C’est ce lundi 21 mars que la nouvelle mesure délimitant l’espace interdit pour les motos, les vélos et les tricycles est entrée en vigeur. C’est après un délai de grâce de 10 jours accordé aux conducteurs de ces deux-roues et tricycles pour les faire enregistrer.
Au pont Muha sur l’Avenue du Large à la jonction des communes Muha et Mukaza, aucune moto ni encore moins de vélo habituellement stationné à cet endroit. La circulation était fluide, pas de vélos-taxis encore moins de motos-taxis slalomant entre les véhicules pour se frayer un passage.
A la place, plusieurs policiers dépêchés sur les lieux étaient venus s’assurer qu’aucun de ces deux-roues et tricycles n’aient accès à leur ancien parking. Des élèves et d’autres fonctionnaires étaient apparemment inquiets scrutant impatiemment l’arrivée d’un bus qui auraient encore quelques places.
Avant des élèves ou ces fonctionnaires, un peu pressés de regagner leur école ou leurs postes d’attache, prenaient, soit une moto ou s’engouffraient dans un tuk-tuk à quatre pour essayer d’être à l’heure.
La mesure de limitation de zone d’activité des motos, vélos et tricycles a été largement respectée. De Nyakabiga, Jabe, au marché dit Cotebu jusqu’au marché appelé ’’Kwa Siyoni’’, difficile de croiser ces deux-roues et tricycles, il n’y a que des colonnes de piétons.
Au marché dit « Kwa Siyoni », l’ancien parking des motos, vélos et tuk-tuk est vide. Des clients parlent du manque de moyens de transport pour leurs produits.
Faute de moyens de transport, plusieurs vendeuses de légumes sont obligées de limiter la quantité à acheter et pour pouvoir les porter sur la tête. Il y en a qui sont venues de Gasenyi, zone Gihosha, elles n’en reviennent pas. Elles affirment qu’elles ont dû acheter le tiers de ce qu’elles voulaient.
Alors que les moyens de transport font défaut au marché dit « Kwa Siyoni », plus d’une dizaine de bus de marque Toyota Coaster et des bus de type Toyota Hiace servant de transport en commun font la queue pour s’approvisionner en carburant à la station BUPP tout près de ce marché. « Cela aggrave la situation », se lamentent les usagers.
En face de la station Top One située au quartier de Kigobe, des commerçantes ont dû regrouper ensemble leurs marchandises pour minimiser les dépenses de transport par taxi. « Nous allons travailler à perte », se désolent-elles.
Cap vers le sud de la mairie de Bujumbura
Par crainte d’arriver en retard, les élèves et les étudiants habitant à Gasekebuye demandent qu’il y ait des bus fonctionnels à l’intérieur de ce quartier, car ceux en provenance de Musaga sont toujours saturés le matin.
A Kamesa, au nouveau parking des motos-taxis, des vélos-taxis et des tuk-tuk situé à l’endroit communément appelé Bonesha, les conducteurs de motos-taxis grognent : « Il est 7h30, et depuis 6h du matin nous n’avons pas encore trouvé de clients. Comment allons-nous trouver de quoi mettre sous la dent ? », se demandent conducteurs des deux-roues.
Les conducteurs de motos-taxis sont stationnés au même endroit et les policiers veillent à ce qu’ils ne franchissent pas la ligne rouge. Ils se regardent en chiens de faïence.
En zone Kanyosha, un conducteur de vélo-taxi rencontré se lamente : « Je n’ai gagné que 300 BIF depuis ce matin, si la situation persiste ainsi, on va tous devenir des voleurs. On ne mourra pas de faim ! »
Quelques arrestations
A Musaga, au sud de la mairie de Bujumbura, un conducteur de taxi-vélo a été arrêté à la deuxième avenue pour non-respect de la nouvelle mesure de délimitation de l’espace interdit aux deux-roues et tricycles. Son vélo a été embarqué par la police, il regardait impuissant ces policiers s’éloigner poussant son vélo.
Au niveau de la 12ème Avenue de la zone Kanyosha, un conducteur de moto a fait une tentative de passer en uniforme du parti au pouvoir. L’ordre lui a été intimé de faire demi-tour : « Mettez une plaque d’immatriculation du gouvernement avant, puis passer votre route ! », lui ont dit les policiers.
Cap vers le nord de la mairie de Bujumbura
Une dizaine de policiers étaient déployés dans la matinée de ce lundi sur la route menant vers la zone Cibitoke, communément appelé « Ku rya Kanyoni ». Seules les motos portant la plaque d’immatriculation du gouvernement pouvaient passer.
Les vendeuses de tomates qui se rendaient avec leurs marchandises au marché de Ngagara, étaient bloquées et hésitaient à prendre un taxi. Elles assurent que cette mesure se répercutera sur les prix de certaines denrées alimentaires.
A Kamenge sur la route pavée menant à l’église dite « Chez Buyengero », un distributeur de lait dans les quartiers du Nord attendait désespérément sous le soleil que les clients viennent pour acheter son lait.
Un père de deux enfants qui devaient quitter Cibitoke pour le Lycée du Saint-Esprit ne savait plus à quel saint se vouer : « Comment vont-ils arriver à 7h15 à l’école ? Où vais-je trouver les moyens pour les taxis ? »
Les conducteurs de ces deux-roues déplorent le manque de parking aux endroits où ils déposent leurs clients. Ils indiquent que la route devient étroite et que cela peut causer des accidents.
6h30. Arrêt bus de Gasenyi, zone de Gihosha. A cet endroit, habituellement il y avait un parking de vélos et motos. A cet instant, pas de vélos, ni de motos.
Quelques cinq policiers veillent à la sécurité. « Sheria ni sheria » (La loi c’est la loi) dit un passager qui attend le bus. A côté se trouve le petit marché de Gasenyi.
C’est un marché fait en grande partie de produits vivriers. Il est presque vide. Les commerçants s’approvisionnent normalement au marché dit ’’Kwa Siyoni’’ ou au marché dit ’’Cotebu’’. La plupart sont là stupéfaits. Certains étalent les produits de la veille non écoulés.
Entre temps, certains parents d’élèves désemparés ont été vus ce matin prendre un taxi pour leurs enfants afin de se rendre à l’école mais il était presque 8 heures.
Au marché de Gasenyi, plusieurs taxis déchargeant des produits vivriers ont été observés. Les transporteurs se précipitaient pour le décharger. « Je vais rehausser le prix », lâche une commerçante d’oignons à bord de ce taxi. Une des conséquences directes de cette mesure limitant l’espace de circulation des deux-roues et des tricycles.
Au niveau de Ntare House, la présidence de la République, sur la RN1, certains conducteurs de motos-taxis approchés évoquent le problème d’approvisionnement en carburant d’autant plus qu’ils n’ont plus accès à la ville.
Gilbert Niyonkuru, administrateur de la commune Isare appelle sa population au strict respect de la mesure. Il l’a dit au cours d’une réunion qu’il vient de tenir au parking situé tout près de Ntare House.
« Le coût du transport va augmenter. L’accès à la ville sera un casse-tête ». Inquiétudes exprimées par la population d’Isare dans une réunion avec l’administrateur de cette commune de la province Bujumbura.