Vendredi 22 novembre 2024

Politique

Mkapa : « Le pouvoir de Bujumbura est légitime »

19/12/2016 16

Le facilitateur dans la crise burundaise a jugé qu’il était essentiel de vider la question de la légitimité du président Pierre Nkurunziza pour évoluer.

Le falicitateur Mkapa en conférence de presse.
Le falicitateur Mkapa en conférence de presse.

« Ceux qui veulent que je remette en cause la légitimité de Pierre Nkurunziza ont perdu la tête, c’est la population qui a accordé cette légitimité au gouvernement», a martelé Benjamin Mkapa, devant les journalistes médusés.

La déclaration faite lors de la conférence de presse qui a clos sa visite le 9 décembre. Il a rappelé que la Cour Constitutionnelle du Burundi et la Cour de Justice est africaine ont statué sur la légitimité du pouvoir de Bujumbura. « Même le Conseil de Sécurité reconnaît Pierre Nkurunziza comme président. » Avant de s’interroger : « Quelle est cette folie de perdre tant de temps à discuter d’une question qui a été vidée ?» Pour illustrer ces propos, le facilitateur a cité l’exemple des ambassadeurs qui présentent leurs lettres de créance au président Nkurunziza.

Au cours de cet entretien, l’ancien président tanzanien a également évoqué son objectif décisif. Il s’agit « d’amener les parties à préparer les élections générales de 2020, de telle manière qu’elles soient justes, libres et crédibles ».

Pour ce qui est des parties prenantes au dialogue inter-burundais, il a été clair : «Les instigateurs du coup d’Etat et ceux qui ont trempé dans la violence n’ont pas de place à la table des négociations. Ils ne sont pas ma priorité. Je demande aux pays qui les hébergent de bien les contrôler pour qu’ils ne viennent pas déstabiliser notre dialogue en cours.» Sa priorité est donc réunir l’opposition non violente et le gouvernement afin d’aboutir à un accord qui va leur permettre d’aller de l’avant.

Au cours de cette conférence de presse, le président Mkapa a également évoqué le dialogue interne mené par la Commission nationale de dialogue inter-burundais (Cndi). D’après lui, la population burundaise est dans son droit d’engager un dialogue à l’interne. Et de conclure : « On n’a pas les prérogatives de nier au peuple burundais le droit de revoir son histoire ni de réviser sa Constitution. »


>>Les réactions

Pierre Claver Mbonimpa : « En cas de force majeure, on brûle le feu rouge »

pierre-claver-mbonimpa«Comme vous le savez, le feu attire le feu », déclare le défenseur des droits humains burundais, aujourd’hui en exil. « Les enfants du Burundi n’accepteront pas de vivre éternellement en exil et ceux qui disent diriger le pays le savent plus que nous ».

Pour Mbonimpa, avec sa sortie médiatique, Mkapa vient de déposer son tablier. « Maintenant les Burundais attendent les réactions du médiateur, le président Museveni ». M. Mbonimpa estime que si la facilitation échoue et que le gouvernement refuse la voie de négociation pacifique, il y aura la violence. « Il n’y aura pas d’autres voies pour sauver le pays, car en cas de force majeure, on brûle le feu rouge ». Et de conclure :« Mkapa a ouvert le feu au Burundi, avec Nkurunziza à la tête du commandement ».



Willy Nyamitwe : « Le terrorisme n’aura jamais le dernier mot »

willy-nyamitweSelon le Conseiller principal en communication à la présidence de la République, le Burundi est bien préparé pour gérer toute radicalisation. « Y a-t-il plus radical que le putsch de 2015 ? Des jets de grenades dans les lieux publics ? Et l’attaque des différents camps militaires début décembre 2015 ? » Selon lui « les radicaux aujourd’hui en cavale ont tout essayé, ils peuvent encore, mais le terrorisme n’aura jamais le dernier mot ».

A la plate-forme Cnared et à certaines organisations de la société civile qui ont récusé le facilitateur, sa réponse est catégorique : « On ne peut pas récuser un facilitateur quand on n’en a pas la force morale et qu’on n’est pas partie prenante au dialogue. Ceux-là n’ont jamais été invités ».

Willy Nyamitwe indique que la facilitation a le soutien de l’Etat burundais. Selon lui, les propos tenus par Mkapa est une position partagée par le Conseil de Sécurité à travers ces résolutions 2248 et 2279. Celles-ci privilégient un règlement pacifique du conflit burundais.



