En organisant trois journées dédiées à ce qui se fait de meilleur dans le cinéma burundais, le Festicab place les cinéastes burundais devant un fait : il faut créer… <doc1972|left>Pari réussi ! Pour le mesurer, le large sourire sur les lèvres de Léonce Ngabo, qui présentait la dernière soirée des trois soirées du cinéma des jeunes créateurs burundais. Et surtout, la foule de jeunes, moins jeunes et expatriés venus voir l’actualité du cinéma burundais, qui rentrent la mine réjouie : « Au Burundi aussi, nous avons de bons films! », murmure-t-on. Découverte capitale d’un public plus habitué aux séries et blockbusters hollywoodien et qui semblait dédaigner jusqu’ici les productions locales (sauf le {Ninde?}). Rencontre impromptue de jeunes venus voir les copains de quartier prester devant une caméra et qui, foi des yeux, rentrent convaincus : « Incroyable, ce Rukwi », murmure une jeune fille de 16 ans après avoir assisté, pour la seconde fois, à la projection du Fantôme (voir légende photo). Le Directeur du Festicab, Francis Muhire précise l’ambition principale de ce ‘mini-Festicab’ : « Le premier objectif était de redonner la visibilité aux œuvres burundaises, car nous avons l’impression que nos productions sont ‘bouffées’ par les films venus d’ailleurs ». D’où une programmation 100% rouge-vert-blanc, avec 21 films su les trois jours (dont 15 courts-métrages, 1 long-métrage et 5 documentaires) et un public qui suit. « La salle de l’Institut Français de Bujumbura était pleine lors des trois soirées », note avec satisfaction Alphonse, le préposé à la régie à l’IFB, tandis qu’au Centre Jeunes Kamenge, « ce sont entre 250 et 300 spectateurs qui sont venus chaque soir », conclut le Père Claudio Marano. Les diffuseurs attendent L’autre objectif de cet événement était « d’appeler l’intérêt des diffuseurs burundais sur le film burundais », poursuit M. Muhire, un grief porté principalement à la Télévision Nationale et à Télé Renaissance : « Ils ne s’intéressent pas à ce que nous faisons! », se plaignent souvent les cinéastes burundais. Qu’en est-il exactement ? Pour Innocent Muhozi, directeur général de Télé Renaissance, « c’est simple, et nous le faisons tous les jours, notamment avec les clips de chanteurs : si on nous présente un film de bonne qualité, nous le diffusons», pointe-t-il. Sauf justement que « nous recevons souvent des films mal découpés, sans séquence ou avec des images de mauvaise qualité. Nous ne le diffusons pas, pour le respect que nous devons à nos téléspectateurs. Ce n’est pas parce que c’est du cinéma burundais qu’on doit absolument le diffuser! » Pour Chanel Sabimbona, Directeur Général de la Radio Télévision Nationale du Burundi – RTNB, la diffusion du cinéma burundais fait face principalement au problème de droits d’auteur. Sans barèmes fixes acceptés et par les producteurs, et par les diffuseurs, « il nous est souvent difficile de négocier au cas par cas sur chaque film, alors qu’un partenariat d’ensemble d’achat des droits de diffusion nous intéresserait plus», note Chanel Sabimbona. Qui évoque ainsi l’incapacité de prouver l’authenticité de la paternité des œuvres présentées… Ceci alors que se pose la question de la régularité : « Pour nos besoins de programmation, il nous faut des films sur six mois : ce qui est difficilement tenable avec la production actuelle », souligne aussi M. Sabimbona. En de fait, la vingtaine d’œuvres présentées durant le ‘mini-Festicab’ datent toutes de 2010 : comment penser à une programmation annuelle (soit 52 films à projeter) s’il n’y a pas de pérennité dans la production ? Seul {Ninde ?} a tenu jusqu’ici (parce que financé par les fonds publics notamment…) Et plus on peut prévoir une programmation « longue » (semestrielle ou annuelle), plus il est facile d’élaborer un budget conséquent. Le public aussi Manifestement donc, le problème revient aux producteurs de films, qui doivent s’organiser en conséquence. L’Office Burundais des Droits d’Auteurs en devenir sera d’une utilité cruciale. Lors du dernier Festicab, Iwacu rappelait l’importance d’apporter le cinéma burundais vers le public. Avec les trois soirées dédiées au cinéma burundais, on aura constaté qu’il y a des centaines de personnes (et même des milliers, si la communication sur de tels événements s’amplifie) désireuses de le découvrir. Ils manquent juste d’écran… Grands ouverts, nos yeux attendent donc plusieurs soirées du cinéma des jeunes créateurs burundais !