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Ministère de la Défense. Nomination de Silas Ntigurirwa : respect d’Arusha ou l’œil du pouvoir ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Ministère de la Défense. Nomination de Silas Ntigurirwa : respect d’Arusha ou l’œil du pouvoir ?

Il vient d’y avoir un changement de secrétaire permanent au ministère de la Défense nationale et des Anciens Combattants. Par pur respect des équilibres ethniques dans les institutions, disent les uns. Pour d’autres raisons, moins catholiques, prétendent les autres.

<doc4633|right>Depuis une année, le général de brigade Philbert Habarugira occupait le poste de secrétaire permanent au ministère de la Défense nationale et des Anciens Combattants. Il vient d’être remplacé par le Général Major Silas Ntigurirwa. La raison avancé serait le respect des équilibres ethniques, comme convenu à Arusha.
La nomination de Silas Ntigurirwa à ce au poste viserait à corriger une erreur d’équilibre ethnique à la tête de ce ministère. En effet, le ministre, son assistant et son secrétaire permanent étaient tous trois des tutsis : Général Major Pontien Gaciyubwenge, Major Appolinaire Ndikumagenge et Général de Brigade Philbert Habarugira. En nommant le Général Major Silas Ntigurirwa comme secrétaire permanent, l’équilibre ethnique est ainsi préservé. Et pourtant…

Il semblerait que le respect de cet équilibre n’ait pas été la raison de ce remplacement.. Il apparaît plutôt, d’après des sources au sein du Cndd-Fdd, que la nomination du général Ntigurirwa a deux objectifs : le ramener sur le devant de la scène militaire et avoir plus de contrôle sur la FDN.

Qui est le Général Major Silas Ntigurirwa ?

Quand la rébellion du Cndd-Fdd commence, Silas Ntigurirwa vient de terminer l’ETM Gihanga, son diplôme A3 en poche, mais sans travail. Le maquis lui offre son premier « job » dans lequel il est très apprécié, puisqu’il devient un des premiers lieutenants du Cndd-Fdd, et un grand combattant de ce mouvement au Congo.
Lorsque naît la rivalité entre les officiers qui ont déserté l’ISCAM et les civils au sein de ce mouvement, Pierre Nkurunziza écarte et Jean Bosco Ndayikengurukiye part avec les autres officiers déserteurs comme lui, notamment Zénon Ndabaneze, Laurent et Kabura et Mbawa. Il émerge alors d’autres officiers qui ont fait leurs preuves dans le maquis, ou sortis des universités : Adolphe Nshimirimana, Silas Ntigurirwa, Alain-Guillaume Bunyoni et Evariste Ndayishimiye. Lors des négociations, les quatre ainsi que Pierre Nkurunziza et Hussein Radjabu forment le noyau du Cndd-Fdd.

A la victoire du Cndd-Fdd en 2005, tandis que Pierre Nkurunziza devient président de la République et que Radjabu prend les rennes du parti, Ndayishimiye hérite de l’Intérieur, Bunyoni devient DG de la PNB et Nshimirimana reçoit la documentation. Ntigurirwa, quant à lui, devient Secrétaire Exécutif de la Commission Nationale de Démobilisation, Réinsertion et Réintégration (CNDRR) des ex-Combattants (CNDRR). A ce poste, le général brille surtout par des malversations qui provoquent le tollé de la Banque Mondiale, et le président Nkurunziza est obligé de le soustraire aux feux de la rampe. Il part s’occuper des aides aux démobilisés à l’Etat-major général de l’armée, avant d’être envoyé à Naïrobi pour une formation d’une année au Collège de la Paix.

Un rôle de surveillant surtout…

A son retour, il est évident que ses amis de lutte ont plaidé en sa faveur pour qu’il soit replacé. Mais sûrement pas par simple amitié entre anciens frères d’armes. En devenant secrétaire permanent au ministre de la Défense, le général Ntigurirwa occupe une place stratégique : il a un droit de signature en l’absence du ministre. Il remplace un homme qui avait la confiance du ministre, ce qui explique, selon des sources au ministère de la Défense, que le ministre n’ait pas bien accueilli cette nomination qui lui aurait été imposée « d’en haut ». Malheureusement, nous n’avons pas pu joindre le ministre pour avoir son avis.

L’autre probable raison de cette nomination, toujours d’après des sources dans le parti au pouvoir, serait d’avoir un œil sur le Chef d’Etat-major générale de l’armée, le Général Major Godefroid Niyombari. Mis à ce poste par le fameux noyau, il aurait pris très au sérieux sa tâche au point de s’affirmer en se détachant de plus en plus de ses « grands-frères ».

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