Vendredi 22 novembre 2024

Politique

Mkapa « Où va ma médiation ? »

13/06/2017 5

Le facilitateur, Benjamin Mkapa n’a pas été tendre au Sommet des chefs d’Etat de la sous-région. Il a sacré le Gouvernement burundais mauvais élève du processus du dialogue.

Mkapa demande un engagement ferme du gouvernement burundais.

L’ancien président tanzanien a fermement invité le sommet à faire pression sur le gouvernement burundais afin de s’engager dans le dialogue pour sortir de la crise.

Pour lui, le dialogue inter-burundais est dans l’impasse : le gouvernement du Burundi est réticent à s’engager au dialogue avec ses opposants. «Il choisit les parties prenantes qui lui sont proches. Le gouvernement doit comprendre que la réconciliation est entre deux camps opposés » a martelé Benjamin Mkapa.

Le facilitateur est également revenu sur les obstacles au bon déroulement du dialogue en cours. Un des exemples cités est le processus visant à modifier la Constitution. Il a aussi évoqué entre autres le rapport de la Cndi ainsi que le décret portant nomination de la Commission chargée de proposer les disposions susceptibles d’amendement. « Où va la médiation par l’EAC dont je facilite le dialogue? » s’est interrogé Mkapa. Il dit craindre que la région se retrouve devant un fait accompli. « À cet égard, j’ai besoin des lignes directrices très claires sur la façon d’aller de l’avant. »

L’Opposition en exil est citée comme étant le bon élève du dialogue. Elle a assuré au facilitateur qu’elle était prête à continuer de négocier avec le gouvernement jusqu’à l’aboutissement d’un accord. Mkapa a mentionné une concession de l’opposition : le troisième mandat n’est plus une question. A condition que le président Pierre Nkurunziza s’engage à ne pas participer dans les élections générales de 2020. Son parti devant présenter un autre candidat présidentiel.

Des propositions pour une sortie de crise

Le gouvernement a donc été sommé par la facilitation de prendre des mesures pour s’engager dans le dialogue Inter-burundais et de négocier de bonne foi. « Malgré de nombreuses déclarations de son engagement, ses actions ont invariablement suggéré le contraire, » a-t-il déploré.

Le facilitateur a ainsi plaidé pour la suppression des mandats d’arrêt lancés contre les personnes poursuivies par la justice burundaise. Du moins concernant ceux qui semblent ne pas être directement impliqués dans la tentative de coup d’Etat. Il a également demandé la libération des prisonniers politiques. Il a indiqué avoir reçu des plaintes faisant état de manque d’autorisation aux partis de l’opposition de mener leurs activités. Et d’exhorter Bujumbura à créer une atmosphère favorable pour qu’ils puissent accomplir leurs activités en toute sécurité. « Si les mesures sont prises, le gouvernement du Burundi aura démontré sa bonne foi»

Dans son discours, il également parlé d’intégrer les groupes armés dans le dialogue inter-burundais. Selon lui, la Facilitation a été informée des messages de divers groupes armés. Ils indiquent qu’ils sont prêts à poursuivre une résolution pacifique de la crise à laquelle le Burundi fait face. « Évidemment, leur exclusion entraînera une menace permanente pour la sécurité au Burundi, » a-t-il prévenu.


>>Réactions

Gaston Sindimwo : « Le Burundi n’a d’injonctions à recevoir de personne.»

Tout en prenant acte du rapport du facilitateur, le premier vice-président de la République a indiqué que le Burundi n’entend jamais négocier avec les putschistes. Gaston Sindimwo déclare qu’il n’y a pas de prisonniers politiques au Burundi. Tout en se félicitant du dialogue mené par la facilitation, il plaide néanmoins pour le rapatriement du dialogue. Et de mettre en garde quiconque sera un obstacle au changement de la Constitution. Selon lui, cela relève de la souveraineté nationale. Et de marteler : « Le Burundi n’a d’injonctions à recevoir de personne.»

Charles Nditije : « Mkapa a signé un aveu d’échec.»

Le président de la coalition de l’opposition en exil, le Cnared indique que le facilitateur a reconnu que le dialogue est dans l’impasse. Pour Charles Nditije, Mkapa a signé un aveu d’échec. Et cet aveu est renforcé par le fait qu’il n’a pas reçu le soutien des chefs d’Etat de la Communauté Est Africaine. Ils se sont plutôt empressés de soutenir le gouvernement burundais, en demandant la levée des sanctions de l’UE. « Devant ce constat d’échec, il ne reste que l’alternative de se tourner vers d’autres instances telles que l’UA ou l’ONU.

Vital Nshimirimana : « Mkapa donne du temps à Nkurunziza.»

