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Militaires et policiers n’ont plus de viande dans leurs gamelles

05/05/2013 Commentaires fermés sur Militaires et policiers n’ont plus de viande dans leurs gamelles

Chaque mois, le Ministère des finances verse 120 millions de Fbu sur le compte de la police et sur celui de la Défense nationale. Ces 240 millions sont ainsi destinés à l’achat de viande pour les policiers et militaires. Or, ceux-ci n’en consomment que très rarement.

<doc7448|left>« Il y a chaque mois 120 millions de Fbu qui sont versés respectivement aux Ministères de la Défense nationale et celui de la Sécurité publique. Cet argent doit servir à acheter de la viande pour nourrir le personnel, mais allez demander dans les deux camps combien de fois ils mangent de la viande ? Très peu de fois !», s’insurge Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Economiques (Olucome). Par ailleurs, le président de l’Olucome ne comprend pas pourquoi l’argent est déposé sur les comptes de ces deux ministères. «  Normalement la procédure devrait être semblable à celle qui est effectuée à l’endroit de la Direction Générale des Affaires Pénitentielles (DGAP), où il y a d’abord passation des marchés. Laisser les deux ministères gérer eux-mêmes cet argent n’est pas logique», s’indigne encore M.Rufyiri.

Les militaires et policiers interrogés affirment en effet qu’ils mangent de la viande assez rarement. « Nous avons à peine un à deux repas contenant de la viande tous les deux mois. Souvent, nous passons cette période sans même en avoir », indique N.G, un policier qui loge dans l’un des camps de Muyinga (province du nord du Burundi). Et de se rappeler que durant les années 2005 et 2006, ils en consommaient une fois par semaine au moins. Pour lui, la viande ne devrait pas manquer dans la nourriture d’un militaire : « Puisque nous perdons beaucoup d’énergie. »

D’après lui, le riz mélangé aux haricots constitue la nourriture de presque tous les jours, parfois on y ajoute des légumes comme les choux. La solution est claire pour ce policier : « le ministère ferait bien de nous donner le droit de gérer ce budget réservé à la nourriture. Même avec 6 mille Fbu ça pourrait aller. »
Même regret chez les militaires. D.H., un militaire habitant un camp de Bujumbura, explique que lui et ses collègues peuvent passer deux semaines sans voir de viande dans leur assiette. « Or, d’après les règles, ça devrait être deux fois par semaine », se désole-t-il.

« Toute la quantité autorisée qui est octroyée »

A propos de la gestion des 120 millions de Fbu alloués à la police, Elie Bizindavyi, porte-parole du Ministère de la Sécurité publique, reconnaît ce montant et indique que son institution est dans la légalité. « Dans chaque commissariat de province, il y a un comité de réception des vivres, composé de toutes les catégories des policiers. La livraison des vivres passe par la passation des marchés. En ce qui concerne les factures, les fournisseurs doivent les amener à la direction du budget avec un procès-verbal du comité de réception approuvant la facture », explique-t-il. Par ailleurs le porte-parole précise que la direction de la police n’a pas connaissance d’éventuelles plaintes de policiers à ce sujet : « Nous faisons souvent des rencontres communément appelées causeries morales, mais jamais cette question n’a été évoquée. » Et de conclure que toutes les quantités autorisées et correspondantes au montant donné sont octroyées.

Côté militaire, Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée burundaise, souligne aussi que son ministère est dans son bon droit. Selon lui c’est environ 25 mille soldats rationnaires qui doivent partager les 120 millions de Fbu : « Donc, c’est 4800 Fbu/ mois et par militaire. Soit 160 Fbu/ jour et par individu. Vous comprenez que nos agents ne peuvent pas avoir de la viande tous les jours. » Tout en précisant que l’achat des vivres passent aussi par le marché ouvert, il rappelle que le prix du kg de viande continue à augmenter sur le marché. « S’ils avaient l’occasion d’en manger souvent par le passé quand le kg se vendait à 1000 Fbu, cela ne peut plus être le cas actuellement quand ce même kg coûte autour de 6000Fbu ! », mentionne-t-il.

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