Comme il se doit pour tout événement, la twittosphère s’est emparée de la libération, le 24 décembre, des quatre journalistes du Groupe de Presse Iwacu emprisonnés à Bubanza depuis 430 jours pour ’’tentative impossible à la complicité d’atteinte à la sûreté intérieure de l ’Etat’’. C’est suite à une remise de peine par le chef de l’Exécutif burundais.
Un geste unanimement salué. Cette mesure permet aux quatre bénéficiaires de célébrer la fête de Noël et du Nouvel An en famille et avec des amis, dont les collègues. Un ouf de soulagement, la liberté retrouvée.
Mais des remarques et critiques malveillantes venues de communicants en quête de reconnaissance et autres trolls tentent de voler la vedette à cette joie de la liberté retrouvée : « Il faut être des journalistes patriotes, de bons citoyens », « Il ne faut plus aller fouiner là où il ne faut pas », « Ne vous mêlez plus de ce qui ne vous regarde pas », « Il ne faut pas rééditer les mêmes erreurs », «Il faut dire merci… »
Iwacu s’est exprimé sur tous les tons et dans toutes langues pour saluer le geste du Président. Mais un journaliste doit fouiner, recouper, vérifier, s’interroger, interroger, ne pas se contenter d’une seule déclaration. C’est en quelques mots notre rôle : informer. La population a le droit à l’information. Une presse libre est un des piliers de la démocratie.
Alors que cette libération augure des lendemains meilleurs pour la liberté de la presse au Burundi, concourt à l’amélioration des relations entre les médias et le Conseil national de la communication, qui devrait être leur rempart contre certaines incompréhensions, qui devrait encourager les journalistes à se poser des questions, à poser les questions et non les micros.
Et répétons-le : le journalisme, le vrai, n’est pas un crime, mais un travail de veille, de vigilance citoyenne. Le journaliste doit être là quand il y a abus de pouvoir, violation des droits, quand les malversations et la corruption sont en passe de passer pour des banalités, un mode de gouvernance.
Le journaliste, le vrai, doit être là quand le citoyen est désabusé, brutalisé, voit ses droits les plus élémentaires bafoués. Le journaliste doit être là pour la concorde sociale, pour l’unité, la défense et la promotion d’un Etat de droit, le respect des principes et des valeurs démocratiques.
Et nos 4 collègues ont passé 430 jours privés de tout ce travail à faire, de toutes les initiatives louables à vulgariser. Est-ce mauvais ou interdit dans une République ? J’ai envie de dire : «Honni soit qui mal y pense ».
Entre temps que 2021 ouvre une nouvelle ère de prospérité, de liberté de la presse, de libération d’autres Agnès, d’autres Térence, d’autres Christine, d’autres Egide.