« Dieu nous aime tous au même niveau. Il ne va pas aider le Burundi plus qu’il aide les autres pays […] Dieu aide ceux qui s’aident eux-mêmes», rappelle aux chrétiens l’économiste Léonce Ndikumana, lors d’une conférence-débat sur le rôle des ressources naturelles dans le financement économique du Burundi organisé par la Banque de la République du Burundi, vendredi 19 août.
L’auto-proclamation d’une relation privilégiée à Dieu court-circuite le travail urgent de diagnostic du patient Burundi à l’agonie par la concertation pour faire émerger des options tranchantes sur lesquelles débattre et arbitrer. Refuser de laisser de la place à l’opinion adverse, c’est couper les ailes de l’intelligence qui ne se déploient que dans le doute et les certitudes ébranlées.
Cette variante du « peuple élu » ressasse à l’envi le passé au maquis pour en faire l’apologie. Le président Ndayishimiye s’est joint, jeudi 28 juillet, aux membres du parti Cndd-Fdd de Ngozi dans la prière œcuménique d’action de grâce. Le thème du jour : « Membres du parti Cndd-Fdd, gardez-vous d’oublier ce que l’Eternel nous a fait dans le passé. » Le chef de l’Etat a livré son témoignage : « Durant la lutte, Dieu est resté à nos côtés. Il est temps de rendre grâce à Dieu, lui qui nous a guidés tout au long du champ de bataille.» Le temps de la « révélation divine » prend le pas sur le temps politique qui appuie sur le bouton pause quand sonne l’heure de dresser un bilan avec un regard sans complaisance sur le présent.
A rebours de la quête spirituelle – faire grandir les croyants et se traduire dans les œuvres -, la quête identitaire valorise la bigoterie – prière collective en prélude à ladite conférence-débat -, et relègue au second plan le travail comme valeur et condition sine qua non du développement. On se tourne vers le « Ejo ni heza » (Demain, il fera meilleur), le pire devenant le moteur de l’espoir.
Seul importe l’expression de l’appartenance à la tribu des croyants et le réconfort qu’apporte la pensée mythologique. La palme d’or revient à un étudiant d’un supposé haut lieu de la rigueur de la pensée au pays du « lait et de miel ». L’air du temps s’est laissé encapsuler dans cette formule : « Nous sommes pauvres, mais nous croyons en Dieu.»
Dans une église de la mairie de Bujumbura, des femmes, jeunes et vieilles, se rendent à la messe, bidon en main, tous les matins, pour faire bénir leur eau, espérant qu’un miracle frappe à leur porte pour déloger de leur demeure la misère qui s’est installée en maîtresse de céans. Cette quête identitaire est le symptôme d’un mal en progression constante : la culture de l’emballage. En l’occurrence, le rite religieux devient l’essentiel, l’effort personnel, l’insignifiant.
Aussi longtemps que la bigoterie, outil d’endormissement de la lucidité, aura bonne presse, le Burundi n’arrivera pas à bon port… seuls la dérive idéologique et l’abrutissement accosteront.
Guibert Mbonimpa
Face aux crimes innommables commis contre des innocents depuis 2015, le grand journaliste Athanase Karayenga a déjà répondu à la problématique théologale burundaise. Le Dieu invoqué n’est pas Imana de nos ancêtres à savoir : Rugira, rugira inka, imirima n’ibindo (Créateur de la terre, des vaches, des champs et des enfants). Ce n’est pas non plus le Dieu d’Israël, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Pour Karayenga, c’est plutôt Rwuba rwa Bigata, le Dieu des assassins, des voleurs et des brigands. Je suis chaque fois agacé par ces démonstrations d’une religiosité de façade alors qu’il n’y a pas, dans l’assistance, un seul chrétien à savoir un adepte du Christ d’amour, de fraternité, de justice et de non-violence.
Je crois qu’un jour Jésus de Nazareth les rencontrera là bas et l’histoire sera différente par la suite.
Le cercle étroit qui nous dirige (le pays le plus pauvre et le plus corrompu) utilise la religion comme opium du peuple et d’eux mêmes.
Les bihangange qui ont dévalisé le barrage de Mpanda sautent plus haut que les autres dans les Bikorane.
Les propriétaires des dizaines de building à Bujumbura (fruit de la concussion ou corruption) sont les premiers à laver notre cerveau avec le « Burundi est béni des dieux ».
Ils sautent plus haut plus que les autres pour remercier leur dieu qui les ont bénis plus que les autres n’est ce pas ça cher bakame .