Léonce Ngendakumana : « Un rassemblement des partis politiques, de la société civile et des groupes armés est nécessaire »

leonce-ngendakumanaLe vice-président du parti Sahwanya Frodebu indique que la déclaration de Mkapa a le mérite de réveiller les esprits. « Il a donné un coup de pouce au processus et va obliger chaque partie de se ressaisir ». Il appelle les forces combattantes de mettre en avant l’intérêt national, de renoncer à leur appartenance politique, ethnique, à leur honneur, pour constituer un rapport de force face à Bujumbura.

Léonce Ngendakumana indique que la seule option qu’à le Burundi, c’est de résoudre les conflits par la voie du dialogue inclusif. « Ni le forcing du gouvernement ni l’option militaire de l’opposition n’aura le dernier mot. On finira par négocier, on n’aura juste condamné le peuple burundais ».


Tatien Sibomana : « Mkapa a craqué »

tatien-sibomanaCet acteur politique considère que Mkapa a craqué. Il n’a pas su gérer les contradictions, car il était venu au Burundi avec des à priori.

Pour Tatien Sibomana, le facilitateur a utilisé un langage indigne d’un chef d’Etat. Il doit le respect à tout Burundais. Il indique que le facilitateur a oublié la casquette qu’il portait, celui de juge et président du siège. Il a violé la procédure de la facilitation, d’une instruction judiciaire en tranchant en faveur d’une partie. Et de conclure : « il reste à savoir si sa position est celle du principal facilitateur, Museveni et si c’est également celle des chefs d’Etat. Si ce n’est pas le cas, ces derniers devront tirer les conséquences qui s’imposent ».


Evariste Ndayishimiye : « J’appelle les politiciens non-violents en exil de rentrer au Pays »

evariste-ndayishimiyePour le parti Cndd-Fdd, la présence de Mkapa au Burundi lui a permis de constater l’évolution positive de la situation du Burundi, « mal dépeinte par l’opposition radicale anti-démocratique et ses soutiens ».

Le Secrétaire général de ce parti réaffirme son attachement au dialogue, seule voie pour arriver à des solutions consensuelles, constructives et inclusives. Selon Evariste Ndayishimiye, le climat apaisé et des concertations entre les partis politiques sont à féliciter. « J’appelle nos compatriotes et les politiciens en exil à rentrer au pays pour contribuer à la construction du Burundi et préparer dans la sérénité les prochaines élections ».


Jérémie Minani : « La guerre civile est une option si le dialogue échoue »

jeremie-minani-3-copie-copieD’après lui, la guerre civile est un choix extrême, mais si c’est le seul choix qui reste au peuple burundais, on sera obligé d’y recourir . Le chargé de la Communication au sein du Cnared fait savoir qu’il est hors de question que le peuple burundais continue à croiser les bras. « Nous avons écrit une lettre de récusation de la facilitation, nous allons bientôt notifier notre rejet de cette facilitation au sommet des chefs d’Etat de la Communauté Est Africaine.» Pour lui, c’est clair que l’EAC doit trouver une autre facilitation ou laisser l’ONU piloter le dialogue. « Les propos de Mkapa constituent une démission d’office de ses fonctions de facilitateur».


Jacques Bigirimana : « En politique, l’option militaire ne compte pas »

j-bigirimanaLe président du parti Fnl a apprécié le fait que le facilitateur ait tranché la question de la légitimité du pouvoir en place. « C’est une question qui a été à la base de l’insurrection de 2015 ». Il appelle au respect de ce qui a été dit par le facilitateur. Il demande à tous les politiques en exil de rentrer pour poursuivre le dialogue à l’interne.

Au Cnared, il recommande de se ressaisir et de comprendre que l’option militaire ne compte pas. Entre frère, il n’y a pas de vainqueur ni de vaincu. «Ne cédons pas à la colère, l’important c’est de nous convenir sur un avenir commun».



Amnesty International

Pour Amnesty International, un processus de médiation efficace est nécessaire pour résoudre les problèmes de droits humains et politiques qui sous-tendent la crise au Burundi. « Il est décevant de voir le processus paralysé à nouveau après les remarques controversées du président Mkapa à la fin de sa visite », indique cette organisation.

Selon Amnesty International, dans son communiqué officiel, le facilitateur a apprécié les préoccupations soulevées au sujet des limites de l’espace politique et a souligné la nécessité de délibérations franches et ouvertes à cet égard. « Dans ce contexte, nous l’exhortons à faire en sorte que la société civile indépendante et d’autres voix dissidentes ne soient pas exclues des discussions sur l’avenir du Burundi. »

Forum des lecteurs d'Iwacu

16 réactions
  1. Congo

    Nkurunziza et sa clique sont allés très loin et ne lâcheront le pouvoir démocratiquement. Ils ont l’armée et la police avec eux et les interahamwe. On ne peut pas faire l économie de cette guerre car les vendeurs d armes pressent aussi. Quand tout d un coup un médiateur oubli la règle fondamentale de la médiation, cela n augure rien de positif pour le Burundi. Cette sortie de Mkapa voulais dire:entre tuez vous,détruisez vos petites infrastructures . Nous ne sommes qu un marché pour l EAC et affaiblis nous le sommes plus. Aucun camp ne devrait se réjouir de cette trahison de Mkapa.

