Le club de la presse numéro est revenu sur le sujet lancinant du passage obligé de l’analogique au numérique à l’horizon 2015, un échéance que certains pays occidentaux, y compris des puissances technologiques avérées comme la France et la Belgique, ne seront pas en mesure de respecter, comme on l’a appris à un récent colloque international de Bujumbura sur l’évolution des technologies de l’information et la communication(TIC).
Le directeur de la radio Bonesha FRM, Patric Nduwimana, est de ceux qui ont pris une part active au colloque. Il ne lui a pas échappé que l’un des éminents conférenciers, le français Jacques Socin, a avoué que cette question « nous est imposée ».
Le même conférencier a estimé que quand vous répondez à quelque chose qui vous est imposé, il faut, dans ce cas, avoir des exigences envers les opérateurs.
La première exigence doit être la continuité du service public dans les médias en attendant le fameux passage au numérique.
Dans le cas de la France, Jacques Socin a dit qu’il y a des problèmes de plusieurs ordres et ce sont les patrons qui ont le plus de réticences par rapport à cette marche forcée vers le numérique. Tous les coûts vont être multipliés par deux. Il y a aussi des réticences au niveau du mouvement associatif. Les radios risquent de tomber en faillite, faute de moyens suffisants pour acheter des émetteurs. On est sur le même bateau, ici comme ailleurs. Toutes les questions, qui seront soulevées, vont surtout porter sur le refus d’arrêter le service public.
L’autre révélation choc du conférencier a été que tous les pays africains ont signé la décision de l’Union internationale des télécommunications (UIT) qui pilote le processus de la numérisation à l’échelle planétaire.
Quant à Eric Manirakiza, directeur de la radio publique africaine(RPA), qui rentre fraîchement de la Belgique, il confirme que ce pays n’est pas prêt : « Il y a eu un débat sur la régulation. Ils ont décidé de laisser tomber cette mutation. Mais, il y a un lobby qui veut faire écouler des équipements. » Le passage au numérique, signale-t-il, demanderait aux citoyens belges, au moins 15 ans, pour se doter des équipements. » Et d’ajouter : « Je parie qu’en 2015, on ne sera pas capable de passer à cette étape de diffusion. Moi, je ne suis pas pressé. » Il indique que même les belges disent que ce n’est pas important. « Pourquoi faire le suivisme pour satisfaire ces lobbies », s’interroge-t-il. Il a toutefois admis qu’il faut continuer à s’informer et à informer les gens.
