La police a présenté aux médias, ce jeudi 2 juin dans les locaux du Service national des renseignement (SNR), 6 présumés criminels. Ils sont accusés d’avoir commandité, exécuté ou participé dans l’assassinat, le 29 décembre 2021 à l’hôtel Porta Sion de Mutanga-nord en mairie de Bujumbura, dEugénie Ntakarutimana, une dame d’origine burundaise naturalisée belge.
Devant les caméras, deux présumés auteurs matériels du meurtre, Albert Nshimirimana et Fidel Ngendakumana, ont raconté comment ils s’y sont pris pour tuer et voler l’argent de Eugénie Ntakarutimana en vacances au Burundi.
« Un certain Dieudonné m’a contacté en disant qu’il avait un travail pour moi. Il m’a amené à l’hôtel Porta Sion et il m’a montré la dame », indique Albert Nshimirimana. Selon lui, il a recruté ensuite Fidel Ngendakumana.
« Le jour du crime, un s’est introduit dans la chambre de la dame et l’autre guettait la cible. Nous avons volé de l’argent et l’avons tué. » Toutefois, Albert Nshimirimana n’était pas sûr de la somme volée : « C’était 400 euros et 200 dollars. Pas de franc burundais ».
Et Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère chargé de la Sécurité publique demandera alors à Fidel de donner plus de détails : « Il y avait 500.000 BIF, 5 billets de 100 euros, 17 billets de 50 euros et 12 billets de 20 euros. Nous avons aussi volé son passeport que nous avons brulé par la suite ».
Comment l’avez-vous tué ? « On ne l’a pas tué comme tel. Elle s’est débattue et au cours de la bagarre, elle est tombée et sa tête a heurté le ciment. Nous avons pris l’argent. Nous l’avons ligoté et bâillonné pour qu’elle ne puisse pas crier quand elle reprendra conscience. Nous avons fermé la chambre à clé et nous sommes partis ».
Le fil de l’histoire selon la police
Selon Pierre Nkurikiye, porte-porte du ministère de la Sécurité publique, la victime est arrivée au Burundi le 12 décembre 2021 et elle a pris une chambre au Porta Sion pour un mois. « Le commanditaire du meurtre est un certain Emmanuel Girukwishaka alias Jado. Ce dernier a pris une chambre le 13 décembre. Il avait une copine qui travaillait à la réception de cet hôtel. Elle lui a fait visiter tout l’hôtel et lui a montré les identités des personnes qui logeaient dans cet hôtel. Ce qui a permis au commanditaire de bien planifier le crime ».
Dans un premier temps, d’après M. Nkurikiye, le présumé commanditaire a recruté 2 personnes. Il leur a donné 50.000 BIF pour commettre le forfait mais ils se sont désistés. Un est parmi les 6 personnes arrêtées, un autre est en cavale.
Le porte-porte du ministère de la Sécurité publique indique que Jado a encore cherché deux autres personnes dont Albert Nshimirimana. « Le coup a raté car la cible était rentrée très tôt que prévu. Enfin, Albert a recruté Fidel. Ils se connaissent depuis leur enfance. Ils ont pu entrer dans la chambre de la dame grâce à une clé que Jado leur avait donné ».
D’après la police, un des présumés exécutants s’est caché dans la douche de la chambre et l’autre suivait les mouvements de la victime. « Lorsque le guetteur a vu que la dame prenait congé de ses amis, il s’est précipité lui aussi dans la chambre de la victime. Quand cette dernière est entrée dans la chambre, ils se sont jetés sur elle. Après leur forfait aux environs de 22h, ils ont fermé à clé la chambre. Ils ont remis la clé au veilleur avec une somme de 20.000 BIF et ils se sont volatilisés ».
Pierre Nkurikiye fait savoir que ces auteurs matériels ont volé une somme de 1590€ et 500 mille BIF ainsi que le passeport de la victime qu’ils ont brûlé par après.
D’après le porte-parole du ministère de la Sécurité publique, 6 personnes avaient été arrêtées au mois de janvier et écrouées à la prison de Mpimba. « Après enquêtes, nous avons découvert que seules deux personnes ont réellement joué un rôle dans ce crime. Il s’agit de la réceptionniste et du veilleur. Les 4 autres ne sont pas impliquées d’après nos enquêtes. Nous pensons que la justice va en tenir compte et les libérer ».
Pierre Nkurikiye a tenu à féliciter les enquêteurs. « Certains avaient pensé qu’ils pouvaient même inviter des enquêteurs étrangers pour investiguer sur ce crime ».
Selon S.N, juriste, l’article 40 de la Constitution dispose que toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie par un jugement devenu sans recours. « La publicité ne peut être qu’une peine complémentaire prononcée par un tribunal qui analyse dans l’impartialité les preuves présentées par l’accusation. »
Pour lui, il n’est pas approprié que la police présente des gens comme étant des condamnés alors qu’ils sont encore innocents au regard de la loi. « Cette démarche influence les juges qui ne peuvent plus analyser le dossier en toute indépendance. Bien plus, cette publicité semble vouloir jeter la poudre aux yeux de l’opinion en faisant croire que l’impunité est combattue alors que ce n’est pas le cas. »
Paix à son ame.
Mais il faut que notre pays soit un Etat de droit. Ce qu’il n’est pas du tout.
L’etat de droit devrait etre un principe sacré
Face à l’émotion qu’a suscité ce crime, le commentaire plutôt politique que juridique de S.N. est totalement déplacé , voir indigne !
Merci Monsieur Nshimirimana.
ABRAHAM LINCOLN a dit:
« c’est en gardant le silence alors qu’ils devraient protester que les hommes deviennent des lâches ».
Celui qui a commandité l’assassinat combien ignoble de Madame NTAKIRUTIMANA Eugénie,( Epouse, Maman douce de TROIS ENFANTS, ancien PROFESSEUR à L’UNIVERSITE DU BURUNDI, une vraie GENIE); et bien ce monstre , je l’espère, sera un jour confronté à ce crime crapuleux. Car Abakurambere barayamaze bati: « NUWAKEBEREJE INABUKWE MU KUZIMU YARAMENYEKANYE… »
Le commentaire de SN est tellement politique qu’il avoue presque de soutenir l’impunité dans ce dossier précis. S’il avait voulu que son commentaire reste juridique, il aurait pu s’arrêter à la défense de la présomption d’innocence. La suite du commentaire le trahit.