  2. nd un

    [Ndlr: M. Mbonimpa estime que si la facilitation échoue et que le gouvernement refuse la voie de négociation pacifique, il y aura la violence. « Il n’y aura pas d’autres voies pour sauver le pays,]… C’est fini, le voile est tombé!
    Que dirais-je quand un Défenseur de droit de l’homme évoque la voie des violences! Mais ce n’est pas du tout étonnant car le terme « Droit de l’homme » est souvent une couverture pour justifier ses bêtises! Les uns se donnent le droit de dominer les autres, les autres se donnent le droit de se révolter; les uns se donnent le droit de bombarder les autres, les autres se donnent le droit de crier injustice! Les uns se donner le Droit de piller les biens publics, les autres se donnent le droit de le dénoncer avec les fonds de la banque mondiale sous-tirés dans les contributions versées par le pays concerné sur les impôts versés par la population victime! Quel droit parlent-ils quand un enfant se révolte contre son père et que ce dernier n’a pas de « Droit » de le punir?
    Je pense qu’il faut remplace ce terme par « Le Devoir de l’homme » car si tout le monde respectait son devoir envers l’autre, il y aurait l’équité. Sinon, un DROIT INDEFINI, cache bcp des vérités!

    • Fofo

      [Ndlr: M. Mbonimpa estime que si la facilitation échoue et que le gouvernement refuse la voie de négociation pacifique, il y aura la violence. « Il n’y aura pas d’autres voies pour sauver le pays,]… C’est fini, le voile est tombé!
      Que dirais-je quand un Défenseur de droit de l’homme évoque la voie des violences! Mais ce n’est pas du tout étonnant car le terme « Droit de l’homme » est souvent une couverture pour justifier ses bêtises! Les uns se donnent le droit de dominer les autres, les autres se donnent le droit de se révolter; les uns se donnent le droit de bombarder les autres, les autres se donnent le droit de crier injustice! Les uns se donner le Droit de piller les biens publics, les autres se donnent le droit de le dénoncer avec les fonds de la banque mondiale sous-tirés dans les contributions versées par le pays concerné sur les impôts versés par la population victime! Quel droit parlent-ils quand un enfant se révolte contre son père et que ce dernier n’a pas de « Droit » de le punir?
      Je pense qu’il faut remplace ce terme par « Le Devoir de l’homme » car si tout le monde respectait son devoir envers l’autre, il y aurait l’équité. Sinon, un DROIT INDEFINI, cache bcp des vérités!

    • Fofo

      Correction: Mon nom c’est Fofo et non « nd un ». Ce psedo était une erreur de frappe!

    • Stan Siyomana

      @nd un: « C’est fini, le voile est tombe ».
      1. N’importe qui dans le monde, n’importe quel citoyen burundais/MUNYAGIHUGU NYARUCARI peut examiner la situation actuelle au Burundi et arriver a la meme conclusion que Monsieur Pierre-Claver Mbonimpa, SANS POUR AUTANT FRANCHIR LE RUBICON EN DECLARANT QUE L’ON VA SOI-MEME CAUSER LA VIOLENCE AU BURUNDI.
      2. Par exemple, un mouvement rebelle qui est convaincu qu’il se bat pour une « certaine » cause va declarer publiquement qu’il va commencer ses activites militaires contre tel ou tel gouvernement. Meme le CNDD-FDD, quand il etait dans le maquis, s’exprimait sur les ondes des radios pour expliquer au peuple burundais (et a la communaute internationale) qu’il etait en train de combattre la dictature militaire de Bujumbura.
      3. Ne cherchez donc pas a preter a monsieur Mbonimpa des intentions qu’il n’a pas.

  3. BUKURU

    Heheeh! Igiti ukimenyera kuvyamwa vyaco! Umwe APRODH mbonimpa petero karaveri ngo fate ibirwanisho munyukane! Ng’ako kagateka ka zina muntu! Ng’uwo umwe mutama batubwira. Mbega tumaranye, imanda ya ga3 izoba ihavuye? Umwaka tuyimazemwo uzoca witwa ngw’iki? Ibuye riserutse ntiryica isuka.

  4. BUKURU

    Hahaaah! Ça chauffe comme disait karayenga athanase: même le « sage » mbonimpa pierre claver fait une mobilisation pour la guerre contre « le troisième mandat »! Wait and see! Donnez la chance au temps: ils diront eux-mêmes, sans forcing ce qui est derrière les décorations qu’ils reçoivent en occident!..

