Les employés de l’entreprise Mister minute service, une imprimerie exerçant dans le quartier asiatique de la mairie de Bujumbura, ont débuté jeudi 28 novembre un mouvement de protestation. Ils dénoncent des irrégularités de la part de la direction.
Cinq mois d’arriérés de salaire, des soins médicaux non plus payés, depuis bientôt une année, etc. Après moult doléances, ces employés se disent excédés.
Ce jeudi 28 novembre, fatigués par des correspondances sans suite, ils ont emprunté une autre voie de réclamation. Seize femmes et hommes sur la vingtaine que compte leur société, tous vêtus de noir, se sont levés de bonne heure pour aller manifester leur colère. Un sit-in.
Iwacu arrive dans les enceintes du Mister minute service à 9h pile. Les 16 employés sont assis par terre, devant l’immeuble qui abrite les différents services de leur entreprise, tous mélancoliques, perdus.
Au loin derrière eux, dans cet appartement en étage, quelques individus dans les bureaux. Le silence y est également de rigueur. «Ils s’occupent du service minimum. Sinon, tout le monde est en grève», confie Etienne Nishirimbere, le représentant du personnel, avant de débiter leurs plaintes.
Selon lui, faute de pouvoir payer leurs loyers, certains parmi ces employés ont été mis à la porte des maisons qu’ils habitaient. «Ils n’ont plus où passer la nuit. D’autres n’ont même plus de quoi mettre sous la dent». D’une voix triste, il ressasse : «Encore plus alarmante, la situation de ceux qui avaient contracté des crédits auprès des banques. Ils sont aujourd’hui dans le désarroi.» Aujourd’hui, ils subissent des pénalités de retard.
«Que du mépris ! »
Ces employés dénoncent ce qu’ils appellent du mépris. Depuis la «coupure des salaires», fin juin, ils n’ont cessé de chercher le déblocage de la situation. L’entretien avec le directeur général n’aboutira à aucune conclusion. La correspondance au conseil d’administration restera sans réponse. Déboussolés, ils se confieront à l’inspection générale du travail.
Selon ces grévistes, celle-ci convoquera à trois reprises la direction pour tentative de conciliation, sans succès. «La voie de la grève était alors la seule alternative qui nous restait», souligne Léonidas Habonimana, l’un d’eux, qui reste optimiste : «Nous gardons espoir qu’ils vont se ressaisir et nous rétablir dans nos droits. » Au cas contraire, avertit-il, nous allons nous confier aux autres organes compétents pour arbitrage, en l’occurrence les instances judiciaires.
Parmi ces grévistes, Thérèse Bukuru, la quarantaine, fulmine : «Nous avions suffisamment patienté. Presque six mois sans salaire, dans un travail à temps plein, c’est trop. On n’en peut plus !» Pour elle, la reprise du travail est impensable dans ces conditions. «Nous n’y retournerons qu’après les régularisations».
Iwacu n’a pas pu avoir la réaction du directeur général de l’entreprise Mister minute service. Rencontré à son bureau, Paul Ndayihereje a expliqué être pressé pour un rendez-vous dans une ambassade. Il a promis de s’exprimer après cette rencontre. Joint par téléphone, il nous a demandés de le rappeler trente minutes plus tard. Au moment convenu, tous ses téléphones étaient éteints.
Les arriérés que réclament ces employés s’élèvent à plus de 30 millions BIF.