Selon l’activiste de la société civile, l’approche adoptée par la facilitation dans le conflit burundais accuse plusieurs insuffisances. Pour Vital Nshimirimana, il a été difficile au facilitateur d’identifier les véritables protagonistes ainsi que la nature du conflit. « Occulter la principale cause de la crise, qui est le mandat de Pierre Nkurunziza est le grand déficit de la facilitation. »Raison pour laquelle, une année après, il n’est jamais parvenu à réunir toutes les parties prenantes afin de discuter ouvertement. Et d’affirmer que la facilitation donne du temps à Nkurunziza.

Sylvestre Ntibantunganya : « Finalement la balle est dans le camp des Burundais.»

L’ancien président de la République indique que finalement la balle est dans le camp des Burundais qui doivent trouver eux-mêmes la solution à la crise. Les partenaires et amis venant juste les accompagner dans le processus. Selon Sylvestre Ntibantunganya, quand il y a crise, les concessions sur les positions initiales doivent être faites par tous les protagonistes, pour faire évoluer la situation.


Décryptage : un dialogue de sourds

« Où va la médiation par l’EAC dont je facilite le dialogue? », a déclaré impuissant, le facilitateur dans le conflit Burundais, au sommet des chefs d’Etat de la Communauté est-africaine. Cette phrase balaie l’espoir qui restait de cette médiation. Elle demande aux optimistes de passer leur chemin. L’ancien président tanzanien a pourtant produit un rapport élaboré, avec plusieurs propositions censées sortir le Burundi de la crise qu’il traverse. Il a mis chacun devant sa responsabilité. Accusé de prendre position pour le pouvoir en place, le facilitateur a fait volte-face. Il a accusé Bujumbura de bloquer le processus de dialogue, en refusant notamment de dialoguer avec ses véritables adversaires. Mkapa va plus loin. Il soumet la possibilité d’associer les groupes armés au dialogue. Des propositions complètement noyées par la sortie pour le moins fracassante du président de l’EAC, qui se trouve être médiateur dans le conflit burundais. Au lieu de se prononcer par rapport au processus en cours, le président ougandais a opéré un choix surprenant : celui de prendre position pour Bujumbura contre l’Union européenne. Passant sous silence le dialogue. Renvoyant les Burundais à leur sort avec cette inquiétude du lendemain. Il faut dire que durant une année, ils ont assisté à un véritable dialogue de sourds. Entre un gouvernement qui positive la situation au pays tandis que l’autre partie au conflit joue la carte du tout va mal. Pendant que la facilitation/médiation souffle le chaud et le froid, manquant du coup de cohérence nécessaire pour aider le Burundi à sortir de la crise.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. MUBI

    Abarundi ! Uwutabazi abarundarara mwo ! Hagusangira tubisese ! Ah ! nos pourritiques !

  2. Ntahitangiye"

    « L’ancien président de la République indique que finalement la balle est dans le camp des Burundais qui doivent trouver eux-mêmes la solution à la crise. »

    L’ancien Président Ntibantunganya a raison.
    Ce que je ne comprends pas est que ce sont des médias notamment Iwacu et RFI qui nous interprètent ce qui se passe entre les Facilitateurs, Le Gouvernement Burundais et l’opposition en désignant le Gouvernement comme obstacle et l’opposition bon élève.
    Comparons les deux affirmations
    1) .Son Excellence Mkapa a désigné le Gouvernement comme obstacle.
    2) Les Chefs d’Etats présents (tanzaniens et ougandais) demandent à l’UE de lever les sanctions sur le Burundi.
    Laissons donc ceux qui sont en train de traiter le problème nous dire eux-mêmes ce qu’ils sont en train de faire au lieu de le dire à leur place.
    En le disant à leur place vous exprimez votre position ou votre souhait.

  3. LANGA SOURCE

    La verité est que ces negociations ne sont qu’une montagne qui va accoucher d’une sourris

  4. roger crettol

    Les Burundais ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

    Sur eux-mêms ; et puis certains comptent sur l’armée, la police, le service national de renseignements et la jeunesse du parti.

    Pourquoi l’apaisement est-il si long à venir ?

  5. Jambo

    Le Président Ntibantunganya a raison de dire que les burundais doivent compter sur eux mêmes.
    Mkapa a fait une erreur en montrant son parti pris, une erreur qu’il essaie de corriger pour ne pas perdre la médiation source de revenus importants en invitant une opposition qu’il a longtemps dénigrée,mais sans convaincre.Et il sait pertinemment que ses recommandations ne seront pas suivies d’effet mais lui permettront de gagner du temps.La chance qu’il a, c’est la faiblesse de l’opposition qui ne demande même pas son remplacement.

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