  5. roger crettol

    Willy Nyamitwe : « Le terrorisme n’aura jamais le dernier mot »

    Comme c’est bien dit ! Mais, cela fait-il référence au terrorisme d’état, ou au terrorisme imputé aux opposants en exil ?

    Il y a une légère différence entre exercer le pouvoir, et avoir reçu ce mandat au terme d’un processus respectant les lois et la séparation des pouvoirs.

    Légitime ? Vous savez ce qu’elle vous dit, Zazie ?

  6. Yves

    M. Mpaka se ridiculise de la sorte par cette déclaration et a définitivement perdu le peu de crédibilité que l’on pouvait encore lui accorder. Aucun chef d’Etat n’est légitime lorsque son pouvoir repose sur l’intimidation, le recours répété à la violence ou encore en menaçant de mort les juges chargés de déterminer la légalité du troisième mandat. Triste parodie de médiation.

  7. Jereve

    Un médiateur qui traite l’un des protagonistes en conflit de fou, c’est du jamais vu. Maintenant, ces gens peuvent effectivement agir comme des fous furieux, incontrôlables et dangereux. On vient de leur donner le feu vert. Personne ne gagne dans cette histoire de fous.

  8. Ruzoviyo

    Le probleme n est pas seulement mukapa.la question est: Meme avec un nouveau mediateur que dispose l opposition coe moyen de pression pour forcer le gouvernement de facto a negocier? Il faut chercher dans cet angle la.

  9. dodo

    Quand tu tapes « Burundi » sur Google ou bing ou tout autre moteur de recherche, ont voit comme résultat :Nkurunziza comme président.

    Les diplomates reçoivent les accréditations de qui?

    Je crois que certains jouent au fous au lieu de s’accommoder à la réalité. Ils vivent dans leur rêves !!!!

    Mpaka n’a pas choisi de partie prit, il a dit ce qu’il voit et constaté !!!!

    Son discours n’est pas différent de celui d’Idriss Deby ou même Jacob Zuma.

    Arrêter donc je ne voit personne parmis tout ces intervenants plus importants que ces chefs d’etats qui ont tous parlé au nom de l’UA, c’est à dire au nom de 52 pays

    • Jereve

      Non, quand on googlise Burundi, le mot qui vient tout le temps est « crise ». Président serait-il similaire à crise?

  10. Inyankamugayo

    Jérémie Minani : « La guerre civile est une option si le dialogue échoue » Attisez le feu si Dieu vous le permet! Jewe ndahanura urwaruka ngo ruje kubikorwa vyoruteza imbere aho kwiruka inyuma y’abanyapolitique bariko bisamira akayaga I Buraya. Nibaze bajane mu Kibira. Ba Pacifique, Rugurika, Alexis, Vital, n’abandi nibabaje imbere mukibira batonde urugamba. Alexis azane abana biwe n’abavyara nk’uko yabeshe igihe kiraho.

    Kiretse imburamaboko niyo yohendwa. Abazi akahise k’Uburundi turazi iyo Imana yadukuye n’aho idushikanye. Ubu umurundi ararya utwo yihamahamiye atawumuraba ku munwa ngo wabikuyehe.

    Ibintu ntivyera ngo de kuko tukiri mw’isi, ariko ibihe birarutana da? Imana niyabakundira jako mu rwane, ahandi ho mugiye kwahurira urwaruka rw’Uburundi ku muhunda.

    Banza mubwire abo bazungu bareke kurungika abaserukira ibihugu vyabo mu Burundi. Mwebwe mwanka umukuru w’igihugu abazungu babahenda ngo barabafasha kandi bamushigikiye, bagatanga rapport iwiwe. Uwo ashatse aramwakira uwo adashatse akamwankira. Mukapa yabaye umugabo mukuvuga ukuri!

    • Stan Siyomana

      @Inyankamugayo
      1. Quand un diplomate etranger a une audience chez le president burundais, IL Y VA POUR REPRESENTER LES INTERETS DE SON PROPRE PAYS (ETRANGER).
      Par contre quand le diplomate burundais rentre au pays et a une audience chez le president burundais, ABA AGIYE GUTANGA RAPPORT IWIWE.
      2. Donc ne confondez pas les roles.

  11. Inyankamugayo

    « devant les journalistes médusés. » Pourquoi médusés. Il ne faut pas généraliser chère journaliste. La plupart des journalistes de Kaburahe ont toujours un coté penchant tout au débutant de l’article. Il faut corriger cela. Il faudrait donner un interview a un journaliste pour prouver qu’ils étaient stupéfiés ou étonnés!

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