Dans les pays meurtris par des crises répétitives, les propos ethnicisant sont monnaie courante. Les réseaux sociaux sont des canaux privilégiés. Eclairage de Rémy Havyarimana, coordinateur de la Maison Lueur d’Espoir œuvrant dans le domaine de la résolution pacifique des conflits.
« Les discours ethnicisants se transmettent dans les pays meurtris comme le Burundi par des crises répétitives. La population burundaise sort timidement de la longue crise. La guerre du point de vue pensée est encore vive, ce qui fait que toutes ces blessures qui n’ont pas été soignées restent vives et la réaction est toujours dangereuse car les gens s’expriment dans des termes très durs qui renferment de la haine », Rémy Havyarimana, coordinateur de la Maison Lueur d’Espoir œuvrant dans le domaine de la résolution pacifique des conflits.
Ces derniers veulent parfois, explique M. Havyarimana, se venger contre les membres de l’autre groupe ou montrer qu’ils n’ont pas d’humanité. « L’objectif est de faire souffrir les membres du groupe antagoniste, mais aussi de se venger de de ce qu’ils n’ont pas pu faire au moment de la crise. Comme ce n’est pas possible de l’atteindre physiquement, ils le font moralement. Ce message qui passe sur les réseaux sociaux va toucher même son entourage qui se rend compte du mal réel ou supposé qu’ils ont fait».
Remy Havyarimana prévient que si rien n’est fait le pays peut encore basculer dans les vengeances et la violence. « Ces messages de haine se concrétisent par des actes de violence. Des atrocités renaissent. Des morts, des deuils, des réfugiés. Finalement, c’est la remise à plat de l’économie du pays. La guerre commence dans les esprits. C’est de la pensée que naît la violence».
Dans la lutte contre ces discours, assure-t-il, les autorités ont une place privilégiée pour asseoir la réconciliation de tous les groupes sociaux qui sont des anciens belligérants. Il propose une politique volontariste du gouvernement pour s’attaquer aux méfaits des discours de haine et apaiser les esprits. « La confrontation armée a pris fin. C’est le résultat des efforts déployés par les autorités du pays. Mais la guerre au niveau des cœurs est toujours vive. La procédure doit être la même ».
Outre la nécessité de faire comprendre à la population qu’il faut vivre dans l’harmonie, les autorités doivent se prononcer et faire arrêter ces messages ethnicisants. «La population a trop souffert. Il faut que cette sale besogne cesse», conclut-il.