Mardi 16 juillet 2024

Société

Mesure limitant l’espace de circulation des deux-roues et tricycles : l’administration peine à convaincre

03/03/2022 2
Mesure limitant l’espace de circulation des deux-roues et tricycles : l’administration peine à convaincre
« On s’attendait à l’assouplissement de la mesure »

Les administratifs des communes urbaines de Mukaza, Muha et Ntahangwa ont organisé dans l’après-midi de ce mercredi 2 mars des séances d’explication de la nouvelle mesure délimitant les zones autorisées pour les motos, les vélos et les tricycles.

Les raisons sécuritaires invoquées, avec des chiffres d’accidents de roulage causés par les motos, les vélos et les tricycles à l’appui, n’ont pas tout à fait convaincu les conducteurs de vélos-taxis, de mots-taxis et de tuk-tuk conviés à ces réunions.

Ces administrateurs des communes urbaines de Mukaza, Muha et Ntahangwa étaient accompagnés par des cadres de la police de ces entités ainsi que des officiers de la police spéciale de roulage.

« La ville s’agrandit, la population urbaine augmente et les embouteillages deviennent insupportables », a expliqué l’administrateur Rénovat Sindayihebura, de la commune de Mukaza dans les enceintes du Lycée Scheppers de Nyakabiga. Selon lui, la mesure a été prise dans le but de protéger la population et ses biens.

Sentant qu’il y a quelques réticences cette autorité n’a pas hésité à demander à ceux qui se voient dans l’impossibilité de respecter cette mesure limitant l’espace de circulation des deux-roues et tricycles de changer carrément de métier.
Parmi les intervenants, dans les enceintes du Lycée Scheppers de Nyakabiga, il y en a qui ont ouvertement rejeté la mesure arguant qu’elle n’est pas fondée, que le problème d’accidents invoqué sera déplacé vers le nouveau périmètre autorisé pour les deux-roues et les tricycles

« Puisque vous évoquez les accidents, est-ce que les populations vivant dans ces zones ne sont pas à protéger ? Il faut plutôt penser à d’autres mesures ».

Malgré le brouhaha mêlé de contestations, dans l’assistance, certaines voix se sont élevées pour saluer la mesure instaurant cette nouvelle zone de délimitation du périmètre autorisé pour les vélos-taxis, les mots-taxis et les tuk-tuk.
« Oui, il faut que la sécurité des citoyens soit assurée, il faut comprendre la mesure et nous adapter même si la vie risque de devenir encore plus chère puisque l’approvisionnement des marchés et différentes courses étaient assurés par ces vélos-taxis, ces mots-taxis et ces tuk-tuk. Les prix des denrées alimentaires et du charbon de bois vont augmenter ».

« Il faut de bonnes routes et une formation sur le code de la route »

Présent au Lycée Scheppers où se tenait cette réunion entre l’administration et les conducteurs de vélos-taxis, de mots-taxis et de tuk-tuk, le commissaire communal de Mukaza a mis en garde toute personne possédant une moto, un vélo ou un tuk-tuk dans la zone interdite pour les deux-roues et les tricycles : « Si par hasard, pendant la fouille perquisition, la police les retrouve dans la partie où ils sont bannis, ils seront saisis et confisqués, il faut les amener dans le périmètre autorisé ».

Dans la réunion organisée à l’intention des conducteurs et propriétaires de vélos, de motos et de tuk-tuk en commune urbaine, ces derniers ont dénoncé ce qu’ils ont qualifié de « mesure prise à la hâte ». Ils demandent que l’espace de circulation autorisé soit élargi. Ils recommandent des formations sur le code de la route.

Ils s’attendaient à une suspension de cette mesure mais leurs espoirs ont été vite déçus par les explications des cadres envoyés pour les convaincre. « Avec cette nouvelle délimitation, nous allons mourir de faim », ont-ils fait comprendre.
Dans la commune urbaine de Muha, les mêmes lamentations fusaient après les explications données par Mme Dévote Ndayisenga sur cette nouvelle mesure limitant l’espace de circulation des deux-roues et des tricycles. « Il vous faut obéir et respecter cette mesure prise par des gens que vous avez élus ».

Dans son argumentaire, elle n’a pas oublié d’implorer Dieu pour qu’il accorde aux conducteurs de vélos-taxis, de motos-taxis et de tuk-tuk, le courage, l’endurance et la patience. Mais une partie des gens venus l’écouter est sortie avant la fin de cette séance d’explication.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Gacece

    Si moi j’ai une voiture et que j’habite à l’extérieur de cette zone, le trajet jusqu’à l’entrée de la zone va être cauchemardesque. Il en va de même pour ceux qui sortent de la zone et qui vont entrer dans les nouvelles zones de traffic.

    On aurait pu aborder le problème d’une autre manière comme :

    – Exiger une assurance privée pour tout utilisateur de ces moyens de transport ;

    – Limiter le maximum de passagers à 1 seul (en plus du conducteur) pour les bicyclettes et les motos, et le nombre maximum de bagages à 1 seul, et au nombre de sièges pour les tricycles ;

    – Obliger les exploitants (seulement ceux qui le font à but lucratif) à détenir un permis d’exploitation, en plus du permis de conduire ;

    – Ceux qui le font pour leurs déplacements personnels devraient démontrer qu’ils utilisent leur moyen de transport à des fins personnelles : se rendre ou rentrer du boulot, sport, courses domestiques, visites familiales, etc. ;

    – Forcer tous les conducteurs à suivre des cours sur le code de la route et la sécurité routière, dans une école accréditée par le Gouvernement, et d’avoir une attestation le prouvant en tout temps ;

    – Prévoir d’interdir ou de bannir du type de moyen de transport et/ou de tout autre moyen transport, sauf à titre de passager, tout fautif… selon la gravité de son infraction ou après un certain nombre de récidives ;

    – Exiger que les conducteurs (tous, même les vélos) fassent une inspection mécanique annuelle de leur engin, chez un inspecteur gouvernemental ou accrédité par le gouvernement : ils doivent avoir ce certificat sur eux en tout temps, que l’engin leur appartienne ou pas ;

    – Augmenter les montants des frais des différents services et des amendes, de sorte que les coûts ne soient pas à la charge de l’État.

    Pour ce qui concerne les accidents, les gens font moins attention quand ils pensent qu’il n’y a aucun danger. Alors il se pourrait que cette mesure ait un effet négatif sur la qualité de conduite et les réflexes des chauffeurs de cette zone exclue. Cela ne m’étonnerait pas qu’ils soient ceux qui causeront le plus d’accidents une fois qu’ils auront à conduire dans les autres zones.

    La dissuasion est le meilleur moyen de prévention dans cette situation. Espérons qu’il s’agit d’une mesure temporaire en attendant d’adopter un nouveau texte légal ou d’adapter les textes existants.

  2. arsène

    « Il vous faut obéir et respecter cette mesure prise par des gens que vous avez élus ».

    Madame Ndayisenga veut-elle nous faire croire que nous avons élu le ministre de l’intérieur?

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