Vous avez décidé de partir, de ne plus vous représenter en 2020. C’est vrai, pendant quelques mois il y’a eu comme un doute, un flottement, une hésitation. On me dit que je n’ai aucune raison de vous remercier, que vous n’avez fait que « respecter la Constitution ».
C’est vrai. Mais je vous dis merci quand même , car sur le continent nombreux parmi vos pairs ne respectent pas la Constitution. Telles d’horribles sangsues, ils s’accrochent, s’agrippent au pouvoir, jusqu’à s’ankyloser. Comme si le palais présidentiel était une propriété familiale. Une location à vie.
De nombreuses générations en Afrique ne connaissent qu’un président. Comme si l’alternance était interdite. Comme si diriger un pays était un don réservé à un privilégié élu des dieux.
Vous auriez pu traficoter la Constitution. En Afrique, la Loi fondamentale est souvent « élastique ». Des constitutionnalistes stipendiés par le contribuable auraient pu la tailler, l’adapter à un énième mandat, à votre convenance. Sûr qu’autour de vous des « forces vives » auraient salué une décision « courageuse et responsable pour que la Côte d’Ivoire ne sombre pas dans le chaos. » Les éléments de langage des communicateurs présidentiels sont bien rodés. C’est vrai, vous avez fait ce que vous deviez faire. Mais vous auriez pu faire ce qu’il ne faut pas faire.
Je vous dis donc merci de vous effacer, de permettre l’alternance. Vous savez, par les temps qui courent, j’ai même envie de vous pardonner votre hésitation.
Bon vent, Monsieur Ouattara et… Merci encore !