importations

    time will tell

  7. Mutama

    Mbe ko OBR ihomba hanyuma igihugu kikaja muri recession economique, ivyo ntibimura. Wewe manda ya 3 yayihaye ntabindi.
    Ibisigaye ntibimuraba

  8. roger crettol

    Le conseil en communication de la présidence avait mentionné la Chine et la Russie comme nouveaux partenaires possibles.

    Cela augure bien du développement des droits de l’homme au Burundi, des partenaires qui ont une si solide expérience de la maîtrise de toute opposition, par les moyens les plus directs ou les plus sournois, s’il le faut.

    Et puis, après s’être mis à dos une grande partie des partenaires occidentaux, se présenter en quémandeur devant d’autres partenaires possibles est un gage de traitement de seconde classe. Pas une perspective très profitable ni réjouissante, à mon avis.

    On se met à douter de la sagesse des dieux et des conseils qui ont présidé aux choix du camp gouvernemental.

  9. claude nahayo

    Les pertes de l’OBR sont une preuve supplémentaire que ce troisième mandat du Président Nkurunziza est une catastrophe nationale. On vit tous un échec national électoral, social et économique. On vit la violence et les divisions entre Burundais, et c’est le bain de sang (assassinats, attaques, milliers de refugiés) etc. Apres avoir « gagné » ces « élections », le Président NKURUNZIZA devrait réconcilier les Burundais, peut-être en démissionnant tout simplement pour réorganiser de nouvelles élections. En effet, ce troisième mandat est le nœud du problème, et il n’est jamais trop tard de bien faire: s’il démissionne, tout lui sera pardonné. S’il ne démissionne pas, il faut un dialogue/négociation sous l’égide du médiateur Ougandais, une autre solution est possible : Un Gouvernement d’Union National et un Parlement National Transitionnel pour 5 ans qui seraient une bonne solution en attendant les élections 2020. Vivre ensemble dans le compromis pour la paix et pour la réconciliation nationale.

  10. Sirabahenda

    BRICS va leur venir en aide!

  11. MANIRATUNGA

    Chercher les problèmes causés par les minerais au Burundi !!!

  12. Jereve

    Les institutions n’ont aucun sens quand le ventre crie famine.

  13. hamuli

    Donc, pour vous la crise budgétaire n’est pas préférable à une crise institutionnelle et sécuritaire ? Vous ne cessez de me surprendre! Donc vous aurez aimé voir la guerre pour que tout fonctionne?
    Je croyais que lorsque les institutions fonctionnent et qu’il y a la sécurité, les questions économiques peuvent trouver des solutions petit à petit. Ces bailleurs de fonds que vous nommez ont leurs problèmes. Les États-Unis sont endettés auprès de la Chine jusqu’à la moelle épinière. Nous aussi on ira s’endetter ailleurs. C’est la même dette peu importe l’origine. Qu’on ne vous trompe pas, ces gens ne donnent rien gratuitement. Quant aux Européens, je ne croie pas qu’ils ont des solutions miracles sinon la Grèce ne serait pas dans cet état. Aiment-ils vraiment le Burundi plus que la Grèce?

    • Stan Siyomana

      @Hamuli: « Nous aussi on ira s’endetter ailleurs »
      1. Il doit y avoir une somme que l’Etat burundais ne peut pas depasser quand il demande des dettes concessionnaires (= avec un taux d’interet tres bas) aupres des institutions comme la Banque mondiale, le Fond Monetaire International-FMI ou la Banque africaine de developpement-BAD.
      2. Comme le Burundi n’est meme pas quote par les grandes agencies de notation financiere (Dagong, Fitch Ratings, Moody’s , Standard & Poor’s), vous ne pouvez pas du tout dire : »C’EST LA MEME DETTE PEU IMPORTE L’ORIGINE » , aucun investisseurs ne va acheter les emprunts obligataires de l’Etat burundais.
      3. Ces Etats-Unis qui, comme vous le dites « sont endettes aupres de la Chine jusqu’a la moelle epiniere », parce qu’ils peuvent rembourser leurs dettes, comme vient de l’affirmer Fitch Ratings qui, le 13 avril 2015 a reaffirme la notation AAA (= premiere qualite a long terme) et a aussi ajoute que la perspective est « Stable ».
      (Voir « Vote of confidence: USA keeps AAA rating from Fitch », http://americasmarkets.usatoday.com, 13 April 2015).
      4. Par contre, le 20? juillet 2015, Fitch Ratings a reduit la perspective pour le Kenya de « stable » a « negative » parce que le pays a deja trop de dettes par rapport a son produit interieur brut -PIB (meme si la notation reste B+ (= categorie tres speculative).
      « Si la note du Kenya tombe en dessous de « B », le Gouvernement kenyan aura des difficultes pour emprunter plus de fonds, et il sera force de payer des taux d’interets plus eleves… »
      (Voir Victor Juma: « Fitch downgrades Kenya’s credit outlook on higher borrowing », http://www.businessdailyafrica.com, 20 July 2015).

    • Menard

      Vous aurez les trois!

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