Par Antoine Kaburahe
La nouvelle nous est parvenue en milieu d’après-midi, claire et sans équivoque : « Très chère équipe, très chers administrateurs, nous avons l’immense tristesse de vous informer du décès de Christophe cet après-midi à l’hôpital Saint-Louis. » Certes, au Conseil d’Administration de Reporters Sans Frontières, nous savions Christophe malade, hospitalisé depuis deux mois à peine. Mais personne n’imaginait une issue aussi rapide et tragique. A 53 ans.
J’ai lu le mail, tétanisé. En quelques minutes, tous les combats de Christophe me sont revenus en mémoire. Le travail des journalistes est malmené presque partout dans le monde, et Christophe était sur tous les fronts. En tant que directeur de Reporters Sans Frontières, il était très sollicité, mais il possédait cette capacité rare de pouvoir accorder à chaque situation l’importance qu’elle méritait.
Le Burundi était une de ses préoccupations majeures. Je me souviens que lorsque l’accès au site internet du journal Iwacu a été bloqué au Burundi, il a déployé une énergie considérable pour que le site reste accessible via un dispositif internet ingénieux appelé « collateral freedom ». Chaque média confronté aux restrictions de la liberté de la presse en Afrique ou ailleurs a une histoire avec Christophe. Efficace, toujours sur la brèche, pressé, mais en même temps à l’écoute, il va vraiment nous manquer.
Cher Christophe, en ce triste moment, nos pensées vont à ton épouse, à ton fils et à tous tes proches, anéantis comme nous tous.
En hommage à ton combat, nous continuerons ton engagement. Et tu seras toujours avec nous. Comme disait quelqu’un, « je crois dans les forces de l’esprit ». Merci pour tout.
Antoine Kaburahe, journaliste, Membre du Conseil d’Administration de Reporters Sans Frontières